Le ramadan est entré dans les moeurs de l’école laïque

24 octobre 2003 - 14h18 - Monde - Ecrit par :

Très largement suivi par les élèves musulmans dans les collèges et lycées, le ramadan est entré dans les moeurs de l’école laïque et la plupart des enseignants disent gérer sans problème particulier les contraintes liées à cette période.

"C’est un phénomène qui s’est banalisé", estime le proviseur du collège La Courtille à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Jean-Marc Muller, qui, à l’instar de ses collègues, a constaté une forte croissance du nombre d’élèves observant le ramadan.

"Il y a un certain nombre d’années, cela concernait les enfants de familles très croyantes. Maintenant ça s’est banalisé, même chez les non-croyants, et il est très rare que les élèves d’origine musulmane ne le pratiquent pas", renchérit un professeur de collège dans le même département, Denis Cittanova.

Vécu par les élèves avec fierté mais sans ostentation -"ils ne font pas ramadan bannière au vent", selon les termes de M. Muller-, cette tradition a pourtant des incidences sur la vie scolaire quotidienne.

Pour les élèves qui observent strictement le jeûne (du lever au coucher du soleil), "c’est sans conteste une épreuve physique", selon un professeur d’histoire, Goulven Kerien. "Ils sont un peu plus excités en période de ramadan, du fait des privations, et il y a parfois un peu plus de tension, d’agressivité", constate-t-il.

"le ramadan est entré dans les moeurs"

"Les profs peuvent être enclins à se montrer moins exigeants en cette période", même si "les plus grands, qui ont déjà pratiqué plusieurs fois le ramadan, arrivent à maîtriser la faim", explique un autre enseignant.

Théoriquement, la pratique du ramadan commence à partir de l’âge de la puberté. Mais les plus petits observent également, de façon fluctuante, le jeûne imposé lors du mois de la piété. "L’année dernière, dans ma classe, certains ne le faisaient que pendant quatre ou cinq jours", se souvient Sébastien, 11 ans, collégien dans le Xe arrondissement de Paris.

La principale "difficulté" soulevée par le ramadan touche essentiellement les lycées, où les cours ont encore lieu à l’heure de la rupture du jeûne.

"Normalement, une datte suffit, et elle peut être ingurgitée discrètement. Mais certains ont tendance à demander une vraie récréation autour de la machine à café... En général ça se fait dans une atmosphère bon enfant", raconte Gilbert Longhi, proviseur du lycée Jean Lurçat à Paris.

"Certains profs refusent toute forme d’alimentation en classe. Mais la pratique générale est une tolérance discrète", estime pour sa part M. Muller.

"Normalement, les élèves ne sont pas autorisés à grignoter en fin d’après-midi, mais il n’y a pas de consigne particulière, ce sont les chefs d’établissement qui gèrent cette question", explique Michel Retail, à l’inspection académique de Seine-Saint-Denis.

"Le ramadan est entré dans les moeurs. Pour nous, c’est essentiellement une réorganisation de la vie scolaire au niveau de la demi-pension", ajoute-t-il, précisant que tous les repas non pris durant cette période sont systématiquement remboursés.

La Croix

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Ramadan 2025 - Education

Ces articles devraient vous intéresser :

Le ramadan commence le lundi 11 mars en Belgique

C’est officiel : le mois de Ramadan débutera ce lundi 11 mars en Belgique, a annoncé le Conseil Musulman de Belgique (CMB) ce dimanche. Cette période sacrée pour les musulmans est un moment de piété, de prière et de recueillement.

Maroc : indignation après l’assassinat d’une enseignante par un élève

Au Maroc, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE, affiliée à l’Union marocaine du travail) appelle à une mobilisation forte et immédiate après l’agression violente d’une enseignante par un élève ayant entraîné la mort de celle-ci.

Voici la date de l’Aïd el-Fitr en France

Débuté le 11 mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé samedi la date de l’Aïd al-Fitr marquant la fin de la période de jeûne à l’occasion de l’entame de la dernière...

Au Maroc, les élèves fêtent la fin d’année scolaire en déchirant leurs cahiers

Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.

Ramadan et grossesse : jeûner ou pas, la question se pose

Faut-il jeûner pendant le Ramadan quand on est enceinte ? Cette question taraude l’esprit de nombreuses femmes enceintes à l’approche du mois sacré. Témoignages et éclairages pour mieux appréhender cette question à la fois religieuse et médicale.

Hajj : une clause "anti-protestation" fait polémique au Maroc

L’introduction par le ministère des Habous et des Affaires islamiques dirigé par Ahmed Taoufiq d’une clause qui oblige le pèlerin marocain pour le hajj 2024, un des cinq piliers de l’islam, « à ne pas protester même en cas de retard de l’avion », fait...

Maroc : les appels au Jihad dans les mosquées interdits

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, a rappelé aux imams marocains les limites de leur rôle concernant la question palestinienne.

Le Maroc veut le retour des MRE

Le Maroc met les moyens pour faire revenir ses cerveaux. Une enveloppe budgétaire conséquente, et inédite, vient d’être spécifiquement allouée pour inciter les compétences marocaines expatriées à contribuer à l’effort national de recherche et...

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.

Maroc : attention à la pénurie de cash

À quelques jours de la célébration de l’Aïd al-Adha, bon nombre de Marocains redoutent une pénurie de liquidités dans les guichets automatiques bancaires (GAB).