La classe politique, prise de court par la nomination du Premier ministre, est restée sur sa faim. Vendredi dernier, elle avait les yeux rivés sur le Parlement.
Beaucoup d’hommes politiques et d’observateurs espéraient que le Souverain donne, à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne, des indications sur le choix de Driss Jettou pour former le prochain gouvernement. Il n’en a rien été. SM le Roi est intervenu sur d’autres chapitres. La définition du travail législatif de la nouvelle Chambre des Représentants en est un. En d’autres termes, il a tracé la voie à suivre pour que les députés s’acquittent mieux de leur “mission de relais entre le peuple et l’exécutif”.
C’est le prix à payer pour réhabiliter l’institution parlementaire qui exige des députés une action soutenue et une démarche de proximité. Dans ce sens, les parlementaires peuvent accéder au Maroc profond en se mettant à l’écoute des citoyens. “C’est ainsi que vous pourrez vous faire l’écho des préoccupations de la nation, tout en aidant les citoyens à se faire une idée réaliste de ce qui est possible d’entreprendre pour y répondre”, a dit le Souverain. Le réalisme devra caractériser la majorité mais surtout l’opposition qui devra agir comme une force de proposition. Celle-ci est invitée à s’écarter des surenchères puériles et des controverses stériles pour faire preuve d’imagination et d’innovation. Le Souverain a ainsi invité les députés à faire preuve de sérieux et de rigueur dans leur travail. L’arrivée des 35 femmes députées ne pouvait passer inaperçue. Sur ce chapitre, le Souverain est “convaincu que la réputation de sérieux, de réalisme et d’intégrité de la femme marocaine aura des effets bénéfiques sur les travaux de la Chambre”.
Cependant, l’économie et le social ont pris le dessus dans ce discours, en fixant quatre priorités du Maroc pour les années à venir. Il est incontestable que le gouvernement de Driss Jettou les inscrira en bonne place dans son prochain programme économique et social. La première est l’emploi qui représente le souci premier de toutes les familles marocaines. “Mais nous ne pourrons fournir de l’emploi aux larges franges de la jeunesse qu’en réalisant le développement économique nécessaire, lequel reste tributaire de l’incitation à l’investissement, oui l’investissement, toujours l’investissement ! a martelé le Souverain. Il est déterminé à démanteler toutes “les entraves jusqu’à ce que le Maroc devienne un grand chantier de production, générateur de richesse”. Aussi, est-il impératif d’adopter une loi organique relative à la grève et un code de travail moderne. Un contrat social global de solidarité permettra à l’investisseur et au travailleur de connaître à l’avance leurs droits et obligations.
Troisième priorité, l’enseignement. Il s’agit de mettre en oeuvre la réforme du système d’éducation et de formation, particulièrement dans son volet le plus difficile : la réforme qualitative et l’éradication de l’analphabétisme.
Dernière priorité, l’habitat décent. Une mobilisation générale pour accélérer l’application du programme national de lutte contre l’habitat insalubre et la suppression des bidonvilles. Ceux-ci menacent la cohésion sociale et constituent une source d’exclusion et d’extrémisme.
Mohamed CHAOUI pour l’économiste