Indicateurs sociaux : Le Maroc, avant-dernier de la classe

12 août 2003 - 13h56 - Maroc - Ecrit par :

· En vingt ans, la Santé et l’Education se sont détériorées

· Le Maroc fait grise mine par rapport à ses concurrents

· La compétitivité économique s’en ressent

La compétitivité d’un pays ne se mesure pas uniquement par l’évolution de ses parts de marché. Elle se joue aussi au niveau des performances des indicateurs sociaux. Est-ce un hasard si le Maroc perd des points sur les deux tableaux depuis près de deux décennies ?
Depuis le plan d’ajustement structurel, vingt ans se sont écoulés. Les décideurs politiques n’ont eu de cesse de présenter la Santé comme un secteur prioritaire. Mais aucun des gouvernements qui se sont succédé, n’a corroboré ses déclarations par une stratégie globale pour rattraper le retard et optimiser les ressources employées. Résultat : près d’un demi-siècle après son indépendance, le Maroc n’a toujours pas réussi à améliorer le taux d’accès des populations les plus démunies aux infrastructures sanitaires de base et encore moins à améliorer la qualité des services de santé.
Au contraire, les quelques progrès enregistrés sont plutôt limités. Plus grave encore, le secteur de la Santé n’arrive pas à suivre le rythme de croissance démographique. Et pour cause, celui-ci est l’un des plus élevés de l’échantillon des pays émergents retenus dans les rapports de développement humain du PNUD(1). Outre le Maroc, ce groupe de pays est constitué du Chili, la Corée, l’Indonésie, l’Irlande, la Malaisie, le Mexique, la Pologne, le Portugal et la Turquie.
Sans surprise, le Maroc présente des performances plutôt médiocres. Le taux d’accroissement de la population figure parmi les plus élevés, 2,2%, juste après la Malaisie qui arrive en tête avec 2,4%. "Ce qui implique une population jeune et une faible proportion de personnes âgées de 65 ans et plus", expliquent les analystes de la direction de la Prévision économique générale (DPEG) dans une étude comparative des indicateurs sociaux.
La prédominance d’une population jeune confirme le semi-échec de la politique de limitation du rythme des naissances. Sur cet aspect, le Maroc continue de battre de tristes records. Il est classé premier, devançant cette fois la Malaisie. L’indice synthétique de fécondité y est à 3,4 enfants par femme contre 3,3 enfants en Malaisie. L’on est loin des 1,5 enfant par femme du Portugal.
Cela s’en ressent au niveau de l’encadrement médical. Ainsi, le nombre d’habitants par médecin au Maroc caracole à 2.174, en deuxième position après l’Indonésie avec 6.250 habitants par médecin. A comparer avec les 424 habitants par médecin de la Pologne. Même contre-performance pour le ratio dépenses de santé publique par rapport au PIB. Le Maroc affiche un taux de 1,2% contre 4,7% pour la Pologne. Idem pour l’espérance de vie qui s’établit à 67,6 ans en 2000 (à peine mieux que l’Indonésie avec 66,2 ans) contre 75,7 ans pour la Pologne et 76,6 ans pour l’Irlande. De sérieux efforts sont également à déployer au niveau du taux de mortalité. L’Indonésie, le Maroc et la Turquie y affichent les plus mauvais scores, plus de 45 enfants de moins 5 ans pour 1.000 naissances.
Il faut espérer que la mise en place progressive de la couverture médicale obligatoire permette de rattraper le retard enregistré au niveau de l’accès aux soins de santé. Pour rappel, ce projet a été ratifié par le Parlement en 2002. Il prévoit la mise en place de deux régimes d’assurance-maladie au profit de catégories distinctes de la population. L’assurance-maladie obligatoire (AMO) s’adressera aux personnes actives et aux titulaires de pension. Le régime d’assistance médicale (RAMED) s’adresse pour sa part aux populations économiquement défavorisées.
Contrairement aux idées véhiculées par les différents argentiers du Royaume, le Maroc n’affecte pas à l’enseignement le taux le plus élevé de dépenses publiques (5,5% du PNB). La Tunisie fait mieux avec 7,7% du PNB.


Une compétitivité vulnérable

Même bilan alarmant de la compétitivité du Maroc sur le marché mondial.
Il voit sa part reculer, au mieux, stagner par rapport à ses concurrents directs et sur ses marchés de prédilection. Ainsi, sa part absolue dans le marché mondial s’est à peine maintenue autour de 0,14% au cours des 20 dernières années. Par rapport à l’échantillon des huit pays concurrents, le Maroc fait grise mine. Sa part relative dans le marché mondial est passée de 2 à 1,1% alors que le reste de l’échantillon l’améliorait de près de 7 points à 12,6%.
Plus inquiétant, le Maroc se cramponne à ses 0,25% de parts de marché sur son marché principal qu’est l’UE. Au même moment, les autres pays du groupe font preuve de plus d’agressivité, plus particulièrement, la Turquie, la Malaisie et l’Indonésie.

Mouna KABLY


(1) Les comparaisons sont basées sur les rapports de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement des années 1998 à 2002.

L’économiste

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