La jeune accusatrice de Fouad Chouki se rétracte

13 septembre 2004 - 09h20 - France - Ecrit par :

En détention préventive depuis mardi, l’athlète strasbourgeois Fouad Chouki a finalement été innocenté par Lilias, la jeune fille de 14 ans, qui avait porté plainte pour viol. « Il faut que je vous annonce que tout ce qui s’est passé était vrai, mais j’étais consentante. Je m’excuse pour tout cela car je sais que c’est grave... », écrit-elle dans une lettre déposée vendredi à l’accueil du tribunal de grande instance de Strasbourg, à l’attention du juge d’instruction en charge de l’affaire.

Avant que sa fille ait été entendue par le magistrat, sa mère a contacté l’Agence France Presse pour diffuser une copie de la lettre. L’entrevue avec un journaliste en présence de Lilias, de l’amie à qui la jeune fille se serait confiée et qui l’aurait convaincue de revenir sur ses déclarations, et de Soulaimanne, l’un des cinq frères de Fouad Chouki, a eu lieu samedi dans une brasserie du centre-ville de Strasbourg. Selon leurs déclarations, l’adolescente avait craint d’avouer à sa mère qu’elle avait eu des relations sexuelles avec l’ancien champion du monde. « C’était un ami de ma mère et j’avais honte », a-t-elle ajouté dans sa lettre au juge d’instruction.

La jeune fille qui, selon l’avocat de Fouad Chouki, adule le sportif âgé de 25 ans, a affirmé qu’elle « l’aimait » et « voulait se marier » avec le coureur dont la compagne habite le même quartier de la Montagne-Verte. Lilias et sa mère se seraient rendues au domicile des Chouki pour annoncer aux parents de Fouad que l’adolescente retirait sa plainte. « Cela s’est fait tranquillement entre gens de bonne foi », a commenté Soulaimanne, en précisant que « les familles se sont mises d’accord pour un mariage lorsque Lilias aurait 18 ans ». Tous auraient même fêté l’événement...

« Selon la loi coranique, la seule façon de réparer le fait d’avoir eu des relations sexuelles avec une jeune fille vierge, c’est de l’épouser. Encore faut-il que la jeune fille le veuille », observe l’avocat du coureur de demi-fond, Me François Ruhlmann. Pour l’heure, on ignore la réaction de Fouad Chouki, le principal intéressé, face à ce projet de mariage. « Lorsque je lui ai annoncé qu’elle retirait sa plainte, j’ai senti un immense soulagement, une libération brutale, raconte son défenseur. Il a mis sa tête dans ses mains, puis sur son visage, et a prié pendant vingt-cinq minutes. J’ai prié de mon côté. »

Depuis son incarcération, Fouad Chouki a prétendu « ne se souvenir de rien de ce qui s’était passé » dans la soirée de samedi. Son avocat l’avait rencontré le même jour, en début d’après-midi. « Il venait de rentrer du Maroc où nous l’avions envoyé prendre des vacances pour se détendre. Il était revenu abattu, déprimé de ne plus pouvoir s’entraîner et se plaignait de crises d’asthme », indique-t-il. Dans l’après-midi, l’athlète s’était rendu aux urgences du CHU de Hautepierre où un médecin lui aurait conseillé de continuer de prendre des doses de Ventoline. Ce qui n’aurait pas arrangé son état qualifié de « semicomateux » par son avocat qui a évoqué également des « tendances suicidaires ».

Depuis le début de l’affaire, Me François Ruhlmann n’a pas exclu que l’athlète ait pu « avoir un moment d’égarement » lorsqu’il avait rencontré la jeune fille, dans la soirée de samedi, entre un passage chez sa compagne et une sortie, après minuit, avec des copains. « Il faut attendre le résultat des analyses génétiques », indiquait-il prudemment. Celles-ci devraient être connues aujourd’hui. L’avocat du sportif a toujours rejeté l’accusation de viol, soutenant que Fouad Chouki n’était « pas capable de violences ». Et que « celles-ci n’avaient pas été établies ».

Me Ruhlmann espère que, suite au revirement de Lilias, le juge d’instruction et le procureur de la République décideront de remettre très rapidement Fouad Chouki en liberté. Il appartiendra cependant aux magistrats de vérifier dans quelle mesure la rétractation de la jeune fille a été spontanée. Et de décider, note son avocat, s’ils maintiennent ou non les poursuites pour relations sexuelles avec une mineure de moins de 15 ans.

« Nous allons continuer de nous battre au plan sportif », poursuit Me Ruhlmann, qui veut croire que le Tribunal arbitral international ne portera pas de dix-huit à vingt-quatre mois la suspension infligée au coureur du 1 500 mètres pour dopage. Ce qui ruinerait ses espoirs de participer aux championnats du monde de 2005. Selon lui, depuis hier matin, « Chouki a eu de très nombreuses offres, y compris de clubs de football, pour reprendre l’entraînement. »

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