Les chrétiens marocains demandent des changements majeurs

16 septembre 2025 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

L’Union des chrétiens marocains plaide pour la reconnaissance juridique de la composante chrétienne dans le tissu religieux marocain, et la garantie de sa présence dans les débats publics relatifs à la liberté de religion et de croyance dans le contexte marocain, qui se caractérise par l’élément de l’Imarat al-Mu’minin (Commanderie des croyants).

L’Union des chrétiens marocains entend saisir le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) afin de reprendre le débat entamé par la Coordination des chrétiens marocains lors de sa réunion avec le Conseil en juin 2023. « Le débat vise à mettre en lumière la situation des citoyens marocains chrétiens, et à réclamer la garantie de leurs droits fondamentaux consacrés par la Constitution marocaine et les conventions internationales, au premier rang desquels la liberté de croyance et la pratique des rites religieux sans discrimination », précise l’organisation. Pour l’organisation, le dialogue avec les institutions nationales, et en premier lieu le Conseil national des droits de l’Homme, constitue une étape nécessaire vers la reconnaissance juridique de la composante chrétienne dans le tissu religieux marocain, et la garantie de sa présence dans les débats publics relatifs à la liberté de religion et de croyance dans le contexte marocain, qui se caractérise par l’élément de la Commanderie des croyants, absent dans des pays similaires.

À lire : Les chrétiens marocains réclament des églises

« L’Union se prépare à adresser une lettre officielle au Conseil national des droits de l’Homme afin de demander la tenue d’une nouvelle rencontre pour discuter de questions liées à la liberté de croyance, et plus particulièrement en ce qui concerne la liberté de culte », fait savoir son président Adam Rbati. Il estime que le contexte actuel est devenu propice à l’ouverture d’un débat sérieux et responsable sur la liberté de conscience, à la lumière de la dynamique des droits humains et institutionnelle que connaît le Maroc. « Cette initiative intervient deux ans après la rencontre qui avait réuni le Conseil constitutionnel de suivi de la situation des droits de l’Homme au Royaume avec la Coordination des chrétiens marocains », fait-il encore savoir.

À lire : Sous Hassan II et Mohammed VI, la foi chrétienne protégée

À en croire Rbati, l’organisation qu’il dirige a pris connaissance avec intérêt des revendications qui avaient été alors formulées. Des revendications humaines fondamentales et essentielles qu’il considère comme point de départ du débat attendu, en les développant de manière à les harmoniser avec l’évolution du débat sur les droits humains et religieux dans le pays. Selon le président de l’union, la rencontre projetée, dans l’éventualité où le Conseil national des droits de l’Homme y répondrait favorablement, « sera l’occasion de présenter nos visions de manière institutionnelle à travers une note détaillée sur la situation des chrétiens marocains et leurs droits religieux et civils, sur la base de la citoyenneté pleine et entière, et du respect de la liberté de croyance et de sa pluralité dans le cadre des constantes fédératrices de la nation ».

À lire : L’appel des chrétiens marocains

La phase actuelle, marquée par un débat officiel et sociétal autour de la révision du Code de la famille, « appelle à s’ouvrir à la revendication du mariage civil au Maroc, afin de construire une vision ouverte et adaptée aux exigences de la réalité et aux nécessités du vivre-ensemble », a confirmé le pasteur de l’Église de la Gloire à Témara. Pour lui, il s’avère nécessaire de s’ouvrir sur le plan éducatif et d’enseigner la matière de l’éducation religieuse au lieu de l’éducation islamique, l’école étant un espace neutre qui doit garder la même distance par rapport à toute référence spirituelle ou religieuse. Aux yeux de Rbati, il est important d’élargir « notre compréhension du concept d’Imarat al-Mu’minin au Machrek et au Maghreb ».

À lire : Interdiction d’un mariage homosexuel à Marrakech : l’Union des chrétiens marocains s’indigne

« Nous considérons que la Commanderie des Croyants, comme l’a affirmé le roi Mohammed VI, englobe tous les croyants, quelles que soient leurs religions, et constitue une référence unique permettant de garantir les libertés religieuses dans un cadre institutionnel équilibré qui respecte les spécificités et protège les droits », a-t-il indiqué.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Marocains chrétiens - Administration

Aller plus loin

Les Chrétiens marocains veulent être reconnus

Les chrétiens marocains plaident pour leur inclusion dans le Recensement général de la population de l’habitat (RGPH) qui se déroulera du 1ᵉʳ au 30 septembre 2024.

Les chrétiens marocains réclament des églises

Face à la multiplication des églises informelles dans certains quartiers de Casablanca, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a pris des mesures pour contenir ce...

Les chrétiens marocains contraints de vivre leur foi en secret

Les chrétiens marocains sont rejetés par leurs familles et la société. Bien que la Constitution de 2011 garantisse la liberté de conscience, la pratique d’une religion autre que...

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les discours radicaux dans les mosquées inquiètent

La députée du parti Fédération de la Gauche démocratique, Fatima Tamni, a interpelé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, au sujet de l’exploitation des tribunes des mosquées pour diffuser des discours radicaux contre les...

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

Voici la date de l’Aïd el-Fitr en France

Débuté le 11 mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé samedi la date de l’Aïd al-Fitr marquant la fin de la période de jeûne à l’occasion de l’entame de la dernière...

Aïd al-Adha : ruée de Marocains vers l’Espagne

Alors que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au Maroc pour y passer les congés de l’Aïd al-Adha, certaines familles marocaines font le chemin inverse.

Des entreprises marocaines sous enquête

Les services de contrôle relevant de l’Administration des douanes et l’Office des changes poursuivent des enquêtes conjointes pour vérifier l’authenticité d’opérations suspectes de transfert de fonds vers l’étranger, dissimulées derrière des...

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.

Des voitures de luxe acquises par le ministère de la Transition numérique ?

Ghita Mezzour, ministre déléguée en charge de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, a démenti l’acquisition d’une voiture de luxe pour 2,48 millions de dirhams et d’une autre pour 1,27 MDH.

Investissements des MRE : l’État serre la vis et sanctionne

Suite à une multiplication des plaintes signalant des obstacles d’ordre administratif et judiciaire, le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et les gouverneurs de plusieurs préfectures et provinces, à l’effet de résoudre des dossiers relatifs...