Grosses difficultés pour le secteur du bâtiment marocain

7 mai 2025 - 23h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Alors que le Maroc investit 90 milliards de dirhams (près de 9 milliards de dollars) dans la construction et la rénovation de routes, d’aéroports, de lignes ferroviaires, de stations de dessalement et de stades cette année – soit une hausse de 40 % par rapport à l’exercice précédent – dans le cadre des préparatifs de la coupe du monde qu’il co-organisera aux côtés de l’Espagne et du Portugal, le secteur du bâtiment est confronté à d’énormes difficultés.

« Nous faisons face à une rareté préoccupante de profils spécialisés du fait de l’ouverture simultanée de projets d’ampleur qui requièrent une mobilisation massive et rapide », déclare Mohammed Mahboub, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), interrogé par la plate-forme saoudienne Asharq. Ce déséquilibre manifeste entre l’offre et la demande de compétences n’est pas sans conséquence : cela a entraîné une surenchère salariale. De quoi compromettre les marges bénéficiaires des entreprises, en particulier les structures de taille moyenne et modeste, peu armées pour résister à cette inflation des coûts.

À lire :Maroc : la construction se porte bien, mais...

Le secteur du bâtiment emploie aujourd’hui quelque 1,2 million de personnes au Maroc. Elles sont réparties entre plus de 7 000 entreprises titulaires d’un agrément. Celles-ci dépendent étroitement des marchés publics, qui représentent en moyenne deux tiers des investissements réalisés dans le pays entre 2018 et 2024. Jusque-là, l’initiative privée n’a pu se substituer à l’État comme principal donneur d’ordre. Les marges de manœuvre demeurent ainsi étroites. En 2022, les autorités ont décidé de modifier cette dépendance structurelle en adoptant une charte de l’investissement. Celle-ci accorde aux opérateurs privés des incitations fiscales et financières substantielles. L’objectif de cette réforme, c’est de ramener la part du secteur privé à deux tiers des investissements nationaux d’ici 2035.

À lire :Grandes stades, autoroutes, TGV : le Maroc bûche sur ses infrastructures pour 2030

Selon une estimation de la cellule de recherche Attijari Global Research, rattachée au premier groupe bancaire marocain, Attijariwafa bank, une enveloppe colossale de 170 milliards de dollars de projets « devrait irriguer l’économie marocaine d’ici à la fin de la décennie ». En parallèle, les pouvoirs publics entendent élargir considérablement les programmes de formation professionnelle. Le nombre de bénéficiaires annuels dans les filières en tension devrait passer de 30 000 à 100 000. Cette politique « repose sur un financement assuré par une taxe de 1,6 % prélevée sur la masse salariale des entreprises », apprend Barlamane.

À lire :BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Pour Mahboub, cette stratégie ne permettra pas de surmonter immédiatement la pénurie de main-d’œuvre. « Le renforcement des compétences requiert un temps long, or les chantiers en cours nécessitent une réponse immédiate » prévient-il, plaidant pour une mobilisation rapide des ressources disponibles et une rationalisation des appels d’offres.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : BTP - Investissement - Coupe du monde 2030 - Espagne - Portugal

Aller plus loin

Maroc : la construction se porte bien, mais...

Au Maroc, la construction connaît une embellie qui n’est pas près de s’arrêter. Les perspectives sont certes globalement positives, mais le secteur reste confronté à des défis...

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par...

Grandes stades, autoroutes, TGV : le Maroc bûche sur ses infrastructures pour 2030

Dans la perspective d’organiser la Coupe du monde de football en 2030, aux côtés de l’Espagne, du Portugal, le Maroc s’active pour le développement de ses infrastructures.

Ces articles devraient vous intéresser :

Autoroutes du Maroc : retards et dysfonctionnements inquiètent

Le retard observé dans la réalisation de certains projets d’autoroutes inquiète le parlement marocain qui a interpellé le premier responsable de la Société nationale des autoroutes pour avoir des explications sur cette situation.

MRE : des milliards qui boostent les banques, mais pas l’économie

Malgré leur hausse continue, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne contribuent pas à la croissance économique du Maroc, révèle un récent rapport gouvernemental, notant que la part de ces fonds dédiée à l’investissement reste...

Bientôt une plateforme pour aider les MRE à investir au Maroc

Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, encourage les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à davantage investir au Maroc, soulignant la nécessité pour le royaume...

Immobilier au Maroc : attention à la TVA

Une nouvelle circulaire a été adressée aux conservateurs de la propriété foncière au sujet du paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) relative aux biens d’investissement.

Orange Maroc : A fond dans la 5G et la fibre

Le groupe Orange ambitionne de renforcer ses investissements au Maroc où il emploie déjà quelque 3 500 personnes. Le géant français des télécoms place le royaume au cœur de sa stratégie d’expansion en Afrique et au Moyen-Orient.

Les transferts des MRE mal utilisés ?

Les transferts de fonds des Marocains de la diaspora contribuent à la stabilité macroéconomique du Maroc, relève une récente note d’orientation publiée par le Bureau sous-régional pour l’Afrique du Nord de la Commission économique des Nations Unies...

Le Maroc accélère les chantiers d’infrastructures, d’hôtellerie et de transport

Le Maroc accélère la mise en œuvre de projets de construction d’infrastructures sportives, hôtelières et de transport dans la perspective de la Coupe du monde 2030 qu’il organise conjointement avec l’Espagne et le Portugal. Une manne pour les...

Maroc : 25 000 chambres d’hôtel modernisées

Interpellée par le groupe Haraki, sur le renforcement des infrastructures hôtelières, Fatima Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat, de l’Économie sociale et solidaire, a dévoilé un programme ambitieux visant à accélérer l’amélioration de...

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par rapport à l’année précédente, atteignant un montant de 64 milliards de...