Mohamed VI-Bouteflika au sommet 5+5 : un espoir d’avancée pour le Maghreb

1er décembre 2003 - 11h25 - Monde - Ecrit par :

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohamed VI du Maroc devraient se rencontrer pour la première fois en Afrique du Nord, lors du sommet 5+5 après l’échec en juin 2002 d’un sommet de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) paralysée depuis près de dix ans en raison du conflit sur le Sahara.

La France et la Tunisie sont à même de faciliter le rapprochement entre les dirigeants algérien et marocain, avait déclaré l’ambassadeur de France à Tunis, Yves Aubin de la Messuzière, interrogé par la presse.

"Tout le monde souhaite avec ardeur une solution réaliste et durable au dossier du Sahara, qui constitue un frein à la construction du Maghreb", avait-il ajouté.

Mohamed VI et Abdelaziz BoutefliKa s’étaient seulement côtoyés lors des obsèques du roi Hassan II en juillet 1999 à Rabat, mais n’ont jamais eu l’occasion de s’asseoir autour d’une même table, la dernière réunion du conseil de la présidence de l’UMA remontant à 1994, bien avant leur accession au pouvoir.

Leur rencontre prévue en marge du sommet 5+5 les 5 et 6 décembre à Tunis sera donc une première en Afrique du nord, l’enjeu étant d’ouvrir la voie à un espoir d’avancée pour l’Union du Maghreb.

Si elle réussit à aplanir les différends entre Alger et Rabat, cette rencontre permettrait un redémarrage de l’UMA et aboutirait à la réouverture de la frontière terrestre entre l’Algérie et le Maroc.

Les tentatives engagées par Rabat pour la réouverture de la frontière fermée en 1994 après un attentat à Marrakech (2 tués) attribué aux services algériens, ont été infructueuses, Alger liant cette décision à l’examen de l’ensemble des relations algéro-marocaines, note-t-on à Rabat.

Aussi la dernière tentative d’organiser un sommet maghrébin en juin 2002 à Alger a-t-elle buté sur le contentieux algéro-marocain qui hypothèque les souhaits d’intégration au sein de l’UMA, un ensemble fondé par l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie par le Traité de Marrakech le 17 février 1989.

Sans entente entre Alger et Rabat le projet d’un Maghreb prospère, sans frontières et sans visas demeurera "un objectif stratégique" pour les gouvernements et "un rêve frustré" pour les peuples, note un observateur politique à Tunis.

L’Algérie et le Maroc sont étroitement impliqués dans le conflit du Sahara, une ancienne colonie espagnole de 266.000 km2, annexée par le Maroc en 1995 et revendiquée par le Front Polisario, avec le soutien de l’Algérie, interressé par une ouverture stratégique sur l’Atlantique.

Un cinquième plan de règlement de l’ONU prévoyant de fixer le statut définitif du Sahara par référendum d’ici cinq ans a été rejeté par le Maroc, le Polisario et l’Algérie y étant favorables.

Les tentatives de la Tunisie de mettre "entre parenthèses" l’affaire du Sahara pour favoriser des avancées de l’UMA ont été vouées à l’échec et Rabat, irrité, a fini par demander le gel des structures régionales en 1995.

Les sautes d’humeur de la Libye ont fini par écarter tout espoir de réunir les dirigeants de l’UMA dont la présidence reste assurée par Alger depuis 1994. Un tel sommet est cependant programmé fin décembre à Alger.

L’intégration maghrébine est vivement souhaitée par l’Europe, les bailleurs de fonds et les Etats-Unis dans le contexte de l’économie de marché. Allié du Maroc et de la Tunisie, Washington s’est rapproché de l’Algérie et encourage désormais le contact direct entre Alger et Rabat sur le Sahara.

Mohamed VI et Abdelaziz Bouteflika s’étaient rencontrés à New York, en marge de l’Assemblée genérale de l’Onu en septembre dernier, des responsables marocains notant alors "ce n’est pas à l’Onu, mais bien avec l’Algérie, qu’une solution au conflit du Sahara pourrait être dégagée".

AFP / Courrier International

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