Mariage de plus en plus tardif au Maroc

4 novembre 2004 - 11h44 - Maroc - Ecrit par :

De nos jours, les Marocains se marient de plus en plus tard et quand ils le font, ils ne sont pas tout à fait jeunes. Ce célibat prolongé, plus perceptible chez les femmes que chez les hommes, est présenté par beaucoup, comme un choix plutôt qu’un destin.

Si à une époque, la société était beaucoup moins clémente envers les filles dont le célibat se prolonge, les taxant systématiquement de "Bayrat " (vieilles filles), aujourd’hui l’idée même qu’on se fait de la "vieille fille" a énormément changé, surtout dans les villes où ce phénomène est le plus visible.

On parle plutôt de "célibataires", et ce terme qui, par le passé inspirait souvent la pitié, signifie aujourd’hui, pour de nombreux intéressés, indépendance et épanouissement. En effet, qui oserait aujourd’hui crier au scandale quand une fille de 30 ans ne s’est pas encore mariée ou quand un homme, la quarantaine bien sonnée, se complait dans un célibat qu’il trouve confortable ? "Moi, vieille fille ? J’ai plutôt l’impression de vivre comme je l’entends sans que personne ne vienne me demander de ne pas laisser traîner mes affaires ou d’éteindre ma lampe de chevet à 22 heures !", lance Fatiha, 41ans. On pourrait croire que je me console avec ces mots, mais franchement c’est un choix que j’ai fait et que j’assume, affirme-t-elle.

Au Maroc où le mariage reste le cadre d’union le plus prégnant, le concept même de l’union a été modulé par les mutations qui se sont produites dans la société. Un changement de comportement vis-à-vis du mariage a tout doucement commencé à se manifester par une tendance à la prolongation de l’état de célibat des filles comme des garçons, en raison notamment des études qui deviennent de plus en plus longues, des difficultés matérielles dues au chômage ou au niveau de vie assez coûteux.

Le passage du mariage précoce au mariage tardif s’est produit aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural même si dans ce dernier, les coutumes relatives aux décisions de mariage conservent encore tout leur poids. Une enquête du Centre d’études et de recherches démographiques (CERED), révèle en effet un recul très net de l’âge auquel les jeunes filles se marient.

Non seulement cette tendance se confirme à l’échelle nationale, mais elle s’accentue, souligne l’étude, dont un premier état a été présenté récemment par le Haut commissaire au Plan, M. Ahmed Lahlimi. Si en 1960, les Marocaines se mariaient à l’âge de 17 ans, en 1994, elles ne prenaient cette décision qu’à l’âge de 25 ans et aujourd’hui, elles le font à 27 ans et bien plus.

Cette tendance est appelée à s’accentuer encore davantage avec l’application de la Moudawana qui fixe à 18 ans, l’âge de mariage des jeunes filles. On relève cependant l’effet limité de cette "loi" du fait que la problématique de l’âge se pose de moins en moins dans la réalité.

MAP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Famille - Mariage - Jeunesse - Ahmed Lahlimi Alami

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les salles de fêtes se plaignent de "l’absence" de mariages

Au Maroc, la fréquentation des salles de mariage a considérablement baissé cet été au point d’inquiéter plusieurs gérants.

TikTok, la nouvelle mosquée des mariages au Maroc ?

Considéré comme une figure religieuse, un savant qui guide, enseigne, et parfois célèbre des mariages dans le respect des règles de l’Islam, le « fkih » se réinvente, se lance dans la mode du mariage virtuel et joue les entremetteurs sur TikTok.

Mariage marocain à Goult (Luberon) : la mariée tuée, le marié grièvement blessé

Une fête de mariage au sein de la communauté marocaine a connu une issue tragique à Goult, un village du Luberon, où une fusillade a éclaté dans la nuit de samedi à dimanche. Le marié, d’origine marocaine, ainsi que sa famille, ont été la cible d’une...

Maroc : la mode du mariage virtuel

Le mariage en ligne ou « mariage virtuel » est devenu une pratique en vogue au Maroc. Le phénomène suscite l’inquiétude des spécialistes en psychologie sociale qui s’interrogent sur la nature de ces relations humaines sans communication directe, et...

Tarik Khbabez, «  The Tank  » qui veut porter le Maroc à Los  Angeles 2028

Le kickboxeur Tarik Khbabez, revient sur son parcours, de ses débuts difficiles à son titre mondial. Le champion marocain de Glory évoque aussi son rêve de défendre les couleurs du Maroc aux Jeux olympiques 2028.

Ramadan et grossesse : jeûner ou pas, la question se pose

Faut-il jeûner pendant le Ramadan quand on est enceinte ? Cette question taraude l’esprit de nombreuses femmes enceintes à l’approche du mois sacré. Témoignages et éclairages pour mieux appréhender cette question à la fois religieuse et médicale.

Maroc : une sortie en voiture vire au drame

Une sortie en famille qui finit en tragédie. Deux sœurs de 19 et 10 ans sont mortes noyées samedi dans le barrage de Smir près de la ville de M’diq, après que l’aînée, qui venait d’avoir son permis de conduire, a demandé à ses parents à faire un tour...

Ce qui pourrait changer pour le mariage des MRE

Des modifications du Code de la famille marocain (Moudawana) sont envisagées. Sept propositions d’amendements, préalablement approuvées par le Conseil supérieur des oulémas, ont été présentées fin 2024 au Roi Mohammed VI par le ministre des Habous et...

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.