Lamya a animé une conférence dans la salle des mariages de Gennevilliers, ville où elle a grandi dans les années 1980 et 1990. « J’ai vécu dans la Cité Rouge. On habitait la plus haute tour, celle de 18 étages… », confie-t-elle au Parisien. « Pour moi, Gennevilliers, c’était la France, je n’ai pas beaucoup bougé. Je n’en sortais que pour aller l’été dans ma famille, au Maroc, ou en colonie de vacances, celle de la ville, à Granville », ajoute-t-elle. Les parents de Lamya ont divorcé, alors qu’elle était enfant. Elle a fait son école primaire dans les écoles des Grésillons, avant d’entrer au collège Édouard-Vailland puis au lycée Galilée. « Je garde de bons et de mauvais souvenirs de cette période. Il y avait davantage de béton, davantage de drogue aussi. La Cité Rouge était un haut-lieu du trafic. C’était dur, très dur », poursuit-elle.
Aujourd’hui âgée de 46 ans, Lamya avait dû se forger un fort caractère pour se protéger en tant qu’adolescente dans cette cité qu’elle décrit comme « glauque ». « Mon père était parti et je n’avais pas de grand frère pour me protéger. Tout cela a forgé mon caractère, j’ai grandi à la dure », assure-t-elle. Pourtant brillante à l’école, elle se fait traiter de « chouchou » ou « fayote ». « Entre avoir des bonnes notes ou avoir des amis, j’ai choisi les amis. Mes notes ont logiquement chuté », détaille Lamya. Dans la foulée, elle découvre sa passion pour la nature et les animaux en particulier. Alors en classe de 5ᵉ, elle signe une pétition contre les mauvais traitements infligés aux ânes en Espagne à l’occasion de fêtes traditionnelles. Ainsi commença son combat pour la préservation de l’environnement et du vivant.
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Lors de sa conférence à la mairie de Gennevilliers, elle reconnait l’une de ses anciennes maitresses d’école. « J’étais son institutrice de CE2 et je me rappelle bien d’elle. Elle était brillante, déjà hyper déterminée et amoureuse des animaux. Elle s’occupait du moindre pigeon blessé », témoigne Martine. Et Lamya de renchérir : « Enfant, j’étais la Brigitte Bardot de service ». Après son baccalauréat ES et une brève expérience dans le monde de la publicité aux États-Unis, puis quelques jobs alimentaires en France, elle décide de poursuivre ses études. Celle qui voulait « travailler avec les animaux et la nature » obtient ainsi son master 2 en Sciences de l’environnement à la faculté d’Orsay (Essonne) en 2000, année où elle quitte définitivement Gennevilliers.
En janvier 2005, elle croise le chemin de Paul Watson à la faveur d’une conférence qu’il avait animée à Paris. Avec le fondateur de Sea Shepherd, Lamya trouve sa voie. « Il mettait en mots ce que je ressentais depuis toujours, il joint l’acte à la parole. Sa philosophie met la vie au centre de tout. Avec lui, on est dans l’action, on est au-delà des signatures des pétitions à la sortie du métro », explique-t-elle. Une année plus tard, elle crée Sea Shepherd France dont elle devient la présidente en 2008. Après l’éviction de Watson par le conseil d’administration de Sea Shepherd Global en 2022, Lamya et quelques autres décident de le suivre. C’est ce parcours édifiant que la Marocaine a présenté mardi devant une assistance conquise.