Lisbonne : le dernier geste d’Aziz Benharref avant le drame du funiculaire

En vacances à Lisbonne, Aziz Benharref, 42 ans, a trouvé la mort dans le déraillement d’un funiculaire. Son épouse, Hind Iguernane, grièvement blessée, témoigne depuis son lit d’hôpital.

C’était un geste de tendresse, le dernier. En s’installant dans le funiculaire de Lisbonne, Aziz Benharref a échangé sa place avec celle de son épouse, Hind Iguernane, pour qu’elle soit plus à l’aise. Quelques instants plus tard, le 3 septembre dernier, le wagon déraillait dans une course folle, transformant leurs vacances en cauchemar. Aziz, 42 ans, est décédé.

De son lit d’hôpital à Lisbonne, où elle se remet de graves fractures, Hind Iguernane revit la scène. « Très, très vite, comme sur l’autoroute et tout le monde criait », confie-t-elle. Dans le chaos, elle perd connaissance, se réveille, appelle son mari. « J’appelais Aziz et il ne répondait pas ». Pendant deux longues nuits, le personnel soignant élude ses questions, lui répétant simplement qu’on le cherche encore. Un silence insoutenable pour cette résidente permanente du Canada, originaire comme son mari du Maroc, rapporte CTV News.

Cette attente et ce sentiment d’abandon ont été partagés à des milliers de kilomètres de là, à Orléans, par le frère de Hind. Impuissant, il se tourne vers les réseaux sociaux, lançant un appel à l’aide dans des groupes de la communauté marocaine. La réponse est immédiate et bouleversante. Des inconnus, Algériens et Marocains vivant à Lisbonne, se mobilisent. L’un d’eux prend son vélo et se lance dans une recherche effrénée, faisant le tour de sept ou huit hôpitaux de la capitale portugaise.

Cette solidarité spontanée jette une lumière crue sur l’amertume de la famille et des amis envers les autorités canadiennes. Ils déplorent un soutien officiel quasi inexistant et s’indignent que le décès d’Aziz n’ait pas été mentionné par Affaires mondiales Canada, qui a pourtant communiqué sur la mort de deux autres citoyens canadiens dans le même accident. « Nous n’avons reçu aucune aide de leur part », regrette Ayoub Sajjaa, un ami de vingt ans. « C’était triste, car nous disions : “Oh Canada, peux-tu nous aider ?” »

Aziz Benharref sera inhumé au Maroc. Il laisse derrière lui le souvenir d’un homme loué pour sa bonté. « C’était l’un des êtres humains les plus doux qui soient. Gentil avec tout le monde, généreux, travailleur », murmure sa femme. « C’était un mari formidable. Il aimait le Canada ».