Le Maroc s’est engagé dans la voie de réforme de son système de retraite visant à rétablir l’équilibre financier des régimes. Et l’une des principales dispositions du nouveau texte est le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. La...
Le manque de qualification et le coût élevé de la main-d’oeuvre représentent le talon d’Achille qui grève la compétitivité du Maroc. S’il est vrai que pendant longtemps, le faible coût de la main-d’oeuvre était brandi comme l’argument de taille pour attirer les investissements étrangers, cet avantage comparatif est actuellement dépassé. Des pays comme la Chine, la Thaïlande et la Corée du Sud nous battent à plate couture sur ce registre.
L’analyse du coût du travail dans le secteur manufacturier indique, en effet, qu’en dépit d’une amélioration au cours de ces dernières années, il demeure relativement élevé en comparaison avec d’autres pays émergents. C’est en tout cas ce qui ressort de la dernière étude réalisée par la DPEG récemment.
Cette contre-performance s’explique, selon les experts, par un accroissement salarial important, suite aux différentes réévaluations du SMIG, malgré une relative accalmie entre 1996 et 2000, combiné à une faible productivité. Comparativement à d’autres pays émergents tels que la Corée du Sud, Taïwan, la Malaisie, l’Indonésie ou encore la Turquie, le Maroc est nettement moins productif.
Dans le textile et l’habillement par exemple, le coût de la main-d’oeuvre est deux fois plus élevé qu’en Chine et quatre fois plus qu’en Inde ! Parallèlement, la productivité dans ces deux pays est presque la même qu’au Maroc.
Pour atteindre de tels objectifs, ces pays ont su opérer un savant dosage entre des salaires faibles mais croissants et une augmentation rapide de la productivité. C’est la politique suivie dans des pays tels que la Turquie, les Philippines ou encore la Chine. Alors que d’autres, à l’instar de la Corée du Sud et la Thaïlande, se sont retirés des secteurs primaires et à forte intensité de main-d’oeuvre en raison de la hausse des salaires, au profit des industries à plus forte intensité de capital et de compétences. “Cette transition a été d’autant plus aisée que la main-d’oeuvre qualifiée dans ces pays est importante”, relèvent les experts de la DPEG. Et c’est ce qui fait défaut au Maroc. La main-d’oeuvre disponible ne présente pas toujours les capacités nécessaires pour être plus compétitive dans des secteurs cruciaux comme les industries électrique et électronique et celles de la chimie-parachimie.
Par ailleurs, les entreprises marocaines n’ont pas aussi souvent recours à la formation continue que dans d’autres pays émergents. Environ, 40% des industries coréennes ont des programmes formels de formation, contre 30% en Inde et en Thaïlande et seulement 15% au Maroc.
“L’approche de la compétitivité basée sur la réduction des coûts de production a montré ses limites. C’est utopique que de vouloir améliorer la productivité avec des employés qui manquent de qualification”, est-il indiqué du côté de la direction. Dans ce contexte, le différentiel de productivité et la qualité des ressources humaines sont décisifs. D’où le fait qu’à rémunération égale, un ouvrier malaisien ou chinois est deux fois plus productif que son homologue marocain.
La signature, le 30 avril 2003, d’un accord relatif au dialogue social et l’adoption d’un code de travail rénové constituent des étapes importantes dans l’amélioration du fonctionnement du marché du travail. Toutefois, ils représentent une charge plus pesante sur les entreprises qu’il faudrait compenser par un accroissement de la productivité. Ce qui aurait pour effet de limiter la substitution du capital de travail dans un contexte de transition démographique.
Selon les analystes de la DPEG, pour être plus compétitif, il est impératif que le secteur manufacturier marocain s’oriente progressivement vers la production de biens à plus fort contenu technologique et à plus grande teneur en compétences intellectuelles. Afin d’y parvenir, un renforcement de l’éducation professionnelle et technique, avec des programmes de formation et de lutte contre l’analphabétisme au sein de l’entreprise industrielle, s’avère nécessaire. Une politique d’attractivité des investissements directs étrangers, du fait de leur apport en terme de savoir-faire technologique, est aussi souhaitable.
L’économiste
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