La participation de Saad Lamjarred à la 19ᵉ édition du Festival Mawazine, prévue du 21 au 29 juin prochain, semble compromise. Des sources proches des organisateurs ont révélé l’échec des négociations entre les deux parties.
Ils étaient plusieurs milliers à attendre sous le crachin que la télévision et la musique les arrachent de leur quotidien.
Vendredi, samedi et dimanche, les Bidaouis auront peut-être remarqué un attroupement inhabituel aux abords de l’hôtel Plaza près du boulevard Zerktouni. Un casting y était organisé pour le compte de la chaîne Rotana, dans le cadre de son émission "X-factor". Un casting où plusieurs milliers de jeunes, de 16 à 30 ans, sont venus tenter leur chance pour participer à cette émission de télé réalité musicale. Ils étaient peut-être poussés en cela par l’exemple de Rajaa Kasbani, une jeune casablancaise âgée de 26 ans, qui a remporté le dimanche 4 juin la finale de l’émission "X-factor". La chaîne Rotana n’hésite pas à la présenter comme "plus importante émission de télé réalité de détection de talents". Ouverte à tous, à condition d’avoir plus de 16 ans, cette émission se propose de " trouver un talent majeur mais méconnu de la musique ". Un concept que Rotana est loin d’avoir inventé : il s’agit en fait de l’adaptation de l’émission de téléréalité musicale de même nom, créée par la compagnie américaine Fremantle, et diffusée au Royaume-Uni, en Belgique, en Colombie, en Australie et en Russie.
Le concept est bien rodé : les participants sélectionnés à l’issue de ces castings sont classés par catégorie de 100 personnes chacune : les 16 à 24 ans, les plus de 25 ans, et les groupes de chanteurs. Cette "promotion" s’envole ensuite pour Beyrouth, où l’attend un stage d’entraînement. L’émission commence là, dans cette sorte d’école musicale télévisuelle, où le spectateur est invité à assister à la naissance d’une star. Laquelle, sous l’égide d’un juge, musicien reconnu, donne les indispensables conseils pour accéder au talent. Des conseils qui ne manqueront pas à leur tour de donner des vocations à certains téléspectateurs. Car l’émission, loin de tourner autour des participants, s’adresse en fait avant tout aux téléspectateurs : ceux-ci sont invités à jouer au jury. Car en votant à distance pour son champion, le téléspectateur devient le directeur artistique virtuel qu’il aurait rêvé d’être. Et accessoirement, garantie de confortables retombées sonnantes et trébuchantes à la chaîne. Car les SMS et coups de fils en provenance de millions de téléspectateurs à travers tout le monde arabe représentent sans doute l’enjeu principal de l’opération, au-delà de l’aspect artistique. Selon le quotidien Al-Hayat, à l’occasion de "Star Academy", LBC aurait enregistré près de 70 millions d’appels (surtaxés) provenant des 22 pays arabes.
L’élimination au fur et à mesure de participants étant l’occasion de mélodrames nationaux, où les sentiments nationalistes peuvent être aisément brandis. Mais, c’est pour la finale que la tension est maximale, l’affrontement des deux finalistes donnant lieu à des expressions de solidarité panarabes, rangées en deux camps bien distincts. L’Égypte et le Koweït ont ainsi eu l’occasion de s’affronter par candidat interposés dans l’enceinte de l’émission "Star Académy" mais aussi au-delà : "Une société de téléphonie mobile et une chaîne satellite égyptiennes ont participé à la campagne de mobilisation qui a failli se transformer en guerre lorsque les Koweïtiens ont décidé officiellement d’ouvrir les réseaux de portables gratuitement afin de faire gagner leur compatriote dans cette bataille", rapporte l’hebdomadaire Al-Arabi.
C’est finalement l’Egyptien Mohamad Attiya qui a gagné contre son concurrent koweïtien Bachar. Une affaire dont Georges Moussa, journaliste à Al-Hayat, s’est emparé : "La victoire de Mohamad Attiya marque un point pour la fondation libanaise, qui a ainsi fermé la porte aux rumeurs autour de son parti - pris pour le Koweïtien Bachar, ou encore son pouvoir à influencer les résultats du vote".
Mais qu’y a-t-il à gagner pour le participant ? Formellement, le droit de réaliser un album produit par la chaîne. Mais c’est moins l’album qui motive les participants, candidats à la célébrité, que d’être propulsés sur le devant de la scène médiatique.
La chaîne Rotana a ainsi réalisé des castings comme celui de Casablanca dans 6 autres pays arabes (Liban, Egypte, Bahreïn, Dubaï, Jordanie et Syrie), ce qui est un moyen de s’assurer une audience remarquable dans chacun de ces pays. Par exemple, les enquêtes par sondage effectuées en Tunisie ont montré que la troisième chaîne du pays, la chaîne libanaise LBC, devait cette position en grande partie à son émission phare "Star Academy", équivalent libanais également de "X factors". Sur Hannibal TV (chaîne privée tunisienne), la deuxième émission la plus regardée est le résumé quotidien de Star Academy. Les castings internationaux des chaînes satellitaires ne devraient donc pas cesser.
Libération - Antony Drugeon
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