Maroc/UE : L’UE mise sur le capital humain

18 mai 2007 - 01h51 - Maroc - Ecrit par : L.A

Dans le cadre de sa campagne de visibilité au Maroc, la délégation de la Commission Européenne a organisé une table ronde autour de la valorisation de l’élément humain, à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.

Le soutien aux programmes de recherche, d’éducation, de santé mais aussi aux projets culturels était au centre des débats.

La représentante de Habib El Malki, ministre de l’Education Nationale, a exposé les différents volets de la coopération en matière de recherche et d’éducation avec les européens.

Tout d’abord, elle a souligné la récente mise en place par son ministère de 27 points de contacts dans les universités du Royaume pour aider les chercheurs à soumettre leurs projets dans le cadre des PCRD puis à les gérer en cas de réponse positive.

Elle a par ailleurs mis l’accent sur le succès du programme TEMPUS de soutien à la recherche dont bénéficient 115 projets marocains.
José Roman Lena Lora, représentant l’ambassadeur de la Commission Européenne, Bruno de Thomas, absent pour cause de visite de la Présidente Lettone au Maroc, a pour sa part, rappelé le cadre de la coopération culturelle euroméditerranéenne. Elle prend sa source dans le troisième volet de la politique de voisinage lancée par Romano Prodi, alors président de la Commission. Constatant que les accords ne pouvaient pas se limiter aux domaines de l’économie et de la sécurité, les partenaires avaient décidé de s’entendre sur une troisième partie portant sur la culture au sens large et le développement par le seul moyen valable, c’est-à-dire l’investissement en capital humain.
Il a réaffirmé les trois impératifs de la condition humaine : l’impératif éthique (l’Homme au centre), politique (citoyenneté active), et socio-économique (insertion dans une société prospère).

Même si le conseiller a reconnu la faible part du budget (500 à 600.000 €) allouée par l’UE à la dimension humaine et socio-culturelle, il a cité les nombreux programmes soutenus notamment en matière de santé publique, de soutien au tissu associatif, et s’est placé sur le terrain qualitatif.

En effet, pour lui « le dialogue civilisationnel est le seul chemin viable ».
Dans le domaine purement culturel, Safaa Kaddioui, responsable de projets à la délégation de la Commission Européenne, s’est félicité de l’organisation du Festival de cinéma européen, et de jazz du Chellah, qui complètent la forte implantation culturelle de pays membres tels la France ou dans une moindre mesure l’Espagne.

Abdelali Benamour, membre du CCDH, de la COSEF et fondateur de l’Association « Alternatives » a, quant à lui, dressé un véritable réquisitoire sur les insuffisances de l’éducation nationale qui, selon lui, n’est pas assez productive, ne serait-ce qu’en nombre d’ingénieurs, et ne forme pas d’hommes ou de femmes en mesure de prendre part au développement du pays.

Il s’est prononcé pour une réforme profonde de l’enseignement, avec la recréation de filières techniques, une orientation contraignante, et une obligation de contribuer au service public de l’enseignement pour les plus riches parallèlement au développement d’un fort secteur privé.
Il s’est félicité de l’ouverture prochaine du programme européen de bourses d’études « Erasmus Mundus » au Maroc mais a appelé à l’étendre, pour ouvrir toujours plus les cursus des étudiants marocains à « l’universel, qui par définition, appartient à tous », a-t-il insisté.

Le public très attentif, s’est révélé entreprenant dans le débat. Aux insinuations d’ingérence, le représentant de l’UE a répondu que tous les projets financés en lien avec le capital humain étaient des projets marocains.

Un étudiant a dit ses craintes de voir s’imposer au Maroc, sous l’impulsion de l’UE, un modèle néolibéral qui irait jusqu’à privatiser tout le secteur éducatif et s’est opposé au développement de l’école privée qui, selon lui, serait facteur d’inégalités et absolument incompatible avec la « gratuité sélective » prônée par M. Benamour.

M. Lena Lora, qui a toutefois reconnu une divergence de vue au sein même de son institution, a rappelé que pour lui, aucun pays qui ne dispose d’un secteur éducatif public solide n’est capable de réussir son développement, et la formation non pas de futurs travailleurs mais de citoyens.

Dans cette même visée d’appropriation citoyenne du savoir, l’UE devrait prochainement financer un centre de documentation, au sein même de l’Université Cadi Ayyad qui, avec ses 41.000 étudiants, est la première au Maroc.

Libération - Léo Purguette

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