Elections : Les femmes en ordre de bataille

10 juin 2007 - 08h56 - Maroc - Ecrit par : L.A

La bataille pour une place sur la liste nationale n’a pas encore révélé tous ses secrets. Dans les grands partis, les femmes jouent du coude pour être dans une position éligible. Dans les petits, elles se battent pour la tête de liste, le seul chemin sûr pour la Chambre des Représentants. Le quota de 10% réservé aux femmes est ainsi très prisé.

Pourtant, le choix de consacrer un quota aux femmes, même antidémocratique, avait un but pédagogique : encourager leur accès au Parlement. En principe, un seul mandat suffit pour qu’une femme soit connue et imprégnée du travail politique. Pour un deuxième mandat, elles doivent se présenter directement dans les circonscriptions locales.
De cette manière, elles laisseront la place à d’autres femmes pour s’entraîner au travail parlementaire. Pour un responsable de l’USFP, les femmes politiques ne se sentent pas prêtes à aller dans une circonscription locale pour conquérir un siège. Selon lui, plusieurs d’entre elles ne veulent pas voir leur photo affichée partout dans la circonscription.

Il est incontestable que les femmes en tête de liste dans les circonscriptions locales ne sont pas présentes en force. Le PJD n’avance aucun nom car ceux qui remontent des régions sont proposés pour la liste nationale. En outre, le découpage électoral, avec des circonscriptions étendues géographiquement, n’est pas favorables à la gente féminine.

Hormis Yasmina Baddou (Istiqlal) qui se représente à Casablanca-Anfa sur la liste locale, les femmes sont tentées par la liste nationale. Et le choix des noms est souvent un casse-tête pour les états-majors.

Dans cette course, l’Istiqlal a préféré soumettre la sélection au Conseil national du parti. Abbès Al Fassi a pour l’heure d’autres priorités. L’instance du parti tranchera vers la fin juin sur une liste d’une quarantaine de candidates. Des noms circulent comme celui de Naïma Khaldoune, Latifa Bennani Smirès, Malika Assimi ou encore Najat Abou Ali, toutes membres du bureau exécutif.

L’USFP, quant à elle, a réglé une partie du problème. La tête de liste sera confiée à Mme Aïcha Belarbi, ancienne ministre de la Coopération dans le premier gouvernement Youssoufi et ex-ambassadrice du Maroc à Bruxelles. Le reste sera difficile à résoudre, tellement les candidates sont nombreuses et veulent se positionner de 1 à 6 sur la liste. C’est le cas notamment de la ministre Nezha Chekrouni (même si elle préfère un poste au conseil supérieur de l’émigration), de Nezha Alaoui, et les députées sortantes.

Le Mouvement Populaire semble avoir résolu cette question. Du moins pour la tête de liste qui sera accordée à la députée Halima Assali, proche de Mahjoubi Aherdane et Mohand Laenser. Elle sera secondée par Zahra Chagaf, présidente de l’organisation féminine. D’ailleurs, l’Amghar aurait demandé à ce qu’on réserve les 3e et 4e places pour notamment la femme de son fils Ouzine, lui-même tête de liste à Khémisset-Oulmès.

Le RNI n’a pas encore officiellement tranché. Il le fera après la constitution du bureau exécutif ce samedi. Mais il y a de fortes chances que la tête de la liste nationale soit occupée par Fatéma Layli, députée sortante et membre du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (Corcas). Elle a été le bras droit de Mustapha Mansouri dans sa conquête pour la présidence du parti. La deuxième position sera certainement accordée à Najiba Tay-Tay, ex-secrétaire d’Etat à l’alphabétisation et l’éducation formelle du premier gouvernement de Jettou. D’ailleurs, au cours du dernier congrès du parti, cette enseignante universitaire a été éliminée de la liste des congressistes d’Agadir où elle habite. Son nom a été introduit sur la liste d’Al Hoceima.Najiba Tay-Tay, originaire de l’Oriental, a été un soutien inconditionnel de Mansouri. Selon l’anecdote, elle s’était évanouie à la proclamation des résultats. On parle également de Souad Lkrafas, femme de l’ex-bras droit de Ahmed Osman, et de Oumayma Kettani, ex-membre du cabinet de Najib Zérouali, alors ministre de la Fonction publique et actuel ambassadeur du Maroc à Tunis. Le nom de Naïma Farah, actuelle chef de cabinet de Mohamed Boussaïd, ministre de la Modernisation des secteurs publics, est également cité.

Le PJD a décidé de confier la tête de liste à Fatima Bellahssène, députée de Tanger, élue au niveau local en 2002. Très active, elle a beaucoup fait parler d’elle lors de l’affaire de l’expropriation des terrains du projet du complexe portuaire Tanger-Méditerranée. La liste du PJD comprend également deux femmes de la communauté marocaine établie à l’étranger. L’une est installée en Italie, l’autre en Hollande. Rien n’est encore officiel puisque le secrétariat national du parti apportera des ajustements. Mais cela ne changera pas cette disposition, soutient Lahcen Daoudi, membre du secrétariat général du PJD.

Quant au PND de Abdallah Kadiri, il compte présenter Milouda Hazibe, numéro « deux » du parti. Très dynamique, elle anime fortement le travail parlementaire au niveau des commissions comme dans les séances plénières.

Au PPS, Moulay Ismaïl Alaoui est confronté à un vrai dilemme. Il n’arrive pas à choisir entre deux femmes candidates pour la tête de liste. La première est Nezha Skalli. Cette pharmacienne a été très active au Parlement au cours de la législature 2002-2007. La deuxième est Guejmoula Bent Abi, bombardée membre du bureau politique du PPS l’année dernière après avoir claqué la porte du Mouvement Populaire.
Cette problématique ne se pose pas au FFD. La candidature de Bouchra Khyari sera validée par le bureau exécutif. Son frère Thami a promis de ne pas participer au vote.

Pour ce qui est de l’UC, le parti de Mohamed Labied donnera la priorité à de nouveaux visages. Le parti travailliste de Abdelkrim Benatiq compte présenter Mounia Chafik, membre du bureau politique. Cette ancienne de HEC-France est connue dans le monde associatif, particulièrement dans les secteurs fragiles.

L’Economiste - Mohamed Chaoui

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