L’islam parisien : une mosaïque de sensibilités

8 novembre 2002 - 06h16 - France - Ecrit par :

Depuis hier, les musulmans de Paris observent le jeûne de ramadan, dixième et dernier mois du calendrier lunaire arabe. Loin d’être monocolore, l’islam à Paris est composé d’une multitude de sensibilités, de traditions, de courants. Si on excepte les salles de prière, difficiles à recenser, Paris compte 48 lieux officiels de culte musulman.

L’Institut musulman de la Mosquée de Paris (IMPP).

La Grande Mosquée de Paris, située place du Puits-de-l’Ermite (V e ), inaugurée en 1926, s’est imposée comme la représentante de l’islam de France, à travers son recteur Dalil Boubakeur. Elle est la figure de proue de l’IMPP, réseau de lieux de culte et d’imams directement soutenus par le gouvernement algérien depuis une vingtaine d’années. Prônant un islam strict mais discret, la Mosquée de Paris reçoit également une aide de la mairie de Paris. Outre le coquet édifice du V e , l’IMPP contrôle une cinquantaine de lieux de culte en Ile-de-France. A Paris, la mosquée de la rue Myrha (XVIII e ), en est réputée proche. C’est là qu’avait été assassiné en 1995, le fondateur du FIS.

La Fédération nationale des Marocains de France (FNMF).

Maroc pour contrebalancer l’influence de l’Algérie dans l’islam en France, cette fédération semble perdre de son pouvoir sur les lieux de culte parisiens. Enseignant un islam plutôt modéré, la FNMF rassemble un nombre important de fidèles et a la mainmise sur les mosquées d’Evry (Essonne), d’Asnières (Hauts-de-Seine) ou d’Argenteuil (Val-d’Oise). A Paris, son influence est plus limitée.

L’Union des organisations islamiques de France (UOIF).

Cette puissante fédération regroupe 280 associations, aussi bien africaines que maghrébines, et rassemble chaque année au Bourget plus de 100 000 personnes. Les mosquées de Villepinte, Taverny et Tremblay sont sous son contrôle mais aucune officiellement à Paris. Très structurée, l’UOIF, est réputée proche des Frères musulmans égyptiens, la puissante organisation islamiste. Prêchant un islam conservateur et social, le secrétaire général Fouad Alaoui milite également pour « un islam pratiqué dans un contexte citoyen français ». C’est-à-dire détaché des influences marocaine et algérienne. L’UOIF, à Paris, est liée à des associations comme l’Association musulmane africaine en France (Amaf), située rue Mathis (XIX e ).

Le Tabligh.

Ce mouvement fondamentaliste venu du Pakistan, également connu sous le nom d’association Foi et Pratique, a fait des banlieues défavorisées son terrain. Surnommés les « Témoins de Jéhovah de l’islam », ses fidèles sont issus de différentes communautés. Mouvement radical, le Tabligh promeut un islam dur, fondé sur la piété et le retour à la pratique du prophète Mahomet. La mosquée Omar de la rue Jean-Pierre Timbaud (XI e ), fréquentée en majorité par des Tunisiens, lui sert de siège parisien, même si son centre a déménagé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Le démarchage auquel ils se livrent leur confère une influence grandissante dans de nombreuses mosquées.

Le Comité musulman des Turcs français (CMTF).

Il regroupe la plupart des mosquées turques parisiennes, directement liées à l’Etat turc. On en trouve deux dans la seule rue du Faubourg-Saint-Denis (X e ), qui compte quatre mosquées au total. Mais aussi passage de la Cité-industrielle (XI e ) ou boulevard de Ménilmontant (XI e ).

La Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (Ffaiaca),

tente de rassembler ces communautés, importantes en nombre, autour d’une pratique traditionnelle mais éclairée. La mosquée de la rue Orfila, dans le XX e est leur siège. Rue Etienne-Marey (XX e ), se trouve également la mosquée des Comoriens.

La mosquée Ad’Dawa.

Cette mosquée un peu particulière, restée indépendante, est située rue de Tanger. Elle fut un temps soupçonnée de liens avec le FIS. La plus grande mosquée d’Ile-de-France (4 000 places) est également un centre socioculturel. Son recteur, Larbi Kechat, semble s’être engagé sur une voie plus modérée, conciliant intégration et tradition.

Guillaume Perrier pour le parisien

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Paris - Religion - Ramadan 2025

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la question des dattes algériennes arrive au parlement

Le groupe Haraki à la Chambre des Représentants a interpellé le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sidiki, sur les dattes notamment d’origine algérienne qui ont inondé le marché marocain avant le début du mois de ramadan.

La date de l’Aid Al Mawlid au Maroc connue

Au Maroc, l’Aid Al Mawlid Annabaoui, la fête qui célèbre la naissance du prophète Mohammad, sera célébrée en septembre.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Le CFCM annonce le début du Ramadan 2025 en France

Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a annoncé que le mois de Ramadan 1446 H débutera le samedi 1ᵉʳ mars 2025. Cette date a été déterminée selon les critères de calcul adoptés par le CFCM en 2013, qui se basent sur l’observation de la nouvelle...

Ramadan 2025 au Maroc : quelle disponibilité pour les dattes ?

Les producteurs et commerçants de dattes au Maroc rassurent les consommateurs quant à la disponibilité et à des prix abordables de ce produit sur le marché pendant le mois sacré de Ramadan.

Les chrétiens marocains demandent des changements majeurs

L’Union des chrétiens marocains plaide pour la reconnaissance juridique de la composante chrétienne dans le tissu religieux marocain, et la garantie de sa présence dans les débats publics relatifs à la liberté de religion et de croyance dans le...

France : le port du voile, un frein majeur à l’emploi

Une étude de l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le Supérieur (Ondes), parue cette semaine, met en évidence un obstacle majeur à l’emploi en France : le port du voile.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...