Nayef Aguerd, la recrue du mercato pour l’Olympique de Marseille ?

Arrivé à l’Olympique de Marseille début septembre, en provenance du club anglais West Ham United, dans le cadre d’un accord évalué à environ 23 millions d’euros, l’international marocain Nayef Aguerd (55 sélections et deux buts) prend déjà ses marques.

Nayef Aguerd, 29 ans, a marqué le quatrième et dernier but de son équipe à la 93ᵉ minute lors de son premier match avec les Olympiens comptant pour la 4ᵉ journée de championnat contre le FC Lorient (4-0), le 12 septembre. Le 22 septembre 2025, dans le cadre de la 5ᵉ journée, il inscrit le seul but de son premier Clasico contre le Paris Saint-Germain, pour une première victoire de l’OM à domicile en Clasico de championnat depuis novembre 2011. En seulement quelques jours après son recrutement, l’international marocain marque ainsi les esprits. Cela n’étonne guère Nasser Larguet, ancien directeur de l’Académie Mohammed VI à Rabat, qui avait repéré le jeune talent en 2009.

Il est convaincu qu’il va briller à Marseille. « À l’Académie, il avait compris qu’avant d’aller en Europe, jouer quelques saisons au Maroc, dans un bon club, ferait partie de sa progression. Dijon, Rennes, West Ham, la Real Sociedad et désormais l’OM… Il fait les choses dans l’ordre, sans rien précipiter, en réfléchissant. C’est Nayef… ». Jamal Sellami, l’actuel sélectionneur de la Jordanie qu’il a qualifiée pour la Coupe du Monde 2026, et ancien entraîneur de Nayef lors du CHAN 2018 affiche lui aussi son optimisme : « Je pense que Nayef Aguerd va beaucoup apporter à l’OM, qui avait besoin d’un défenseur central expérimenté. Partout où il a joué, il a réussi à s’imposer et il le fera à Marseille ».

Larguet avait remarqué le jeune Nayef lors d’un tournoi réservé aux moins de 12 ans. « Il jouait alors numéro 10, et j’avais flashé sur sa qualité technique, la précision de son pied gauche, son jeu long. On avait convaincu ses parents pour qu’il rejoigne l’Académie en 2009 », explique l’ancien directeur de formation de l’OM, aujourd’hui directeur technique national de l’Arabie Saoudite. Le jeune prodige s’intéresse au poste de défenseur central. « Lors de jeux réduits, il s’était mis à jouer défenseur. Il m’a expliqué qu’il y avait beaucoup de concurrence au milieu et qu’il aurait davantage de chances de faire carrière en évoluant derrière, ce qui lui permettrait aussi de mieux utiliser son jeu long. Il était déjà très mature », ajoute Larguet. Nayef commence à faire éclore son talent. En 2018, il remporte le CHAN à domicile avec le FUS Rabat.

Son profil intéresse Dijon FCO, alors en Ligue 1. « Aguerd évoluait alors au FUS Rabat (Botola Pro, Ligue 1 marocaine), dont l’entraîneur était Walid Regragui », embraye Sébastien Larcier, qui était alors responsable de la cellule recrutement du club bourguignon. « Nous avions l’habitude de suivre le CHAN, et Loïc Chalier, un de nos recruteurs, assistait à celui au Maroc. Il a repéré Nayef, m’en a parlé et j’ai vu des vidéos de ce joueur. J’ai appelé Walid, avec qui j’avais joué au DFCO, et il m’a dit beaucoup de bien de Nayef, que non seulement c’était un bon joueur, avec évidemment une marge de progression, mais aussi un très bon mec, intelligent, cultivé, sympa, bien élevé et bosseur. Bref, il m’a dit d’y aller les yeux fermés », poursuit l’ancien milieu de terrain de Dijon. Le FUS Rabat libère le natif de Kénitra contre un chèque d’environ 1,2 million d’euros. C’est le début de sa première aventure à l’étranger, en Europe.

Doté d’un mental d’acier, il n’a pas eu du mal à s’acclimater. « Un défenseur central gaucher, grand (1,90 m), à l’aise techniquement, c’est un profil recherché. J’ai vu le potentiel, mais aussi le travail qu’il y avait à effectuer avec lui, intervient Olivier Dall’Oglio, alors entraîneur du DFCO. Athlétiquement, il avait besoin de travailler, de faire du renforcement musculaire. Et il avait aussi tendance à trop relancer dans l’axe ». Après deux ans en Côte-d’Or, une trentaine de matchs, quatre buts et une bonne impression générale, tant sportive qu’humaine, le lion de l’Atlas rejoint l’effectif de Rennes en août 2020 contre 5 millions d’euros, « alors qu’il en valait au moins le double », note Larcier, dans un club avec qui il s’apprête à disputer la Ligue des Champions.

Deux ans plus tard, le Stade Rennais le vend 35 millions d’euros aux Hammers de West Ham United. Une très belle opération financière pour le club. En Angleterre, sa carrière sera perturbée à cause de blessures, notamment une cheville quelques jours après son arrivée. « C’est vrai qu’il a régulièrement été sujet aux blessures », constate Dall’Oglio. Mais l’expérience est loin d’être négative : il a remporté la Ligue Europa Conférence en 2023. Prêté, il évoluera à la Real Sociedad, dès août 2024. Il a eu quelques problèmes physiques passagers, mais la saison est globalement convaincante.