
Le footballeur marocain Achraf Hakimi, qui évolue au Paris Saint-Germain, a révélé que sa mère gérait ses finances depuis ses débuts professionnels, bien avant son mariage.
Le mariage mixte de moins en moins tabou dans notre société ? Les statistiques tendent à le confirmer, encouragées par un contexte légal qui ne cesse d’évoluer comme la Moudawana ou le code de la nationalité
Bien que le phénomène du mariage mixte au Maroc reste socialement marginal, le nombre des Marocains mariés avec des étrangers s’est multiplié par 10 durant cette dernière décennie. Ainsi quelque 10.000 Marocains (hommes et femmes) se sont mariés avec des étrangers en 2007 tandis que ce nombre atteignait tout juste 1.000 personnes en 1997, selon les chiffres du ministère de la Justice.
Le phénomène touche donc un nombre de plus en plus important de Marocains, les femmes en particulier : des enquêtes réalisées récemment ont, en effet, montré que les Marocaines se marient de plus en plus à des étrangers, plus souvent que les hommes. En 1997, plus de 950 femmes marocaines se sont mariées à des étrangers contre 614 hommes. En 2006, les chiffres sont passés à 3.567 femmes et 1.500 hommes. En 2007, les femmes étaient 5.664, les hommes 4.320.
Les Européens restent les premiers concernés par ces mariages.
L’Internet service émotionnel et social
Selon des observateurs, ces chiffres ont flambé récemment étant donné le recours à Internet, particulièrement en ce qui concerne les femmes :
“L’anonymat permet aux timides de nouer des relations avec l’autre sexe. Et cet outil offre ce qu’on peut appeler un service émotionnel et social qui n’a jamais existé auparavant. Les frontières naturelles sont abolies entre les pays et les sociétés. On est dans une société planétaire, de différentes croyances, nationalités, ethnies et langues. Et ces métamorphoses ont des retombées sur toute la structure économique, sociale, politique et culturelle d’une société comme le Maroc”, explique le sociologue Ali Chaabani.
A noter que quelques observateurs évoquent la nouvelle Moudawana comme élément qui favorise une telle démarche. En effet, la nouvelle mouture 2004 du Code de la famille marocain a apporté des changements qui peuvent favoriser le mariage entre une Marocaine et un étranger. L’article 24 de la Moudawana donne à la femme de plus de 18 ans le droit de se marier sans recours à la tutelle (père ou wali).
Le mariage mixte ou l’extrême sensibilité
Comme pour commenter ces statistiques, “le mariage mixte : droit de la femme et de l’enfant” a été le thème au centre d’un séminaire organisé, vendredi dernier à Rabat, à l’initiative de l’Association marocaine des cadres et professionnels formés en Allemagne (MVDAFF), en collaboration avec l’Institut Goethe de Rabat.
Intervenant lors de cette rencontre, Mme Malika Benradi, Professeur à la faculté de droit de Rabat, a mis l’accent sur le mariage mixte en tant que phénomène d’une “extrême sensibilité” vu qu’il confronte deux ordres juridiques, celui du Maroc imprégné d’un référentiel religieux et celui du pays du conjoint fondé, pour la plupart des cas, sur les principes de la laïcité.
Le phénomène, a-t-elle poursuivi, devient encore plus complexe lors de la séparation du couple du fait de la divergence des lois nationales des deux parties, ce qui engendre plusieurs problèmes surtout lorsqu’il y a des enfants.
L’égalité face au Code de la nationalité
M. Ahmed Zoughari, Professeur à la faculté de droit de Rabat, est, pour sa part, revenu sur les principaux changements apportés par le nouveau Code de la nationalité, qui permet à la femme marocaine de transmettre sa nationalité à ses enfants quelque soit celle de leur père et le lieu de leur naissance, ajoutant que le nouveau code de la nationalité a consacré le principe d’égalité entre les deux sexes en matière de nationalité.
L’enfant né d’une mère marocaine est, selon le nouveau code, traité sur le même pied d’égalité qu’un enfant né d’un père marocain, a expliqué M. Zoughari.
Source : Au Fait
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