ghaouti : « Langlais nous a roulés »

19 août 2004 - 14h42 - Maroc - Ecrit par :

Ksioua ghaouti, secrétaire général adjoint à l’Association de la défense des intérêts des victimes de la gérance de la SCIME, explique les tenants et aboutissants d’un dossier qui dure depuis plus d’un quart de siècle. Il exhorte les autorités marocaines à rendre justice aux personnes lésées.

Comment a commencé cette affaire qui dure depuis vingt ans ?
Ksioua Ghaouti : Plus de vingt ans ! Le bureau a été ouvert par Alfred Langlais en 1979. Ce Français, natif de Caen, a séduit de nombreux immigrés marocains par un discours humain et sa force de persuasion.
Il était intarissable sur les bienfaits qui viendraient de la coopérative où il n’y aurait pas de hiérarchie. Il s’agissait de créer une association à but non lucratif dont il serait seulement le gérant.
Le but consistait à payer des cotisations afin de disposer d’un appartement au Maroc. 1.200 personnes ont été séduites par la formule et ont payé pour la plupart des sommes allant de 20.000 à 30.000 francs. A l’époque, c’était beaucoup d’argents. Presque toutes les économies de ces gens.

Qu’est-il arrivé ensuite ?
M. Langlais nous avait promis que nous aurions nos appartements, clefs en mains, dans les deux ans. Or, il s’est avéré qu’il nous menait en bateau.
En 1982, il a transféré les bureaux de son association de Paris à Casablanca. C’était, disait-il, pour être plus près du terrain et de presser les autorités locales afin d’accélérer la procédure d’obtention des permis de construire.
Ensuite, il nous a expliqué qu’il attendait la création d’une agence urbaine et qu’il ne pouvait pas débuter les travaux de construction avant que le nouveau schéma directeur de Casa ne soit établi par ladite agence.
Et d’autres expédients… Mais nous avons fini par perdre patience.

Qu’avez-vous fait alors ?
En 1985, les adhérents de l’association ont intenté un procès contre M. Langlais. Ils l’ont gagné. Mais M. Langlais a fait appel et entre temps, il a changé de politique. Il a semé la zizanie au sein des rangs des adhérents.
Il a convoqué certains à part et leur a donné des lots à Aïn Sebaâ. Il leur a donné aussi un peu d’argent pour construire. Mais ces personnes n’ont toujours pas de titres fonciers.

Aujourd’hui, combien de personnes n’ont encore eu de lots ?
350 personnes, et ces gens ne savent plus malheureusement à qui s’adresser. Alfred Langlais a quitté le Maroc en 1999. Il a envoyé une lettre légalisée pour que les 350 personnes reçoivent des lots dans un terrain de 4 hectares à Aïn Chock. Il a aussi laissé un chèque de 3 millions de dirhams, mais sans provision. Nous avons intenté plusieurs procès au Maroc, mais en vain.

Pourquoi ?
Le procureur nous a expliqué que le chèque sans provision n’est pas considéré comme un crime pour que la justice engage une demande d’extradition de l’intéressé.

Pourquoi ne pas le poursuivre, encore une fois, en France ?
Parce que le statut de la société a été déposé au Maroc.
Le dossier relève, par conséquent, de la compétence des autorités marocaines. Nous avons frappé à plusieurs portes, dont le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger. Mais rien n’a été fait pour mettre un terme à notre course qui dure depuis près d’un quart de siècle.
Qu’attendez-vous des autorités marocaines ?
Qu’elles nous aident. Que l’on sente que nous ne sommes pas abandonnés. Il faut savoir que parmi les personnes qui ont cotisé dans ce programme, certaines sont aujourd’hui décédées.
A présent, ce sont leurs enfants qui cherchent à avoir une maison dans leur pays. C’est important. Nous sommes très affectés.
Nous avons vieilli, nos cheveux sont devenus gris, nos muscles répondent au ralenti.
Nous espérons ne pas mourir sans voir le rêve que l’on a nourri dans les années soixante-dix, enfin, se concrétiser.

Aziz DAKI - Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Corruption - Immigration - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Les adieux interdits dans les aéroports marocains

Au Maroc, il n’est toujours pas possible de dire au revoir à un proche, à un Marocain résidant à l’étranger (MRE) ou à un voyageur à l’intérieur de la salle d’embarquement de l’aéroport. Une mesure à laquelle les familles marocaines s’opposent.

Détaxe au Maroc : ce que les touristes et MRE peuvent récupérer

Les personnes physiques non résidentes en court séjour au Maroc peuvent, sous certaines conditions, bénéficier de la restitution de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les biens achetés à l’intérieur du pays. Ce mécanisme, souvent désigné sous le...

Retenue à la source sur loyers : ce que les MRE doivent savoir

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) percevant des revenus fonciers issus de biens immobiliers situés au Maroc sont soumis à l’impôt sur le revenu. Un élément central de ce régime fiscal, la retenue à la source sur les loyers, doit être...

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.

Un projet du roi Mohammed VI concernant les MRE en souffrance

Annoncée en novembre 2024 par le roi Mohammed VI lors de la commémoration de la 49e Marche verte, la création de la Fondation Mohammedia pour les Marocains résidant à l’étranger peine à devenir réalité alors que les problèmes administratifs auxquels...

Ces familles de Casablanca refusent de déménager

À Casablanca, le recasement du douar Bouih situé dans le quartier Aïn Sebaâ passe mal auprès des résidents du bidonville. Ils dénoncent des « manœuvres douteuses » dans le cadre du projet immobilier censé les reloger avant la démolition de leurs...

Gard : double meurtre, la perpétuité pour Mohammed Ouhaddou

La Cour d’Assises du Gard a reconnu Mohammed Ouhaddou, un maçon marocain de 38 ans coupable des meurtres de sa femme (26 ans) et de sa belle-sœur (39 ans) le 5 mai 2023 à Salles-du-Gardon près d’Alès dans le Gard.

Aide au logement : un véritable flop dans le Nord du Maroc ?

Le nombre de bénéficiaires du programme d’aide directe au logement a atteint 16 300 à la date du 2 juillet, a récemment annoncé Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville,...