Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.
Sale temps pour les Arabes en France. Dès le réveil et avant même de tomber sur notre reflet dans une glace, la honte d’être nous tient à la gorge. Les médias jubilent et crachent les nouvelles encore fraîches du week-end.
Le maire de Paris Bertrand Delanoë poignardé par un certain Azedine Berkane : de l’Arabe et du couteau, l’arme blanche du basané, cette vieille métaphore camusienne nous rattrape en caleçon telle une malédiction inéluctable. Mais ça ne s’arrête pas là. Jamal, un sauvageon de 19 ans, dans un registre plus barbare, brûle vive Sohane, une beurette de 17 ans. Ailleurs, Mohammed Maghara est assassiné froidement du côté de Dunkerque, juste parce qu’il s’appelle Mohammed. Sans compter le désormais familier Zacharias Moussaoui dans sa prison américaine et les procès des présumés membres du GIA à Paris, et ainsi de suite.
Que faire avec cette avalanche culpabilisante ? Comment se tenir face à ce packaging ethnique du sordide ? Mettre du Lexomil dans son café du matin ? Serrer son fils dans ses bras un peu plus fort que d’habitude. Et après ? Où sont-ils les Arabes médiatisés du show-biz ; les Debbouze, les Zidane, les Sami Nacéri ou les Ben Jelloun super-explicateurs ? Peuvent-ils s’arrêter de nous divertir une seconde et user de leur aura médiatique pour nous sortir un peu de l’image de l’Arabe qui tue ou se fait tuer, l’Arabe qui brûle ou se fait brûler, qui vole, qui viole ?
La misérable vérité est là, compacte et diffuse. Elle est doublée d’un douloureux constat : l’impossibilité de se poser quelque part quand toute la place est prise ; soit par des délinquants, soit par des islamistes. Où peut-on donc caser la majorité des Arabes et des nés musulmans, qui par leur comportement et non par leur peau, ressemblent au reste des Français. Ceux qui consomment comme tout le monde, prennent une cuite le week-end, matent les seins à la télé et se fichent d’un Sarkozy faisant la bise à Dalil Boubakeur ; le soi-disant représentant de l’islam républicain. D’ailleurs, que signifie le projet de la mise en place d’une instance représentative des musulmans de France ? Comment cette instance peut-elle se proclamer représentative de plus de 5 millions de musulmans de France sachant que les statistiques ne font aucune distinction entre les pratiquants et les non-pratiquants, les pieux et les athées ?
Sale temps pour ceux et celles qui rêvaient de respirer entre deux cultures et de « pousser comme l’herbe au milieu », selon la magnifique formule d’Henry Miller. Au lieu de cela, ce qu’on constate, c’est un fossé symbolique qui se creuse, au fil des faits divers et des malentendus entre les Arabes et les autres. Le tableau annoncerait-il une dissociation progressive des couleurs ? De moins en moins de couples mixtes dans la rue, une séduction cloisonnée qui n’aurait d’aboutissement qu’entre compatriotes de même peau. Ou alors devons-nous craindre le pire, comme l’effrayant témoignage, rapporté dans ce journal même, de ce voisin de l’assassin de Dunkerque qui s’interroge « au moins, s’il en avait tué plusieurs, mais là, pour un seul... » (Libération du 9 octobre).
Sale temps pour les Arabes. Quand ils ne sont pas malmenés par les flics, assassinés par les racistes ou souillés par des Azedine Berkane, ils ou elles sont les premières victimes de leurs compatriotes, comme l’indiquent le cas Sohane et le phénomène grandissant des « tournantes » dans les caves des HLM. Après le 11 septembre et après le score de l’extrême droite à la présidentielle, la conjoncture a ouvert plusieurs brèches. Des chercheurs soutiennent qu’entre islam et islamisme les passerelles sont organiques, comme d’autres, dans un autre registre affirment que du #### on passe directement à l’héroïne. Il ne manque plus que la preuve de l’existence d’un lien automatique entre Arabes et délinquance, banlieue et racaille. Car comment ne pas penser à cette profonde réflexion tirée des Particules Elémentaires de l’intraitable Houellebecq qui suggère que la violence est inscrite dans les gênes des Arabes : « Le soir tombait : quelques moutons terminaient leur journée. Eux aussi étaient stupides, peut-être encore plus que le frère d’Aïcha ; mais aucune réaction violente n’est programmée dans leurs gènes. »
Pourquoi nous obstinons-nous à ne voir dans l’immigration qu’une histoire de gagner sa vie et non pas de gagner la vie tout simplement. Emigrer, c’est aussi prendre le parti de la vie, au lieu de finir entre les murs étouffants du communautarisme et de la méfiance interethnique
Et c’est dans ce sens-là que le contrat entre l’émigré et la France est d’emblée un contrat éthique qui va au-delà d’un simple accès à « des formations et un apprentissage rapide de la langue » comme le suggère le « contrat d’intégration » annoncé par Jacques Chirac.
Liberation.fr
Ces articles devraient vous intéresser :