25% des Marocains vivent sous le seuil de pauvreté !

24 décembre 2007 - 23h55 - Maroc - Ecrit par : L.A

Au Maroc, environ 15 % de la population vit actuellement en situation de pauvreté, deux tiers vivant en milieu rural, mais avec des poches de pauvreté tant en milieu urbain que rural. 25 % de plus de la population vit au seuil ou en dessous du seuil de pauvreté ; ceux qui vivent à 50 % au-dessus du seuil de pauvreté étant considérés comme « économiquement vulnérables » aux maladies et invalidités, aux intempéries, ou à la perte d’un emploi.

C’est ce que vient de dévoiler une récente étude de la Banque mondiale intitulée « se soustraire à la pauvreté au Maroc ». Les principales conclusions de cette étude de 119 pages concernent la jeunesse et les femmes.

Ainsi, l’étude souligne l’importance de la diversification économique, y compris la migration, l’importance d’acquérir des biens, notamment un logement, les contributions du capital social au bien-être de la communauté et des ménages, l’impact de la corruption et du clientélisme sur les pauvres, les conséquences économiques et de bien-être des disparités entre les genres, le rôle pivot de l’éducation ainsi que l’importance des filets sociaux. « Le Maroc est une société en transition, d’où les aspirations et frustrations de la jeunesse », précise-t-on.

Les enquêteurs de la Banque mondiale indiquent que les ménages pauvres s’en sortiront vraisemblablement mieux dans des communautés qui comptent un pourcentage relativement plus important de ménages non pauvres. Par ailleurs, les ménages qui perçoivent un revenu régulier d’au moins un membre de la famille sont ceux qui ont la moindre probabilité de régresser. « La migration d’un ou de plusieurs membres de la famille, en particulier à l’étranger, est ressortie comme la principale stratégie des ménages pour se soustraire à la pauvreté et demeurer dans une situation de non pauvreté », souligne-t-on.

Mais, malgré l’importance continue de la migration pour le bien-être des ménages, les jeunes sont plutôt « ambivalents » à ce sujet. Quoique la plupart des jeunes interviewés aient reconnu que la migration offre l’opportunité la plus réaliste de mobilité ascendante, bon nombre d’entre eux ressentent la pression parentale pour migrer et craignent les coûts, les difficultés et les dangers, notamment de la migration illégale, selon le rapport des enquêteurs. On note également que l’accès au capital, par le biais des banques, des associations de microcrédit ou de l’héritage contribue au bien-être et à la mobilité des ménages. Par ailleurs, les enquêteurs de la Banque mondiale montrent du doigt la corruption et le clientélisme dans le secteur public et sur le marché qui « affectent toujours les demandeurs d’emploi et les entrepreneurs ». Ainsi, la Banque mondiale a fixé quatre défis pour le Maroc. De prime abord, il y a la promotion des opportunités économiques en appuyant davantage les entreprises.

En matière de crédit, la Banque recommande aux banques d’envisager des moyens plus flexibles pour déterminer l’éligibilité des requérants qui n’ont pas un emploi salarié mais qui peuvent prouver leur solvabilité. Les équipes de Robert Zoellick lancent un appel au gouvernement pour garantir un environnement plus propice aux petites entreprises : « ceci peut se concrétiser en rendant les procédures d’enregistrement plus simples et plus transparentes et en examinant les éventuels impacts adverses du zonage, des permis ou autres réglementations avant leur application ». Le deuxième défi concerne l’encouragement des envois de fonds de l’étranger dans des activités locales productives. Il y a également le développement d’accès aux services municipaux (infrastructures, filets sociaux, opportunités économiques pour les femmes rurales, éducation, soins de santé…).

Le quatrième défi est relatif à l’intégration de la jeunesse à la vie économique et politique. Pour la Banque mondiale, « la jeunesse peut s’avérer un atout important pour le Maroc, si le gouvernement peut réussir à poursuivre son but déclaré d’adopter des politiques axées sur les jeunes ».

Des filets sociaux

Le manque de filets sociaux formels, sous formes d’assurance et d’assistance sociale et de soins de santé abordables, peut être catastrophique pour les ménages, selon cette étude de la Banque mondiale. Ces filets n’ont aucun recours en cas de maladie et de chômage. Les ménages risquent de devoir vendre leurs biens productifs ou leur logement, situation qui fait qu’il leur sera encore plus difficile à l’avenir de se soustraire à la pauvreté et de demeurer hors de la pauvreté.

Aujourd’hui le Maroc - Atika Haimoud

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Sujets associés : Banque mondiale - Pauvreté - Enquête

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