Deux milliards de dollars pour un laminoir

25 juin 2008 - 10h45 - Economie - Ecrit par : L.A

Deux milliards de dollars. C’est l’investissement prévu pour la construction d’un nouveau laminoir à quelques kilomètres de la ville de Settat. Le projet a déjà reçu l’aval de la commission régionale d’investissement. Une convention sera d’ailleurs signée entre les promoteurs et les autorités concernées dans cette région lors des prochaines Journées économiques de Chaouia-Ouardigha, prévues du 24 au 27 juin.

Le projet en question sera réalisé par Morrocan Iron Steel (MIS) en partenariat avec des Anglo-Indiens opérant dans le domaine de la sidérurgie au niveau mondial. La concrétisation de la nouvelle entreprise, qui a été dénommée Atlantic Steel Industry (ASI), va permettre la création de 2.000 emplois. La première phase du projet sera réalisée sur un terrain de 106 hectares.

Cependant, le promoteur marocain reste discret sur les parts des uns et des autres dans le tour de table. « On ne veut pas encore en parler, en l’absence de nos partenaires, mais ce n’est que partie remise », promet à L’Economiste Abdelmajid Kaddouri, directeur général de MIS. On n’en saura pas plus, mais de sources concordantes, on a appris que les « partenaires » dans Atlantic Steel seront présents aux Journées économiques de la région Chaouia-Ouardigha et que « le premier coup de pioche pour la réalisation du projet pourrait être donné à la même occasion ».

Le futur laminoir permettra à l’entreprise d’opérer en amont. En clair, il servira à produire la billette, un produit semi-fini, jusque-là importé principalement de Turquie. Cette « matière première », laminée à chaud dans un four à très forte température, permet la production de barres de fer de 12 mètres. « Le projet de Settat permettra aussi de recycler la ferraille disponible au Maroc au lieu de continuer à importer la billette », indique Kaddouri.

L’entreprise mise donc sur l’investissement dans la construction de cette aciérie-laminoir électrique, qui sera en principe opérationnelle d’ici 2010-2011, pour auto-produire la matière première nécessaire à son usine de Chellalate (non loin de Casablanca). La réalisation de ce projet s’inscrit dans une « logique de constante amélioration de la compétitivité dans un environnement marqué par une concurrence de plus en plus vive », souligne Kaddouri.

Après l’opérateur historique dans le domaine de la sidérurgie, Sonasid, et Univers Acier, Morrocan Iron Steel a obtenu la norme marocaine d’application pour sa production. Créée en 2002 avec un investissement initial de 450 millions de DH, MIS a démarré sa production en janvier 2006. Elle est passée de 120.000 tonnes au démarrage à 200.000 tonnes en 2007. Du coup, l’entreprise a lancé une nouvelle ligne de production portant l’investissement à 600 millions de DH. La production sera triplée d’ici fin 2008 pour atteindre 360.000 tonnes. MIS deviendra de fait le deuxième producteur de produits de fers longs au Maroc à partir de la billette.

Concurrence

Ils sont 5 acteurs à opèrer dans le marché de la sidérurgie au niveau national. Au leader historique Sonasid se sont ajoutés Univers Acier, groupe maroco-turc, Moroccan Iron Steel (MIS), entreprise à capital 100% marocain, Ynna Steel, filiale du groupe Chaâbi, et Somasteel.

Mais c’est Univers Acier qui assure être « le deuxième plus gros producteur national d’acier de produits longs » qui sera en concurrence directe avec MIS. Univers Acier est née d’un partenariat conclu en 2002 entre Longofer et des investisseurs turcs. Sa capacité de production actuelle avoisine les 150.000 tonnes. Un nouveau site industriel sur une superficie de 15 ha vient d’être inauguré par l’entreprise à Casablanca avec l’ambition de produire à la fois la « billette » d’acier et le rond à béton. Sa capacité de production annuelle sera limitée à 200.000 tonnes en 2009, avant de passer à 500.000 tonnes deux années plus tard. Cela permettra au sidérurgiste de limiter ses achats de matière première à l’étranger. L’investissement total estimé est de l’ordre de 870 millions de DH, financé à hauteur de 52% par les investisseurs turcs, 33,6% par Longofer et 14,4% par des personnes physiques marocaines.

Source : L’Economiste - Jamal Eddine Herradi

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