Les Marocains résidant à l’étranger : une chance pour le Maroc

6 juin 2004 - 22h59 - Economie - Ecrit par :

Plus de 1.500.000 de Marocains rentrent au pays d’origine pour les vacances d’été.
Ce chiffre est très important, il montre que les Marocains résidant à l’étranger ont une réelle confiance dans leur pays d’origine. Mais qui sont ces Marocains résidant à l’étranger ? Qu’est-ce qui a poussé les primo-migrants à l’immigration ? Quelle est la situation de leurs enfants qui sont nés en France et qui, pour la plupart ne connaissent le Maroc qu’à travers les vacances estivales ? Cette immigration a une histoire, elle est plurielle et peut être une chance pour le Maroc !

Migration militarisée dans un premier temps (les deux guerres mondiales) puis migration de masse durant la période post-coloniale, l’immigration marocaine va s’accentuer dans les années soixante. Ces immigrés auront, à un moment de leur parcours, la possibilité de choisir de rester et d’y faire venir leur famille. Des familles entières ont donc décidé (pour des raisons essentiellement économiques) de s’installer définitivement en France. Beaucoup sont ainsi devenus Français et parents d’enfants français. Cependant, ils restent partagés entre la France, terre d’accueil et le Maroc où se trouve la famille Cette première génération qui a immigré continue à participer au développement du pays en creusant des puits dans les campagnes, en construisant, en envoyant des devises

En France, si le phénomène de l’immigration est inscrit dans l’histoire depuis des décennies, elle reste toujours au centre de l’actualité. Chômage, crise économique ont fait de l’immigré un véritable "bouc émissaire".

Notons que les dictionnaires définissent l’immigré comme celui "venu de l’étranger". Mais l’usage courant donne un autre sens à ce terme lié à plusieurs facteurs : l’apparence physique, le statut social, le mode de vie Les enfants de travailleurs immigrés seront qualifiés d’immigrés alors qu’ils ne sont nullement "venus d’ailleurs". Philippe Dewitte nous rappelle ainsi que l’immigré est devenu "un vaste ensemble fourre-tout qui rassemble les primo-migrants et leurs enfants nés en France et de nationalité française". Ici se situe le problème fondamental : problème de reconnaissance lié à une terminologie très mal définie. Ces jeunes de la "deuxième génération", "les beurs" qui se revendiquent comme Français continuent à être étiquetés comme immigré !.

Ce n’est que dans les années 80 que l’immigration devient un thème central de l’actualité. L’on ne parle plus de la place des ouvriers. Les discours ne sont plus d’ordre économique mais concernent la place que la France doit accorder à ces immigrés (primo-migrants) qui ont décidé de "rester" et surtout à leurs enfants nés sur le sol français C’est dans cette période que l’on commence à parler d’identité nationale, de maîtrise des flux migratoires Insertion ? Intégration ? Assimilation ? Comment considérer ces jeunes qui sont nés en France et qui se revendiquent comme Français ?

Années charnières car années de changements importants, les années 80 correspondent à l’arrivée de la gauche au pouvoir qui favorise la liberté d’associations notamment pour les étrangers. François Mitterrand, candidat à la présidence en 1981, proposera de "supprimer les discriminations frappant les travailleurs immigrés" et d’accorder le droit de vote aux étrangers résidant en France depuis plus de cinq ans De là sont nés de nombreuses associations de Franco-maghrébins ; s’est développé ainsi un milieu associatif mettant ces jeunes "issus de l’immigration" au premier plan. Ils deviennent de véritables acteurs de la société participant activement aux différentes manifestations politiques et culturelles. Très dynamiques, ils créent des associations dans les quartiers parisiens, lyonnais ou lillois. Ils revendiquent ainsi à la fois leurs racines et leur place dans la société française et dénoncent toutes les formes de racisme et d’exclusion.

Ces jeunes "issus de l’immigration", riches de leur double appartenance qui ont réussi en France ou ailleurs décident de devenir de véritables acteurs au développement de leur pays : le Maroc. Ainsi sont créées des associations et des échanges entre les deux rives de la Méditerranée, ils demandent à participer à la vie citoyenne du Maroc ; ils décident d’investir et de créer des entreprises nationales. Les exemples sont nombreux à cet égard.

L’on constate que ces "jeunes issus de l’immigration", les "Beurs" ne vivent pas dans les mêmes conditions que leurs parents, ne sont plus en Europe pour des raisons économiques mais parce qu’ils y sont nés. Riches d’une double culture, ils ne veulent plus être considérés comme des "zmagriyyas" mais comme des acteurs importants de la société marocaine. Pour la plupart, le Maroc n’est pas seulement le pays des vacances, du soleil et de la plage mais un pays où "beaucoup de choses restent à faire" En intégrant pleinement cette population, le Maroc ne pourra qu’en sortir bénéficiaire.

Libération

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