La mosquée de Paris, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) ont signé cet accord lundi, a annoncé le ministre français de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy.
Le texte prévoit que, "avant la fin de l’année, on crée les conditions de l’émergence du statut d’un organisme du culte musulman", a ajouté M. Sarkozy.
Cet accord met fin à près de trois ans de consultation, engagée par l’ancien ministre de gauche de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement. Il constitue une surprise tant les relations entre les trois organisations signataires s’étaient dégradées ces dernières semaines.
En novembre, le début du mois de jeûne musulman du Ramadan avait une nouvelle fois été annoncé aux fidèles en ordre dispersé par les responsables musulmans, faute d’une instance représentative reconnue par tous.
Cette structure, qui mettra l’islam au niveau des autres cultes en France, sera désignée "pour partie par l’élection, pour partie par cooptation". Elle comprendra des femmes, "tout le monde sera représenté" en son sein et "aucune intervention étrangère" ne sera acceptée, a affirmé le ministre de l’Intérieur.
En choisissant ce mode de désignation, le gouvernement français veut empêcher la mainmise sur cette instance du courant fondamentaliste et assurer l’indépendance de l’islam de France à l’égard des influences étrangères.
Nicolas Sarkozy ne cachait pas ces derniers mois vouloir conclure le plus rapidement possible. En octobre, il avait jugé qu’une instance représentative reconnue par tous les musulmans de France serait la meilleure réponse aux "amalgames" entre "islam, islamisme, fondamentalisme, extrémisme, terrorisme et totalitarisme".
"Nos compatriotes de confession musulmane ont le droit de vivre leur foi comme les catholiques, comme les juifs, comme les protestants", a-t-il affirmé lundi soir.
"Ce qu’il faut craindre, c’est l’islam dévoyé, l’islam des garages, l’islam des caves, l’islam souterrain, ce n’est pas l’islam au grand jour des mosquées", a-t-il dit.
Les auteurs des attentats de 1995 à Paris et ceux des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis n’ont "aucun droit à accaparer l’islam", avait-il déclaré récemment.
Mais des voix ont déjà contesté l’accord. Les cinq grandes mosquées régionales qui ont aussi participé à la consultation (Lyon, Marseille, Mantes-la-Jolie, Evry, St-Denis de la Réunion) aux côtés des fédérations se sont senties flouées.
Le recteur de la mosquée de Lyon (centre-est), Kamel Kabtane, s’est fait leur porte-parole pour dénoncer "un marché de dupes". "Nous avons été sacrifiés pour permettre à M. Sarkozy d’aller vite", a-t-il déclaré.
afp