Le 7 janvier 2024, Ayoub est secouru seul, à bout de forces, à 16 kilomètres au sud-est de Fuerteventura. Son récit, aussi incroyable qu’il puisse paraître, est confirmé par les vidéos retrouvées sur son téléphone portable.
Ayoub, pêcheur à Dakhla, avait vu sa situation économique se dégrader. L’espoir d’une vie meilleure l’a poussé à tenter sa chance en Europe.
Après une première tentative avortée depuis Tanger, il décide, avec son ami Mohcine, de rejoindre les Canaries. Ils étudient les prévisions météorologiques, préparent leur équipement et se lancent dans l’aventure fin décembre, indique El Debate.
Le voyage tourne rapidement au cauchemar. Après 46 kilomètres, la marée les repousse de 10 kilomètres. Épuisés, ils affrontent la faim, la soif, le soleil brûlant et le froid glacial de la nuit. La peur s’installe, amplifiée, dit-il, par la présence d’animaux marins menaçants.
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« Les deux derniers jours, nous n’avions plus ni nourriture ni eau », raconte Ayoub. Mohcine, affaibli, commence à délirer. Ayoub tente de le maintenir en vie, mais en vain. « Il est mort dans mes bras et j’ai dû le lâcher », confie-t-il avec douleur.
Seul et désespéré, il continue d’avancer. Alors qu’il est à bout de forces, il est repéré par la Salvamar Ízar, un bateau de sauvetage en route pour secourir une embarcation.
« Je n’avais plus la force de continuer, même si je voyais Fuerteventura au loin », avoue Ayoub, soulagé d’être enfin secouru.
Après un séjour dans un centre d’accueil à Fuerteventura, puis à Murcie, Ayoub se retrouve seul face à une vie d’incertitude. Il enchaîne les petits boulots en Espagne, puis en Italie, toujours confronté aux difficultés de l’immigration clandestine.
« Quand on est un immigrant en situation irrégulière, la vie est beaucoup plus compliquée », constate-t-il.
Marqué par la mort tragique de son ami, Ayoub aspire à « mener une vie normale, d’avoir une maison digne et un travail ».
Quand on lui demande s’il referait ce voyage, la réponse est sans appel : « Jamais. »