
Maroc : la construction se porte bien, mais...
Au Maroc, la construction connaît une embellie qui n’est pas près de s’arrêter. Les perspectives sont certes globalement positives, mais le secteur reste confronté à des défis...
Alors que le Maroc investit 90 milliards de dirhams (près de 9 milliards de dollars) dans la construction et la rénovation de routes, d’aéroports, de lignes ferroviaires, de stations de dessalement et de stades cette année – soit une hausse de 40 % par rapport à l’exercice précédent – dans le cadre des préparatifs de la coupe du monde qu’il co-organisera aux côtés de l’Espagne et du Portugal, le secteur du bâtiment est confronté à d’énormes difficultés.
« Nous faisons face à une rareté préoccupante de profils spécialisés du fait de l’ouverture simultanée de projets d’ampleur qui requièrent une mobilisation massive et rapide », déclare Mohammed Mahboub, président de la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), interrogé par la plate-forme saoudienne Asharq. Ce déséquilibre manifeste entre l’offre et la demande de compétences n’est pas sans conséquence : cela a entraîné une surenchère salariale. De quoi compromettre les marges bénéficiaires des entreprises, en particulier les structures de taille moyenne et modeste, peu armées pour résister à cette inflation des coûts.
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Le secteur du bâtiment emploie aujourd’hui quelque 1,2 million de personnes au Maroc. Elles sont réparties entre plus de 7 000 entreprises titulaires d’un agrément. Celles-ci dépendent étroitement des marchés publics, qui représentent en moyenne deux tiers des investissements réalisés dans le pays entre 2018 et 2024. Jusque-là, l’initiative privée n’a pu se substituer à l’État comme principal donneur d’ordre. Les marges de manœuvre demeurent ainsi étroites. En 2022, les autorités ont décidé de modifier cette dépendance structurelle en adoptant une charte de l’investissement. Celle-ci accorde aux opérateurs privés des incitations fiscales et financières substantielles. L’objectif de cette réforme, c’est de ramener la part du secteur privé à deux tiers des investissements nationaux d’ici 2035.
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Selon une estimation de la cellule de recherche Attijari Global Research, rattachée au premier groupe bancaire marocain, Attijariwafa bank, une enveloppe colossale de 170 milliards de dollars de projets « devrait irriguer l’économie marocaine d’ici à la fin de la décennie ». En parallèle, les pouvoirs publics entendent élargir considérablement les programmes de formation professionnelle. Le nombre de bénéficiaires annuels dans les filières en tension devrait passer de 30 000 à 100 000. Cette politique « repose sur un financement assuré par une taxe de 1,6 % prélevée sur la masse salariale des entreprises », apprend Barlamane.
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Pour Mahboub, cette stratégie ne permettra pas de surmonter immédiatement la pénurie de main-d’œuvre. « Le renforcement des compétences requiert un temps long, or les chantiers en cours nécessitent une réponse immédiate » prévient-il, plaidant pour une mobilisation rapide des ressources disponibles et une rationalisation des appels d’offres.
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