Une grande fébrilité s’est emparée, ces derniers jours d’une frange, aussi sectaire que nostalgique, de la tendance anti-marocaine espagnole. Les gesticulations se répètent et ne se ressemblent pas. Des pétitions aux visites provocatrices (échouées), en passant par le lobbying institutionnel, ce " front" dont la cheville ouvrière demeure la droite franquiste, est tenté par tous les coups.
Plus : le nouveau climat régnant depuis l’avènement de Luis Zapatero, le socialiste, et marqué par une détente constructive, semble donner un coup de fouet à un élan chauvin et xénophobe. Certains intellectuels ont été, las, de ce moment-là. Ils ont donc lancé un appel de soutien au Polisario et poussé le zèle jusqu’à inciter les autorités de leur pays à n’avoir "aucune considération pour l’administration marocaine et a fortiori sa souveraineté”. A quoi, les journalistes, hommes de plume et de médias marocains ont répondu par une pétition qui, forte de la légitimité et de la légalité, met les signataires espagnols devant leurs contradictions. Et elles sont légion. L’Espagne, qui a connu les tumultes de la transition démocratique, aurait mieux fait en soutenant le processus que connaît notre pays. Loin s’en faut. A l’ignorance totale de la réalité marocaine, ces intellectuels ont greffé une duplicité volontaire, ce qui aggrave davantage leur sectarisme, de " deux poids, deux mesures ". En clair : illégitime dans le pays basque, donc l’Espagne, le séparatisme est hissé au rang d’un droit imprescriptible au Sud marocain ! L’ultime offense à l’intelligence humaine, qu’un intellectuel doit respecter " Segrin su conciencia, sin a cepcion de personas, ni espiritu de secta, " comme aimait à répéter Luis Fernandez de Moratin, il y a bien trois siècles !!
Type de soldat fanatique et belliqueux, le porte-parole de la droite PP a perpétué le mouvement jusqu’aux travers du Cortès. Luis Eduardo Cortes a en effet revendiqué " une pression sur le Maroc pour lui imposer le référendum ! ". Ironie espagnole, c’est le vétéran de la Gauche radicale, donc anti-PP par excellence, qui renchérit. Eduardo Cuenca a poussé le zèle à l’extrême. "Le gouvernement Zapatero a-t-il crié, est le grand défenseur du Maroc ". Qu’à cela ne tienne ! Ayant pignon sur rue, des décennies durant, le lobby hostile aux droits territoriaux marocains, semble en perte de vitesse. La mobilisation des Marocains dans plusieurs villes espagnoles, l’engagement de plus en plus saillant de l’Espagne en faveur d’une solution politique négociée, outre le sursaut citoyen permanent des démocrates et des citoyens au Maroc, ont mis à plat le sentiment de victoire qui les animait toujours. L’atout démocratique est à ce titre plus que nécessaire à faire prévaloir dans la discussion et le contact avec l’opinion publique espagnole. Car, l’un des résultats de transition que vit le Maroc est que son message est devenu plus audible et ses interlocuteurs plus réceptifs.
La Gazette du Maroc