Le père de l’indépendance prend place à Paris

20 décembre 2002 - 20h58 - France - Ecrit par :

Vendredi 20 décembre, en fin de matinée, un homme qui a "soutenu la France au temps de l’adversité" et qui l’a "affrontée au temps de sa puissance" est entré dans le cercle fermé des chefs d’Etat étrangers ayant légué leur nom à la topographie de Paris.

Il a pris place dans le 5e arrondissement, là où le boulevard Saint-Germain et le quai de la Tournelle se croisaient jusqu’alors dans l’anonymat, sur la rive gauche de la Seine. Au pied de l’Institut du monde arabe, en face de l’île Saint-Louis, dans le dos de Notre-Dame.

Pour rien au monde, Jacques Chirac ne se serait privé du plaisir de prononcer l’hommage à lui rendre. Sultan à 18 ans, refusant les lois antisémites de Vichy pour ses sujets juifs, le futur roi Mohammed V devait demander aux Marocains de "faire disparaître le mot indépendance et des cœurs et des bouches", le temps que la France retrouve sa plénitude, son honneur.

Privilège partagé seulement avec Eisenhower et Churchill, il fut élevé, en 1945, à la dignité de compagnon de la Libération. Huit ans plus tard, il n’en était pas moins forcé à l’exil, pour avoir revendiqué l’indépendance. L’alliance du peuple et du trône qui se noua alors, son retour triomphal, puis, en 1956, la souveraineté arrachée à la France, sans bain de sang, firent de lui le père fondateur du pays lié à la France "par le sceau de l’exception".

L’expression est de l’actuel monarque, Mohammed VI. Dans son discours, cette résonance avec l’actualité perce, même si l’Irak n’a pas été nommé : "Tout le Maroc est de cœur avec la France, qui redouble d’efforts pour garantir la paix, sans négliger les moyens d’assurer sa défense au cas où un conflit viendrait troubler sa quiétude. Les Français peuvent avoir l’assurance qu’en toutes circonstances ils trouveront à leurs côtés le peuple marocain." On peine à croire que Mohammed VI citait son illustre aïeul sans arrière-pensées.

Egalement présent, maître des lieux, Bertrand Delanoë a dû en avoir, lui aussi, des arrière-pensées. Le maire de Paris vient de donner son accord à la pose d’une plaque commémorative, plus haut sur le boulevard Saint-Germain, à la brasserie Lipp, là où fut enlevé, le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, le principal opposant à Hassan II. Ben Barka, la "dynamo" du mouvement national, et Mohammed V, le père de l’indépendance marocaine, jalonneront bientôt, à Paris, le même chemin.

Stephen Smith - Le Monde

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Histoire - Jacques Chirac - Mohammed V

Ces articles devraient vous intéresser :

Éric Ciotti (Les Républicains) en visite au Maroc

Une délégation du parti Les Républicains, menée par Éric Ciotti, a annoncé sa visite au Maroc du 3 au 5 mai prochains dans le but de poursuivre « une relation de fraternité et de responsabilité » avec le royaume.

Plan de sauvetage des monuments marocains après le séisme

Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a assuré vendredi de la forte implication de son département dans le plan de reconstruction des sites historiques touchés par le séisme.

« La marocanité du Sahara est irréfutable »

La souveraineté du Maroc sur le Sahara est irréfutable si l’on s’en tient aux documents royaux historiques, a affirmé jeudi Bahija Simou, la directrice des Archives royales, lors d’une conférence organisée par l’Association Ribat Al Fath pour le...

La Ferrari 250 GT Coupé du roi Mohammed V est à vendre

Dans quelques semaines, une Ferrari 250 GT Coupé Spéciale de 1956, ancienne possession du Roi Mohammed V, trouvera un nouveau propriétaire lors d’une vente aux enchères organisée par RM Sotheby’s.

La Ferrari du roi Mohammed V vendue, mais à combien ?

La Ferrari GT 250 du roi Mohammed V a été vendue aux enchères le week-end dernier, lors du Monterey Car Week 2023 qui s’est tenue sur la côte ouest de la Californie. À combien a été cédée cette voiture emblématique ?