Le pavillon du Maroc à l’Exposition internationale d’Aichi, au Japon, attire les foules. Plus de 40.000 personnes l’ont visité au cours de la semaine du 12 au 18 avril, soit entre 4.000 et 11.000 par jour. Selon les statistiques fournies par Abdeladim El Hafi, commissaire général de l’Expo, ce nombre représente plus de 10% du total des visiteurs.
C’est une performance dans une exposition où 120 pays sont présents. D’ailleurs, les organisateurs tablent sur 15 millions de visiteurs dont 13,5 millions sont des Japonais. Le 1,5 million restant proviennent des pays limitrophes et d’Amérique. L’Expo a ouvert ses portes le 25 mars et finit le 25 septembre prochain.
Cet exploit s’explique par l’attrait du pavillon qui a été conçu par l’architecte Jamal Laâmiri Alaoui de Rabat. Outre l’architecture et les activités d’animation programmées dans son enceinte, les échos favorables ont été relayés par les médias japonais et internationaux. De plus, pour promouvoir la destination Maroc, une brochure préparée pour l’occasion, en anglais et en japonais, ainsi qu’un DVD sont remis à chaque visiteur.
Le budget consacré à cette opération s’élève à près de 45 millions de DH. Ce montant est largement inférieur à celui de l’Expo de Séville avec 350 millions de DH, de Lisbonne (65 millions) et de Hanovre (50 millions de DH). Rappelons que celle du Japon a été réalisée en un temps record puisque le Souverain a nommé El Hafi commissaire général en mai 2004 pour une expo qui devait s’ouvrir en mars 2005. L’homme a pu rattraper le temps perdu grâce à la capitalisation de son savoir-faire acquis à l’occasion de la préparation de l’Expo de Hanovre dont il était aussi le commissaire général. Pour lui, l’exposition “Aichi 2005” permettra de mettre en avant une stratégie offensive, pour attirer, informer et convaincre directement une bonne partie des 15 millions de visiteurs attendus.
En d’autres termes, l’objectif est de mieux faire connaître le Maroc, améliorer son image et tirer profit de cette manifestation sur le plan commercial et économique. Il sera question aussi de combler un déficit en informations élémentaires sur le pays (situation géographique, régime politique, institutions, structures...) et opérer la correction d’idées notamment sur l’islam, la violence et l’intolérance. Chaque pays a une journée nationale dont la date est fixée par le Japon. Pour le Maroc, ce sera le 1er juillet.
Selon El Hafi, les visiteurs consacrent peu de temps à la visite de l’ensemble des pavillons. Pour en accrocher le maximum, les concepteurs ont imaginé un pavillon attractif et à fort potentiel symbolique. L’Expo est placée sous le thème de “la sagesse de la nature”. Le Maroc se présente sous deux thèmes : la qualité de la vie et les écocommunautés. Ainsi, le concept illustre le mariage de la modernité et la tradition, l’équilibre des contrastes entre l’eau et l’aridité, l’oasis et les palmiers, le laiton et les verres, une fontaine inversée... Le pavillon se veut ouvert et accueillant par un élément qui fait la vie : l’eau. Le stand marocain, de 340 mètres carrés, est également favorisé par son positionnement donnant sur l’allée qui serpente l’exposition. L’identification du pavillon se fait par plusieurs éléments. La muraille est faite de pisé. C’est aussi une technique ancestrale qui montre l’adaptation de l’homme à son environnement. Une cascade géante, une lame d’eau entre deux plaques de verre, un fond en zellige traditionnel traduit et accentue l’effet de fraîcheur, note un document de l’expo. Elle guide le visiteur vers l’entrée du pavillon. Des palmiers, émergeant de l’intérieur des parois, parsèment la façade.
L’intérieur est scindé en trois espaces. D’abord le riad. Ensuite, le moucharabieh, géante fresque d’arabesque en laiton ciselé dans une structure high-tech en verre et acier, mis en valeur par un éclairage spécifique. Il exprime le degré de perfectionnement d’un art ancestral, conjugué à la prouesse technique. Une porte traditionnelle en laiton et en bois est placée sur fond bleu. Elle est ponctuée d’images dynamiques, reflétant les scènes de la vie et des paysages mettant en valeur l’importance des écosystèmes et écocommunautés, note la même brochure.
L’un des points d’attraction du stand du Maroc est assurément la fontaine du ciel, comme l’explique El Hafi. Suspendu à une coupole en bois et laiton coloré, un énorme cône en laiton est traversé par un jet d’eau qui vient mourir dans une coquille en verre. Selon lui, cette inversion de sens est évocatrice d’une tension qui donne à réfléchir à la symbolique de la pluie et son importance dans l’équilibre écologique du Maroc. Tout autour de cette fontaine, les architectes ont prévu un zellige raffiné, un sol en verre posé sur plot. C’est une mosaïque invitant le visiteur, à travers une exposition de bijoux, à un voyage à travers les régions du pays.
Le visiteur peut aussi découvrir la khaïma, imaginée à partir de tentes berbères et dédiée au cérémonial du thé.
Le stand abrite également d’autres curiosités : un souk traditionnel, une véritable ruelle commerçante de la Médina de Marrakech qui fait tant rêver les touristes.
Pour le commissaire général, les retombées seront bénéfiques à plus d’un titre. L’expo est un rendez-vous pour toucher beaucoup de monde, particulièrement les touristes japonais qui vont à Paris, Berlin ou à Londres. “Aujourd’hui, ceux qui visitent le Maroc sont près de 20.000 Japonais. Il est possible de capter une partie de ceux qui viennent en Europe”, précise-t-il. Pour El Hafi, le Maroc gage à proposer sa candidature pour accueillir l’exposition de 2012, les autres dates étant déjà prises. Le Royaume peut choisir l’écotourisme comme thème.
"Pour Abdeladim El Hafi, commissaire général de l’Exposition d’"Aichi 2005" au Japon, l’objectif est de capter une grande partie des 15 millions de visiteurs attendus"
Mohamed CHAOUI - L’Economiste
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