Le Maroc veut saisir l’occasion de l’organisation de la coupe du monde 2030 pour moderniser le secteur des transports dans son ensemble, notamment les autoroutes.
Le gouvernement marocain nommé hier s’inscrit dans la continuité, avec une forte emprise royale.
A deux reprises, la cérémonie d’adieu du gouvernement sortant avait été remise.
Et la presse marocaine ne s’était pas privée de manifester son impatience face à un « processus qui s’éternise » et au black-out entourant les tractations. C’est finalement hier que le roi Mohammed VI a nommé le nouveau cabinet dirigé par le Premier Ministre Driss Jetou, plus d’un mois après les législatives du 27 Septembre.
Composé de 37 ministres et secrétaires d’Etat, dont trois femmes, le premier gouvernement du règne de Mohammed VI reproduit largement l’ancienne coalition − y compris dans son aspect pléthorique − sans prendre en compte la nouveauté du scrutin : la percée des islamistes « légaux » du PJD, arrivés en troisième position. Absents du gouvernement, ils constitueront la première force d’opposition au Parlement. Le roi aurait d’ailleurs hésité avant de trancher sur cette question. Valait-il mieux « mouiller » le PJD dans la gestion quotidienne, quitte à inquiéter les investisseurs étrangers, voire mécontenter Washington, plutôt que le laisser « prospérer » dans l’opposition ?
C’est finalement l’ancien duo dominant, formé des socialistes de l’USFP et des nationalistes de l’Istiqlal, qui a été reconduit, cette fois sur un pied d’égalité avec huit ministères chacun. Et ce même si l’USFP peut se targuer d’avoir conservé deux postes clés − Economie et Aménagement du territoire − et d’en avoir obtenu un très important, la Justice, après avoir menacé de ne pas participer au cabinet. Continuité aussi avec la reconduction de trois formations de l’ancienne coalition : le RNI (centre droit) ; le MNP (berbère) et la PPS (ex-communistes). Seul remplacement notable : celui du très contesté ministre de Habbous (Affaires islamiques) qui se voyait reprocher son laxisme à l’égard des intégristes.
Cette « continuité » ne vas pas sans une forte emprise royale. Elle s’exprimait déjà par la désignation d’un Premier ministre, Driss Jetou, homme de confiance de Mohammed VI. Certes, le nombre de ministères de souveraineté − nommés par le roi − n’a pas augmenté, alors qu’on prêtait au palais la volonté d’y ajouter les Finances. Mais deux très proches du roi deviennent ministres délégués : Taieb Fassi Fihri (Affaires étrangères) et Fouad Ali Himma (Intérieur).
Formé après des négociations laborieuses, ce cabinet risque d’être moins bien accueilli que le Premier ministre, un gestionnaire de 57 ans choisi par « M6 » hors des partis. Si certains d’entre eux avaient protesté contre sa désignation, celle-ci marquait néanmoins une volonté de privilégier l’économie, Jettou ayant été ministre du Commerce ou des Finances, après avoir dirigé plusieurs sociétés, dont l’office chérifien des phosphates, la plus grande entreprise publique du royaume. Péchant sans doute par la volonté de satisfaire tout le monde, l’équipe nommée hier risque de refléter surtout la volonté de la monarchie de s’impliquer directement dans la gestion des affaires publiques. Non sans faire un geste éminemment politique, lié à l’interminable conflit du Sahara : le ministère de la Santé a été confié à un sahraoui, frère de l’un des dirigeants du Front Polisario…
José Garçon
Libération du 8/10/02
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