Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

19 novembre 2024 - 22h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des femmes marocaines.

Certaines plateformes sur les réseaux sociaux proposent aux femmes portant des grossesses non désirées des pilules ou comprimés utilisés pour l’avortement ou « l’interruption volontaire de grossesse ». Une pratique qui inquiète les associations de consommateurs. Pour Bouazza Kherrati, président de l’Union marocaine des droits des consommateurs, « la propagation de ces pilules est préoccupante et nécessite de nouvelles solutions de la part des autorités sécuritaires, qui traquent les vendeurs ». Le responsable a aussi insisté sur « la nécessité pour le parquet de se saisir d’office en se basant sur la surveillance de ces annonces et en lançant des enquêtes ».

Dans une déclaration à Hespress, Kherrati a demandé aux autorités compétentes de prendre les mesures idoines pour identifier les auteurs de ces « actes criminels ». « L’espace numérique pose une difficulté d’un genre différent, ce qui appelle à une intervention adaptée aux défis qu’il présente », a-t-il ajouté, rappelant que « le sujet a été soulevé à plusieurs reprises, mais la surveillance révèle sa persistance, ce qui soulève de nombreuses questions sur l’efficacité des méthodes et des moyens utilisés pour lutter contre ce problème qui menace la vie de nombreuses femmes. » La vente en ligne de ces médicaments, alors qu’elle est interdite en pharmacie, « constitue une menace indéniable pour la santé publique et la vie des consommateurs », dénonce-t-il.

À lire : Appel à un débat sérieux sur l’avortement et la sexualité au Maroc

« Le Code pénal punit de peines de prison et d’amendes la promotion de ces pilules, en raison de leurs graves répercussions sur la santé », a rappelé pour sa part le président de la Fédération régionale des droits des consommateurs de Souss-Massa, ajoutant que « ces comprimés ne peuvent être vendus que sur ordonnance médicale, et sont prescrits pour d’autres maladies chroniques et non pour l’avortement ». « La protection du consommateur exige une intervention ferme des autorités pour appliquer la loi contre ceux qui exploitent la santé des Marocaines et font la promotion de produits de contrebande, en particulier ceux venant d’Algérie », a-t-il renchéri.

Ces comprimés « constituent un risque pour la santé de la mère », soutient de son côté un spécialiste en gynécologie-obstétrique, notant toutefois qu’ils peuvent être utilisés exclusivement par un médecin spécialiste lorsqu’une grossesse s’est arrêtée précocement chez une femme, afin d’éviter toute infection, mais cela se fait sous une stricte surveillance médicale ». « Pour éradiquer ce phénomène, il faut renforcer la surveillance, activer la conscience professionnelle et sensibiliser davantage les femmes. », a conseillé la spécialiste. Pendant ce temps, des organisations féminines continuent d’appeler au « retour de ces comprimés en pharmacie, car ils permettront d’éviter le recours à l’avortement par des méthodes traditionnelles »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Santé - Femme marocaine - Avortement - Ministère de la Santé

Aller plus loin

Un médecin à la retraite au cœur d’une affaire d’avortements clandestins à Agadir

Un ancien médecin de 65 ans, retraité, a été arrêté lundi après-midi à Agadir, pour son implication présumée dans des actes d’avortement illégaux.

Inezgane : plusieurs arrestations après un avortement qui a mal tourné

Quatre personnes ont été arrêtées par les éléments de la brigade nationale de la police judiciaire d’Inezgane, et déférées devant le parquet pour leur implication dans un...

Plusieurs arrestations pour avortement clandestin à Oujda

Sept individus dont cinq femmes, soupçonnés d’être impliqués dans l’exercice illégal d’activités médicales et le trafic de produits pharmaceutiques pouvant exposer au danger la...

Appel à un débat sérieux sur l’avortement et la sexualité au Maroc

Au Maroc, les relations sexuelles hors mariage et l’avortement sont deux pratiques interdites par la loi et la religion. Des interdits qui sont pourtant contournés, d’une...

Ces articles devraient vous intéresser :

Intoxications en hausse au Maroc : quelles solutions ?

La Fédération marocaine des Droits des Consommateurs s’inquiète après la hausse des cas d’intoxication alimentaire enregistrés dans certains restaurants ces dernières semaines. Elle appelle le ministre de la Santé et de la Protection sociale à...

MRE : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La question de l’importation de médicaments personnels se pose fréquemment pour les voyageurs se rendant au Maroc. L’Administration des Douanes marocaine a prévu un dispositif de franchise de droits de douane pour les médicaments à usage personnel....

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

Trop gros, Yahia Attia Allah doit faire un régime

Yahya Attiat-allah, nouvelle recrue d’Al-Ahly au poste d’arrière gauche, se retrouve sous le feu des projecteurs, mais pas pour les meilleures raisons. Une prise de poids significative menace sa participation aux prochains matchs du club égyptien.

L’anarchie des salons de beauté au Maroc dénoncée

La docteure Hanan Atrakin, spécialiste en chirurgie esthétique et députée du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a exprimé ses inquiétudes face à la prolifération au Maroc des salons de beauté offrant des services esthétiques médicaux, évoquant une...

Tatouage au henné : attention danger

La fin du Ramadan et la période de l’Aïd, pour les jeunes filles, une période propice pour mettre du henné sur les mains. Si certaines mères acceptent que leurs filles appliquent le henné, d’autres préfèrent se passer de cette pratique pour préserver...

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Au Maroc, des « saltos » mortels

Un médecin généraliste en service à l’hôpital Hassan II de la ville de Fnideq alerte contre le salto, les plongeons à haut risque exécutés depuis les hauteurs rocheuses des plages surtout en période estivale, qui coûtent la vie aux mineurs et aux...

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.