« En août, cela fera deux ans que j’ai déménagé au Luxembourg pour mon doctorat en histoire numérique », raconte Ferdaous Affan dans une interview accordée à Paperjam. Avant d’arriver au Luxembourg, elle confie qu’elle a travaillé comme chargé de communication à l’Agence de presse marocaine au Maroc, travaillé au Musée Yves Saint-Laurent à Marrakech en tant qu’assistante bibliothécaire. Elle est nantie d’un diplôme d’ingénieur en gestion des données et des connaissances. « Avant cela, j’ai fait deux ans de classes préparatoires en commerce et finance, mais je me suis ensuite orientée vers l’école des sciences de l’information de Rabat, où je me suis spécialisée en records management et archives ainsi qu’en data science et knowledge management. Et aussi la bibliothéconomie ».
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Une offre intéressante ouvre les portes du Luxembourg à Ferdaous. « Je préfère les sciences humaines numériques. J’ai donc eu un avant-goût de ce qu’est un doctorat, mais je voulais le faire à temps plein. Au Maroc, il n’y a pas de financement pour un doctorat ; vous devez le financer vous-même. Mais je voulais consacrer mon temps uniquement à mon doctorat, alors j’ai commencé à chercher en ligne. J’ai cherché dans les pays francophones : Belgique, France et – en l’occurrence – Luxembourg. Et je suis tombée sur une offre très intéressante du C2DH, qui lançait une nouvelle unité de formation doctorale appelée Deep Data Science of Digital History (D4H) », raconte-t-elle.
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Elle explique qu’il y avait sept postes de doctorants, tous liés à l’histoire numérique. « J’ai trouvé le projet très, très intéressant. Il correspondait à ce que je faisais dans mes études, mais aussi dans mon travail. J’ai posé ma candidature et j’ai été acceptée ». Aujourd’hui, elle est très heureuse de poursuivre ses études au Luxembourg. Elle est d’ailleurs tombée sous le charme de ce pays européen. « J’ai été frappée par la différence entre Bruxelles et le Luxembourg. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. J’avais passé un certain temps à Bruxelles, car j’y ai de la famille. Mais même l’air était différent ! À Luxembourg, j’ai été émerveillée par l’architecture de la Ville Haute et de la Ville Basse. »
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Elle ajoute : « Ensuite, j’ai pris le train pour Belval afin de rencontrer mon superviseur, et le contraste était saisissant. J’avais l’impression d’être dans une ville steampunk, à la fois industrielle et développée. C’est futuriste. Les hauts-fourneaux, mais aussi les couleurs, le bâtiment rouge qui sort de nulle part ! C’était une grande différence. Je pensais que Belval serait une autre ville avec une architecture ancienne. C’est bien. On s’y habitue. C’est un endroit agréable à vivre. » À la question de savoir si elle a eu un choc culturel, Ferdaous répond par la négative. « Je ne peux pas dire que j’ai eu un choc culturel, parce que le Luxembourg est un pays tellement multiculturel. Il y a tellement de gens de différentes nationalités. C’est quelque chose que j’ai expérimenté ici au C2DH parmi mes collègues doctorants… ils viennent d’Allemagne, de Suisse, d’Ukraine, des États-Unis, de Chine. Tous les pays sont différents.
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Elle poursuit : « […] J’ai changé de ville au Maroc, j’ai beaucoup visité l’Europe, j’ai de la famille qui vit en Belgique, et je m’attendais à ressentir un choc culturel en changeant de pays… mais tout s’est passé en douceur. J’apprécie vraiment ma vie ici. C’est un pays tranquille, comme je l’aime. » Ce qu’elle apprécie le plus dans ce pays, c’est son ouverture aux personnes venant de cultures et de pays différents. « Je n’ai vraiment pas l’impression d’être une étrangère ici. Et mes collègues luxembourgeois sont les personnes les plus gentilles avec lesquelles on puisse travailler. Ils sont très serviables. C’est l’une des choses que j’aime le plus : les gens ici sont généralement accueillants et prêts à aider. »
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Le souhait de Ferdaous est de rester au Luxembourg. « […] J’aimerais continuer à travailler dans le milieu universitaire, mais je ne suis pas opposée à l’idée de travailler, par exemple, dans un musée, une bibliothèque, des archives, etc. Mais j’aimerais rester ici. Je pense que la vie au Luxembourg est très, très bonne… mais cela dépendra des opportunités ! »