"Dans ma tête, j’avais déjà la nationalité française"

10 décembre 2008 - 16h33 - France - Ecrit par : L.A

Kader et Zohra ont été invités lundi soir à la mairie de Lambersart pour la « cérémonie d’accueil dans la citoyenneté française ». Pour ce couple d’origine marocaine, qui vit à Lambersart depuis 16 ans, demander la nationalité française était comme une évidence.

Zohra, 43 ans, est la plus volubile. Dans son appartement du Pacot-Vandracq, où les meubles européens et marocains cohabitent avec goût, elle s’exprime dans un français parfait. Son mari Kader, de onze années son aîné, a un accent plus prononcé. « Normal, il est arrivé plus tard en France. Moi j’avais 12 ans », justifie Zohra. Par discrétion, et à la demande d’un de leur fils (« Ce serait mal vu dans le quartier »), tous deux préfèreront ne pas donner leur nom de famille dans le journal. Et seul Kader posera pour la photo, dans le salon familial.

« La nationalité française, je la souhaite depuis l’âge de 18 ans. J’ai fait plusieurs demandes, mais à chaque fois, j’étais confrontée à des paperasses », explique Zohra.

Pour elle et Kader, cette nationalité française, c’est une évidence : « On aime aller au Maroc pour les vacances, mais on est contents de rentrer ». « Je sais que je ne retournerai pas y vivre, même à la retraite. Qu’est-ce-que j’irai y faire tout seul ? » interroge l’homme, chef d’équipe dans le bâtiment.

« Je connais très peu de choses du Maroc où je suis née. Toute ma famille est ici : ma mère, mes frères et soeurs, mes oncles et tantes. On est Marocains. Mais je me sens française, je pense en français, je m’exprime mieux en français qu’en arabe ». L’arabe, la Lambersartoise ne le parle qu’avec ses parentes les plus âgées. Et les trois enfants - deux garçons adolescents et une fillette - ne le parlent pas. « C’est peut-être dommage, mais je n’ai jamais parlé arabe avec eux ».

Les deux Lambersartois ont obtenu la nationalité française en mai dernier. « Je me suis dit " on va pouvoir voter ! " », s’est réjoui Kader. « Ça me manquait à chaque élection », renchérit son épouse. Oui, Zohra était heureuse, le jour où le papier est arrivé.

« Mais en fait, dans ma tête, je l’avais déjà, la nationalité française ! C’était surtout une formalité ».

Petit message de Zohra a l’intention de ceux qui confondent citoyenneté et religion, islam et intégrisme : « Je vis depuis 30 ans à la française, la religion est arrivée après. Le foulard, c’est mon choix. Ce n’est pas mon mari qui me l’impose. Ce n’est pas intégriste. Pourtant, j’ai vu le regard des gens changer quand j’ai commencé à le porter. » Zohra est allée au-devant de ces voisins qui, tout à coup, ne la saluaient plus. « Je leur ai parlé, ils ont compris que Zohra n’avait pas changé avec son foulard ».

Véritablement franco-marocaine, la famille fête en ce moment l’aïd-el-Kebir. Et se prépare à célébrer Noël.

Source : La voix du nord - Isabelle Ellender

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