MRE : Lobbying pour une participation politique

6 octobre 2005 - 09h23 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

A l’approche des échéances électorales de 2007, le débat sur la participation politique des Marocains résidant à l’étranger (MRE) refait surface. Après le grand acquis de la nationalité, qui désormais peut être transmise par la femme marocaine mariée à un étranger à ses enfants, les MRE aspirent aujourd’hui à être présents sur l’échiquier politique. Ils comptent beaucoup sur une nouvelle volonté royale. Ce qui en dit long sur la complexité des autres voies de négociations, notamment avec les partis politiques.

Les 2,5 millions de MRE, ces grands pourvoyeurs de devises qui participent à l’économie marocaine, n’en demandent pas moins pour la politique. A moins de deux mois du grand débat sur la question qui sera tenu au Parlement en octobre prochain, le Congrès mondial des citoyens d’origine marocaine (Congress), qui est une ONG de droit belge créée en 2001, apporte les dernières retouches à sa copie. Les tournées et contacts, qu’il effectue actuellement au Maroc, coïncident avec la journée nationale du migrant célébrée hier mercredi 10 août.

L’objectif du Congress est d’arriver à un consensus sur la manière dont les MRE devront prendre part à la vie politique marocaine. Difficile, dans la mesure où la plupart des partis politiques n’ont pas de propositions claires sur le sujetA part le parti de l’Istiqlal qui a une commission dédiée à cet effet et le PJD qui effectue des tournées en Europe pour recruter de nouveaux adhérents MRE, le reste des compositions politiques met la question à l’arrière-plan. C’est pour cette raison que le Congress se focalise d’abord sur la mise en place de ce qu’il appelle le Conseil supérieur de l’émigration (CSE). “Une structure où des représentants des communautés marocaines à l’étranger, des partis politiques marocains, des syndicats, du gouvernement et de la société civile devront siéger”, indique Saïd Charchira, président du Congress. Préambule à une réelle représentativité politique, cette institution devrait jouer le rôle d’un espace de dialogue entre les deux rives. Surtout en cette période de recrudescence des actes de terrorisme impliquant des suspects d’origine marocaine. Le Congress, comme d’autres ONG de MRE, compte beaucoup sur cette instance qui devra, selon Charchira, combler des lacunes quant à la place de l’Islam dans les sociétés d’accueil. Le projet a déjà été présenté en août 2004 à Nouzha Chekrouni, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires Etrangère et de la Coopération, chargée des Marocains résidant à l’étranger. Aujourd’hui, les responsables de cette ONG multiplient les contacts avec les chefs de partis et de syndicats.

Selon Mohamed Mraizika, responsable au Congress et président du Conseil régional (île-de-France) des associations de parents d’élèves marocains, “la priorité aujourd’hui en France et en Europe en général est l’éducation”. Cette nouvelle approche ambitionne de donner une nouvelle image sur la communauté musulmane marocaine par le biais d’un meilleur enseignement des principes de tolérance et de cohabitation de l’Islam. Ce n’est que de cette manière que les Marocains peuvent être une force de proposition dans le grand débat sur “l’Islam de France ou l’Islam en France”. L’Hexagone s’est déjà fixée sur une stratégie qui justement privilégie l’éducation en prévoyant des facultés qui enseigneront les préceptes de la religion musulmane. Une mesure parmi d’autres, qui devront répondre aux besoins pressants en imams qualifiés qui maîtrisent leur sujet. En effet, un grand nombre de prédicateurs en Europe s’expriment volontiers sur les problèmes quotidiens de la communauté sans référence valable aux vrais principes de l’Islam. Ce qui crée une mauvaise compréhension, surtout chez la troisième génération qui souffre du grand handicap de la langue arabe, mais aussi du peu d’espace d’expression qu’on lui offre au bled.


Logique pécuniaire

LE bilan que la communauté marocaine à l’étranger fait de l’action du ministère chargé des MRE est faible. Certes, les Marocains d’ailleurs sont de plus en plus présents dans les discours, mais ils attendent toujours des actions concrètes. Les responsables des associations de MRE, dont le Congress, revendiquent une approche basée sur la sociologie politique. Celle-ci est, à leurs yeux, seule en mesure de retracer l’histoire politique des communautés marocaines à l’étranger. Aujourd’hui 14 Marocains sont élus dans les communes et régions de Belgique en plus d’un ministre à la Femme et au Social, 160 élus dans les communes de France, 2 Marocains sont dans le Parlement européen et dernièrement, après les élections de mai dernier en Grande-Bretagne, un Marocain a été élu au Parlement britannique. Il est donc aberrant que les MRE ne soient pas représentés dans les instances politiques de leur propre pays. Finalement, ils ont raison de contester la logique purement pécuniaire avec laquelle ils sont considérés au Maroc.

L’Economiste

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