Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.
Sauf rebondissement de dernière minute, le gouvernement de Abbas El Fassi ne sera constitué qu’après Aïd Al Fitr. L’ouverture de la session d’automne du Parlement par le Souverain se fera donc sans le prochain exécutif. Ainsi, le Premier ministre désigné n’aura pas pu réaliser son ambition de régler cette affaire avant ce vendredi 12 octobre qui marque la véritable rentrée politique. Ce n’est que partie remise, dit-on du côté de l’Istiqlal, qui relativise ce premier couac de son patron en rappelant les délais de Abderrahmane Youssoufi (42 jours) et Driss Jettou (30 jours) pour former leur gouvernement.
Est-ce le blocage ?
Le parti de Abbas El Fassi affirme le contraire. Il rassure, via sa presse, sur la continuité des négociations avec ses partenaires de la coalition sortante. L’USFP, toujours par presse interposée, pose ses conditions : des ministères de poids et la présidence de la Chambre des représentants. C’est une façon de monter les enchères pour obtenir le plus, pensait-on.
Cependant, les choses semblent plus sérieuses. La sérénité de l’Istiqlal ne peut dissimuler une profonde déception dans ses rangs. Officiellement, on lui trouve les circonstances atténuantes. Il faudra laisser plus de temps à l’USFP pour se remettre de son échec aux élections et mettre de l’ordre chez elle. Rapprocher les adversaires et les partisans de la participation au gouvernement, même si le conseil national avait délégué la gestion de cette affaire au bureau politique, n’est pas chose facile, reconnaît-on du côté de l’Istiqlal. Le profil des ministres de l’USFP n’a pas été non plus tranché définitivement. Faut-il une nouvelle équipe, jeune et dynamique ou reconduire les sortants ? Le parti de Mohamed El Yazghi est dans une phase très critique. Du premier parti, l’USFP s’est retrouvée en 5e position et n’a pas encore assimilé la secousse du 7 septembre dernier. Certains de ses militants, connus pour leur proximité avec le premier secrétaire, viennent de publier sur les colonnes de l’Ittihad Al Ichtiraki un appel pour la rénovation du parti. Selon les dernières nouvelles, Mohamed El Yazghi devait les rencontrer.
Carte maîtresse
En tout cas, si rien n’est bouclé d’ici jeudi, c’est l’élection de la présidence de la Chambre des représentants qui fera la balance. Cette étape clarifiera la situation d’une manière décisive pour la constitution du nouveau gouvernement. C’est une carte maîtresse dont dispose Abbas El Fassi pour façonner sa coalition comme il le souhaite. En d’autres termes, l’élection au perchoir permettra de dégager une nouvelle majorité homogène. Ainsi, avec les derniers ralliements, le MP dispose de 62 sièges et le RNI de 42. L’Istiqlal (52) aura la majorité à la Chambre des représentants si l’UC le rejoint avec ses 27 députés. Dans cette hypothèse, le Premier ministre désigné aura 183 sièges (alors qu’il faudrait à peine 163 pour gouverner) avec une coalition de seulement quatre partis.
Cette hypothèse présente l’avantage de clarifier la carte politique pour la formation de grands blocs : la droite, la gauche et les islamistes. Et à l’avenir, on ne perdra plus de temps pour la formation du gouvernement. Dans cette configuration, l’opposition sera occupée par le PJD et les différents partis de gauche conduits par l’USFP. Le parti de Mohamed El Yazghi sera le mieux qualifié pour rassembler la gauche. En effet, plusieurs petits partis sont issus de ses rangs. C’est le cas notamment du PADS de Ahmed Benjelloun, du Parti travailliste de Abdelkrim Benatik, du Parti socialiste de Abdelmajid Bouzoubaâ et du Congrès national ittihadi de Abdeslam Elaziz. Avec un pareil échiquier, la vie politique sera à coup sûr bien animée.
L’Economiste - M.C.
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