Le Maroc devient la base arrière de l’industrie chinoise

8 mai 2025 - 11h00 - Economie - Ecrit par : S.A

La Chine investit massivement dans les usines marocaines, notamment l’automobile, et ce, pour plusieurs raisons.

Selon une estimation, les investissements au Maroc des producteurs chinois d’énergie, de véhicules électriques et de batteries ont explosé ces dernières années, atteignant 10 milliards de dollars dans ce secteur, rapporte New York Times, ajoutant que des dizaines d’entreprises chinoises du secteur automobile s’implantent au Maroc, notamment le fabricant de batteries Gotion High-tech. En 2023, CNGR Advanced Material Co., un fabricant chinois de composants de batteries, avait noué un partenariat avec le fonds privé d’investissement africain Al Mada pour construire une base industrielle au Maroc. Avec un investissement total dépassant 2 milliards de dollars, ils prévoyaient de commencer la production de matériaux pour batteries sur un nouveau site à Jorf Lasfar, sur la côte atlantique du Maroc, cette année 2025.

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En juillet 2024, huit fabricants chinois ont annoncé des projets d’implantation de nouvelles usines pour fabriquer des pièces pour véhicules électriques près de Tanger et dans les parcs industriels près de l’océan Atlantique, qui pourraient donner droit à des crédits de 7 500 $ pour les acheteurs de voitures aux États-Unis. Ils ont également prévu d’étendre ses investissements à d’autres pays qui partagent des accords de libre-échange avec les États-Unis, notamment la Corée du Sud et le Mexique. Cette stratégie chinoise est mise en place depuis la promulgation par le président Joe Biden de l’Inflation Reduction Act, la loi américaine de 430 milliards de dollars conçue pour lutter contre le changement climatique.

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Ces investissements massifs chinois dans les usines marocaines s’expliquent par le fait que le Maroc se trouve aux portes de l’Europe et de l’Afrique et y construit depuis 20 ans un « écosystème industriel automobile », a déclaré Alexandre Kateb, économiste et fondateur du Multipolarity Report, une plateforme de conseil stratégique. Le royaume dispose d’un réseau de transport sophistiqué, comprenant des ports comme Tanger-Méditerranée, et d’importantes réserves de phosphates, utilisés dans la production de batteries automobiles. Le pays a également engagé une transition rapide vers les énergies propres. Selon Auto World Journal, le Maroc est devenu le premier exportateur de voitures vers l’Union européenne en 2023, dépassant la Chine, le Japon et l’Inde.

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Autres atouts majeurs : le Maroc a un accord de libre-échange avec l’Union européenne, qui servent de nœuds de connexion dans un système commercial mondial qui se recompose autour d’un parcours d’obstacles fait de tarifs élevés, de restrictions commerciales et de rivalités géopolitiques. Mais la Chine ne pourra pas profiter de ces avantages pendant longtemps. Déjà en 2024, l’administration Biden a bloqué les véhicules électriques chinois en imposant des droits de douane de 100 %, et l’Union européenne a augmenté ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois jusqu’à 45 %. De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a augmenté les droits de douane sur la Chine jusqu’à 145 %.

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De plus, il n’est pas exclu que l’administration Trump fasse pression sur le Maroc – éventuellement en menaçant d’augmenter les droits de douane – pour qu’il adopte une position pour ou contre la Chine. Le Maroc « considère la Chine comme un partenaire majeur », a déclaré Ahmed Aboudouh, chercheur associé au programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Chatham House, mais il est « conscient du risque » que le président américain puisse sévir contre les pays qui commercent avec la Chine.

Depuis 2004, un accord de libre-échange lie le Maroc et les États-Unis, mais l’administration Trump impose un droit de douane de 10 % sur les exportations marocaines. Cependant, le Maroc n’a pas été menacé par les droits de douane supplémentaires punitifs imposés à des pays comme le Mexique, le Vietnam et la Thaïlande.

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