Maroc-Allemagne : le nouveau gouvernement pourra-t-il résoudre la crise ?

6 décembre 2021 - 14h20 - Maroc - Ecrit par : S.A

Depuis mars 2021, le Maroc a rompu ses relations avec l’Allemagne « en raison des malentendus profonds au sujet des questions fondamentales du royaume ». Le nouveau gouvernement social-démocrate qui sera dirigé par Olaf Schulz pourra-t-il mettre fin à cette crise diplomatique qui perdure  ?

Le nouveau gouvernement d’Olaf Schulz hérite d’une patate chaude : il va devoir gérer la crise avec le Maroc. Ce dernier avait suspendu tout contact, interaction ou action aussi bien avec son ambassade à Rabat qu’avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes « en raison des malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne au sujet des questions fondamentales du royaume ». Les points de friction demeurent la position de l’Allemagne sur le Sahara, son ingérence dans les affaires intérieures du Maroc, la mise à l’écart de Rabat dans des négociations sur l’avenir de la Libye lors d’une conférence organisée à Berlin en janvier 2020 et le récent rapport de Transparency International sur la corruption.

À lire : « L’alliance entre Rabat et Tel Aviv, un choc puissant pour l’Allemagne »

« Compte tenu de sa tendance gauchiste, il serait candide de penser que le nouveau gouvernement, dirigé le socialiste Olaf Schulz, serait moins hostile au Maroc que son prédécesseur, au moins sur la question du Sahara. Tout dépend de qui prendra les rênes du ministère des Affaires étrangères », analyse Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe dans une interview accordée à L’Opinion. « Si les Verts dirigent la diplomatie allemande, l’attitude de Berlin sera aussi à l’écoute des doléances du Polisario que fût celle de l’Espagne par le truchement de Podemos qui soutient vigoureusement le séparatisme du Polisario », ajoute-t-il. Selon lui, ce scénario est d’autant plus probable que la leader de l’Alliance 90 / Les Verts, Annalena Baerbock, a de fortes chances d’être nommée ministre des Affaires étrangères. « Bref, les Verts allemands camperont, dans ce cas-là, sur leur position traditionnelle visant à soutenir le séparatisme sahraoui », poursuit-il.

À lire : L’Allemagne pousse l’Union européenne à agir contre Maroc

Emmanuel Dupuy a par ailleurs fait remarquer bien que les sociodémocrates et le Parti libéral-démocrate (FDP) soient plus pragmatiques que les Verts, le nouveau chancelier allemand Olaf Schulz sera obligé de tenir compte de la position des Verts en ce qui concerne le Maroc et la question du Sahara. Toutefois, « les liens d’amitiés politiques (partis de centre droit) entre FDP et certains partis politiques marocains, tels que l’Istiqlal pourraient “compenser” la position doctrinaire des Verts allemands », estime-t-il. Selon lui, il est probable que le futur exécutif allemand ne soit pas au diapason sur la relation diplomatique avec Rabat. « C’est précisément là où la proximité politique entre partis politiques jouera en faveur d’un équilibre », conclut-il.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Allemagne - Diplomatie

Aller plus loin

Le Maroc gagne sa bataille contre le groupe Scholz

Le Centre international de règlement des différends sur l’investissement (CIRDI) de la banque mondiale a donné raison au Maroc dans le litige qui l’opposait depuis 2019 au...

Sahara : l’Allemagne se rapproche de la position du Maroc

L’Allemagne estime que la proposition d’autonomie est une contribution importante de la part du Maroc pour résoudre le différend autour du Sahara.

L’Allemagne pousse l’Union européenne à agir contre Maroc

Alors que la double crise diplomatique entre Rabat et Berlin et Madrid perdure et le Maroc est accusé d’avoir ciblé 10 000 numéros dont celui du président français Emmanuel...

La visite de l’ambassadeur d’Allemagne à Melilla irrite le Maroc

L’ambassadeur d’Allemagne en Espagne a effectué, jeudi, une visite dans la ville de Melilla. Un déplacement entrant dans le cadre, dit-on, de la coopération sécuritaire, mais...

Ces articles devraient vous intéresser :

Youssef Amrani officiellement ambassadeur du Maroc auprès de l’UE

Nommé en octobre 2021 par le roi Mohammed VI au poste d’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Youssef Amrani aurait reçu en cette fin d’année, l’accord des instances européennes pour démarrer sa mission.

Maroc-Israël : deux ans de relations fructueuses, selon Alona Fisher-Kamm

Mardi a été célébré le deuxième anniversaire de la reprise des relations entre le Maroc et Israël. Une occasion pour Alona Fisher-Kamm, cheffe par intérim du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat, de faire le bilan de ce rapprochement.

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères attendu au Maroc

Le sommet des pays signataire des Accords d’Abraham qui se tiendra au mois de mars pourrait connaître la participation d’Eli Cohen, le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Maroc : pressions pour rompre les relations avec Israël

Alors que Israël intensifie sa riposte contre le mouvement palestinien du Hamas, de nombreux Marocains multiplient les appels à rompre les relations diplomatiques entre le Maroc et l’État hébreu. Au Maroc, de nouvelles manifestations ont été organisées...

Les MRE confrontés à un durcissement des conditions d’envoi de fonds depuis l’Europe

Face au durcissement des autorités européennes sur les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE), le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri appelle à une action diplomatique d’envergure.