Les Marocains tentent de reconquérir l’Italie

16 février 2005 - 12h17 - Monde - Ecrit par :

Les craintes des exposants à la Bourse internationale de Milan se sont dissipées dès l’ouverture du Salon, samedi 12 février. L’ombre du tsunami ne planait plus ou presque, sur l’atmosphère. Quelques semaines après les dramatiques événements, les professionnels du tourisme venus de quatre coins du globe ont préféré se tourner vers l’avenir.

Quelque 100.000 professionnels de 129 pays se sont donné rendez-vous du 12 au 15 février à la 25e édition de la Bourse internationale du Tourisme de Milan. Pour la majorité d’entre eux, l’initiative relève presque du rituel, mais ne manque pourtant pas de susciter, chaque année, un intérêt certain. Vitrine des offres de l’ensemble des destinations mondiales, la Bourse internationale de Milan est une des rencontres majeures dans le domaine touristique.

Du Maroc, une soixantaine de professionnels ont fait le déplacement pour participer à cette 25e édition. Douze stands leur ont été réservés par L’Office national marocain du tourisme au sein du pavillon marocain, conçu sous forme de Casbah, mais pas à ses couleurs. Les décorateurs ont en effet préféré le jaune à la traditionnelle couleur rouge ocre. Les organisateurs n’ont pas opté pour un programme d’animation particulièrement chargé. Seuls un calligraphe et une « hennay » ont été conviés. Aucun dépliant non plus sur l’offre marocaine globale. Le manque de moyens disponibles serait à l’origine de ces « carences en communication ». C’est du moins une des explications avancées. Classée dans la nouvelle vision touristique du Maroc parmi les marchés prioritaires, l’Italie devrait pouvoir bénéficier dès cette année d’un budget plus conséquent. Le lancement d’une nouvelle campagne de communication par l’Office national du tourisme est prévu à partir du mois d’avril prochain. Onze millions de dirhams y ont été consacrés.

Aucune initiative du genre n’avait été prise depuis 1996. Mais les ambitions du Royaume sur le marché italien ne peuvent se concevoir sans une politique de communication agressive. Les prévisions pour la saison en cours tablent sur 270.000 touristes italiens contre 112.000 en 2004, c’est-à-dire, qu’il faudra plus que doubler le score de l’année dernière. « Les Italiens ne connaissent pas le Maroc, ou très peu », explique Amine Farissi, représentant de Royal Air Maroc en Italie. Les événements politiques dans la région du Moyen-Orient n’ont pas arrangé les choses, ajoutant davantage de confusion dans leur esprit. Une des toutes premières priorités serait donc de mieux et plus communiquer. « Il faut d’abord positionner l’image du Maroc, explique un professionnel, nos concurrents profitent de cette situation pour drainer les flux vers leurs destinations ».

Les Italiens choisissent la France en priorité pour leurs vacances mais aussi l’Autriche, l’Allemagne, la Slovénie, l’Espagne et la Grèce. Le casting de la concurrence est impressionnant et il faudra plus que de la publicité institutionnelle pour convaincre. De nouvelles destinations réalisent de véritables percées sur le marché italien, depuis près de trois années. La Croatie est un des exemples les plus cités. « Les potentialités du Maroc sont grandes, d’autant plus que le Plan Azur projette d’offrir un produit balnéaire de qualité qui correspond aux attentes de la clientèle italienne », ajoute Farissi.

Le potentiel de développement des flux touristiques italiens vers le Maroc est jugé très important. Les capacités injectées par la compagnie aérienne nationale sur l’Italie ont connu une forte progression tout au long de ces dix dernières années. Et si les MRE constituent une clientèle importante, ils ne sont pas majoritaires. Sur les vols de Royal Air Maroc, deux passagers sur trois sont des touristes italiens. Les MRE choisissent la route ou la voie maritime. « Avec Milan, Rome, Bologne et très prochainement Catagne, notre couverture sur l’Italie est bonne », affirme Driss Benkirane, directeur du Réseau Moyen Courrier à la RAM. Le transfert de l’activité charter à Atlas Blue ne semble pas inquiéter les responsables de la maison mère. La densification du trafic sur l’Afrique et le développement du hub de Casablanca devraient compenser ce transfert. « Nous serons bien entendu concurrents sur un segment de la clientèle mais nos offres sont complémentaires ».

Les deux compagnies comptent mettre les bouchées doubles sur le marché italien. La RAM multiplie ses fréquences sur le marché dès l’été prochain. Atlas Blue, qui dispose actuellement de deux dessertes en provenance de Milan à destination de Marrakech devrait également augmenter ses fréquences.

Le trafic sur l’Afrique figure aussi comme une des priorités. Une offre unique de 350 euros à partir de Milan et à destination des différentes villes africaines vient d’être mise sur le marché par la RAM. Reste à convaincre d’autres tour-opérateurs italiens de programmer la destination. Et de développer l’offre balnéaire, très prisée par la clientèle.

Amale DAOUD - L’economiste

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