Maroc : Seulement 10% de femmes parlementaires !

26 avril 2007 - 00h42 - Maroc - Ecrit par : L.A

Elles ne sont que 35 femmes à siéger au Parlement. Soit seulement 10%. Un quota « ridicule » « imposé » par l’Etat devant la réticence de certains milieux politiques. Amer constat comparativement à ce qui a été réalisé dans d’autres pays.

En Mauritanie voisine, les femmes représentent 21% de l’ensemble des parlementaires. Dans le lointain Rwanda, le Parlement est constitué de 49% de femmes. La plus grande représentation féminine en Afrique et l’une des meilleures dans le monde. En Syrie, elles sont 13% à avoir accédé au Parlement lors des dernières élections législatives (22 et 23 avril 2007).

Le débat organisé, hier mardi, à Casablanca, par l’association 2007 Daba dans la perspective des prochaines échéances électorales n’a pas démérité. Même si certaines interventions n’entraient pas réellement dans l’axe du thème retenu pour cette rencontre, à savoir « femmes parlementaires et l’approche genre », le doigt des « défenseurs » de la cause de la femme est allé directement à la plaie. Alors que les Marocaines sont de plus en plus présentes dans le monde des affaires, sur la scène économique et sociale, sur le champ culturel et sportif, elle demeure « cloisonnée » dans un quota insignifiant de 10% au Parlement.

Un pourcentage dont certains partis, malheureusement pas seulement les rétrogrades parmi eux, paraissent fiers de faire figurer sur leurs statuts. Alors qu’en fait, c’est à une véritable parité qu’ils auraient dû appeler, affirmera une participante.

Quoi qu’il en soit, la présence de la femme marocaine dans les institutions et les instances politiques et gouvernementales est encore en deçà de ses potentialités. Une journée durant, les expériences de pays amis ont été passées au peigne fin. Histoire, certainement, de rappeler aux Marocains qu’ils « ne font toujours pas confiance à leurs femmes ». Ironique, cette militante de la cause de la femme ira jusqu’à affirmer à L’Economiste que des « rencontres pareilles doivent être organisées au profit des hommes ». « Ce sont eux qui doivent comprendre que les femmes représentent un peu plus de 50 % de la population marocaine. Et que rien ne justifie qu’elles ne soient pas considérées comme les égales des hommes ni prendre part à la prise de décision ». Comme le stipule la Constitution, ne manquera-t-elle pas d’ajouter. « La question de la représentativité des femmes dans le champ politique met en adéquation plusieurs paramètres : celui qui relève des acteurs en présence porteurs de revendications, celui qui relève du mode de revendication, et enfin, celui qui relève des mécanismes employés pour appliquer ces revendications », soulignera, pour sa part, Noureddine Ayouch, président de 2007 Daba. Il ne ratera pas l’occasion de rappeler que certains « schémas sociopolitiques persistent et font blocus à toutes velléités émancipatrices ». Il a aussi formulé l’espoir de « voir la donne évoluer, prétendre à un changement voulu et décidé par les composantes du champ politique et les pouvoirs publics ». Le président de 2007 a été presque pris à partie par Nouzha Skalli, parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS) qui faisait un tour par là, question de voir comment cela se passe. Elle a reproché à Ayouch de ne pas avoir invité de parlementaires marocaines à prendre part au débat. Ce qui est vrai tout autant que 2007 Daba a invité des participantes de Syrie, de Mauritanie, de Suède, d’Espagne et de France.

Intervenant au cours du même débat, Yasmina Baddou, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées, a beaucoup plus mis l’accent sur les efforts déployés par le gouvernement pour assurer égalité et équité entre l’homme et la femme. Elle a rappelé alors les différentes actions entreprises par son département dans ce cadre. Yasmina Baddou a annoncé dans son intervention qu’une stratégie nationale pour l’équité et l’égalité entre les sexes par l’intégration de l’approche genre dans les politiques et les programmes de développement a été élaborée. Elle sera rendue publique prochainement, a-t-elle promis. En même temps qu’une charte nationale pour améliorer l’image de la femme dans la presse.

L’Economiste - Jamal Eddine Herradine

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Lois - Partis politiques - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Cosmétiques contrefaits : une bombe à retardement pour les Marocaines

Nadia Radouane, spécialiste en dermatologie et esthétique, alerte les Marocaines sur les risques liés à l’utilisation des produits cosmétiques contrefaits.

Maroc : WhatsApp banni pour la Gendarmerie royale

Suite à la décision de justice annulant un procès-verbal dressé via WhatsApp, la Gendarmerie royale a invité les commandements régionaux, casernes, centres et patrouilles au respect strict des textes en vigueur et à éviter d’envoyer tout document via...

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

« Sexy ! » : le harcèlement de rue dénoncé par une tiktokeuse au Maroc

Une célèbre tiktokeuse vient de visiter le Maroc et elle en vient à la conclusion que c’est le pays le plus sexiste au monde. Elle a toutefois salué l’hospitalité marocaine.

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Maroc : les fraudeurs fiscaux bientôt devant la justice

Au Maroc, les fraudeurs fiscaux présumés vont répondre de leurs actes. Les contrôleurs de l’administration fiscale ont transmis leurs dossiers à la justice aux fins de poursuite.

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.