
Pourquoi Revolut pourrait bouleverser le secteur bancaire marocain
Revolut, le géant britannique de la fintech, serait sur le point de finaliser les démarches administratives en vue de son implantation au Maroc. Son arrivée sur le marché...
La fintech britannique Revolut envisage de s’installer au Maroc. Des discussions préliminaires ont eu lieu avec la Banque centrale. Ce projet pourrait transformer le paysage bancaire du pays en offrant une alternative aux consommateurs, notamment les Marocains résidant à l’étranger (MRE)
Selon le magazine Jeune Afrique, des discussions préliminaires ont eu lieu début août entre les dirigeants de la société et Bank Al-Maghrib. Cette perspective soulève des questions tant sur les opportunités pour les consommateurs que sur les défis réglementaires à surmonter.
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Ces premiers échanges ont permis de poser les bases d’une exploration. Une source autorisée de la Banque centrale, citée par l’hebdomadaire, a précisé que « les échanges ont porté sur les spécificités de l’écosystème financier marocain, l’offre bancaire existante et les besoins éventuels en termes de services susceptibles de répondre à des segments de marché spécifiques ». De son côté, Revolut a confirmé son intérêt pour le pays, indiquant que « le Maroc est un marché que nous évaluons et que nous considérons comme attractif, avec le potentiel d’offrir une proposition de services unique à nos clients ».
L’attrait de Revolut pour les consommateurs repose principalement sur son modèle économique réputé pour ses frais réduits. Cette approche pourrait répondre à une préoccupation locale, comme le souligne Ouadi Madih, président de la Fédération nationale des associations du consommateur (Fnac). Il estime le coût des services bancaires pour un usager marocain entre 1 000 et 2 000 dirhams par an. Les Marocains résidant à l’étranger, qui ont transféré plus de 117 milliards de dirhams en 2024, constituent un autre segment potentiellement intéressé par des solutions de transfert moins coûteuses.
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Au-delà des consommateurs, le modèle “freemium” de la fintech, qui combine services gratuits et options payantes, s’inscrit dans les objectifs des régulateurs marocains. Ces derniers cherchent à la fois à augmenter le taux de bancarisation, qui était de 54 % en 2024, et à accélérer la digitalisation des paiements. Cet objectif se heurte toutefois au modèle de revenus des banques traditionnelles, pour qui les commissions ont représenté près de 10 milliards de dirhams en 2024, soit 14 % du produit net bancaire. D’ailleurs, le Conseil de la concurrence a récemment rappelé l’interdiction de prélever des frais sur les paiements électroniques, ce qui témoigne des tensions existantes sur ce sujet.
Cependant, l’implantation de l’entreprise britannique fait face à d’importants obstacles réglementaires rapportés par le magazine panafricain. D’une part, la loi 31-08 sur la protection du consommateur ne prévoit pas de mécanisme de rétro-facturation (“chargeback”) en cas de fraude à la carte bancaire, une norme établie sur d’autres marchés. D’autre part, la législation sur la protection des données personnelles (loi 09-08), datant de 2009, est jugée dépassée. Le doctorant Yasser Elkouri, également cité, note que « les systèmes d’intelligence artificielle entrent souvent en conflit avec les principes de la loi 09-08, créant des tensions entre innovation technologique et protection des droits individuels ». La concrétisation du projet de Revolut dépendra donc de sa capacité à naviguer dans ce cadre juridique spécifique.
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