L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.
L’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis et la perspective d’un raz-de-marée islamiste lors des échéances électorales de 2007 ont été au cœur de la séance d’information tenue, mercredi 1er février à Rabat, entre une délégation du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) et des responsables et entrepreneurs français établis au Maroc.
Ces nouvelles donnes sont considérées comme les deux plus importantes sources d’inquiétude pesant sur le partenariat tissé, tous secteurs confondus, entre le Maroc et la France.
Dans un pays où il y a urgence économique et sociale, l’hypothèse de l’entrée des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) dans la gestion des affaires publiques est perçue avec appréhension par les investisseurs français.
Réformes et réalisations
L’ambassadeur au Maroc de la France, Philippe Faure, s’est voulu rassurant. Pour lui, rien ne va changer, si ce n’est pour le mieux. « Les priorités nationales du Maroc sont partagées par le PJD, un parti libéral en matière économique », a-t-il déclaré.
L’autre source d’inquiétude du patronat français concerne l’accord de libre-échange signé entre le Maroc et les Etats-Unis. Le Millenium Challenge Account (Compte du millénaire), auquel le Maroc est un sérieux candidat, n’arrange pas les choses. La place de la France en tant que premier partenaire du Maroc est en jeu. Pour l’ambassadeur, cette situation traduit une déception marocaine à l’égard de l’Europe en général, et de la France en particulier. Et de rassurer de nouveau : « l’Union européenne, avec laquelle le Maroc sera également lié par un accord en 2010, reste le partenaire privilégié ».
Cette rencontre franco-française s’est tenue en préambule à la séance de travail entre les membres de la délégation et le Premier ministre, Driss Jettou. Plus qu’une séance ordinaire, cette rencontre a été l’occasion pour plusieurs membres du gouvernement de revenir sur les principales réformes et réalisations concrétisées par le Maroc dans les domaines des finances et privatisation, tourisme, transport, énergie, industrie et de l’eau. Des domaines et des performances auxquelles la France et, par extension, l’Europe sont associées. Exemple en est le secteur touristique où le Maroc est la première destination des Français en dehors de l’Union européenne et où le groupe français Accor est numéro 1.
Le Premier ministre a bien résumé la situation en affirmant que « les priorités nationales en matière de développement économique et social représentent autant d’opportunités d’affaires pour les investisseurs européens en général, et français en particulier ».
Pour lui, le partenariat Maroc-UE est plus qu’une association commerciale, mais un choix de société. D’où les réformes engagées par le Maroc dans plusieurs secteurs. Les succès enregistrés font du Maroc un partenaire de choix pour l’Europe. Un statut que confortent plusieurs exemples cités lors de la séance d’information. C’est le cas pour un secteur traditionnel comme la métallurgie. Jean-Claude Bouveur a ainsi présenté Delattre Levivier Maroc qu’il dirige et qui emploie 1.000 salariés, « dont seulement 5 sont Européens » et qui représente 20% du marché. L’exemple du partenariat public-privé via le système de concessions a également été souligné.
Olivier Dietsch, responsable à Veolia, a précisé dans ce sens que 70% des opérations de gestion d’eau, d’électricité et d’assainissement sont délégués. Des expériences et des conjonctures seront aussi discutées ce jeudi par les membres de la délégation avec leurs homologues de la Confédération générale des entreprises du Maroc à Casablanca.
Auparavant, les représentants du patronat français devaient s’entretenir avec Mustapha Bakkouri, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et Hassan Bernoussi, directeur général à la direction des Investissements.
Tarik Qattab - L’Economiste
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