La mésaventure d’une écrivaine marocaine à Melilla

19 janvier 2020 - 10h00 - Espagne - Ecrit par : S.A

Zoubida Boughaba, écrivaine et féministe marocaine, a failli ne pas animer une conférence de presse axée sur la présentation de son livre "Cuentos populares del Rif"(Contes populaires du Rif), le 13 janvier dernier à Melilla. En cause, les membres de la Commission islamique de Melilla (CIM) l’ont menacée de mort.

À l’annonce de la conférence de presse de l’écrivaine, également militante de la lutte pour les droits des femmes, les commentaires se sont multipliés sur les réseaux sociaux. "C’est une personne connue pour ses déclarations islamophobes. Elle prétend que le hijab opprime les femmes musulmanes, les dégrade et les rend invisibles", a commenté Mohamed Ahmed Moh, président de la CIM. Celui-ci a adressé une lettre de protestation à la conseillère à la Culture, l’une des autorités qui administrent la ville. Après cette dénonciation de la CIM, il y a eu un déferlement de haine contre Zoubida Boughaba sur la toile.

Celle-ci n’a pas pour autant cédé aux intimidations. Elle a animé sa conférence de presse au cours de laquelle elle a présenté son ouvrage devant un auditoire à Melilla, sans le moindre incident. Seulement, l’écrivaine "reste particulièrement touchée par le mouvement de haine dont elle a été victime".

"Je suis choquée de voir autant de haine gratuite. Je ne suis ni islamophobe, ni contre le hijab. De par mon travail de médiatrice interculturelle, et de collaboratrice avec la Croix-Rouge, je passe mon temps à faire de la médiation, pour permettre à des femmes voilées de trouver un travail, ou d’être acceptées telles qu’elles sont dans la société espagnole", a confié à Le360, Zoubida Boughaba. Elle a littéralement balayé du revers de la main les accusations contre sa personne.

"Il est étonnant de voir que la liberté d’expression est plus ouverte au Maroc qu’à Melilla, ville soi-disant européenne", s’indigne l’écrivaine. Elle avait présenté son livre lors de plusieurs conférences à Rabat, à Marrakech, ou encore à Al Hoceima.

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