
Débuté le 1ᵉʳ mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé la date de l’Aïd al-Fitr, marquant la fin de la période de jeûne.
Très largement suivi par les élèves musulmans dans les collèges et lycées, le ramadan est entré dans les moeurs de l’école laïque et la plupart des enseignants disent gérer sans problème particulier les contraintes liées à cette période.
"C’est un phénomène qui s’est banalisé", estime le proviseur du collège La Courtille à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Jean-Marc Muller, qui, à l’instar de ses collègues, a constaté une forte croissance du nombre d’élèves observant le ramadan.
"Il y a un certain nombre d’années, cela concernait les enfants de familles très croyantes. Maintenant ça s’est banalisé, même chez les non-croyants, et il est très rare que les élèves d’origine musulmane ne le pratiquent pas", renchérit un professeur de collège dans le même département, Denis Cittanova.
Vécu par les élèves avec fierté mais sans ostentation -"ils ne font pas ramadan bannière au vent", selon les termes de M. Muller-, cette tradition a pourtant des incidences sur la vie scolaire quotidienne.
Pour les élèves qui observent strictement le jeûne (du lever au coucher du soleil), "c’est sans conteste une épreuve physique", selon un professeur d’histoire, Goulven Kerien. "Ils sont un peu plus excités en période de ramadan, du fait des privations, et il y a parfois un peu plus de tension, d’agressivité", constate-t-il.
"le ramadan est entré dans les moeurs"
"Les profs peuvent être enclins à se montrer moins exigeants en cette période", même si "les plus grands, qui ont déjà pratiqué plusieurs fois le ramadan, arrivent à maîtriser la faim", explique un autre enseignant.
Théoriquement, la pratique du ramadan commence à partir de l’âge de la puberté. Mais les plus petits observent également, de façon fluctuante, le jeûne imposé lors du mois de la piété. "L’année dernière, dans ma classe, certains ne le faisaient que pendant quatre ou cinq jours", se souvient Sébastien, 11 ans, collégien dans le Xe arrondissement de Paris.
La principale "difficulté" soulevée par le ramadan touche essentiellement les lycées, où les cours ont encore lieu à l’heure de la rupture du jeûne.
"Normalement, une datte suffit, et elle peut être ingurgitée discrètement. Mais certains ont tendance à demander une vraie récréation autour de la machine à café... En général ça se fait dans une atmosphère bon enfant", raconte Gilbert Longhi, proviseur du lycée Jean Lurçat à Paris.
"Certains profs refusent toute forme d’alimentation en classe. Mais la pratique générale est une tolérance discrète", estime pour sa part M. Muller.
"Normalement, les élèves ne sont pas autorisés à grignoter en fin d’après-midi, mais il n’y a pas de consigne particulière, ce sont les chefs d’établissement qui gèrent cette question", explique Michel Retail, à l’inspection académique de Seine-Saint-Denis.
"Le ramadan est entré dans les moeurs. Pour nous, c’est essentiellement une réorganisation de la vie scolaire au niveau de la demi-pension", ajoute-t-il, précisant que tous les repas non pris durant cette période sont systématiquement remboursés.
La Croix
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