Ni putes ni soumises ouvre une antenne au Maroc

20 février 2009 - 10h16 - France - Ecrit par : L.A

C’est une première au Maghreb et dans le monde arabo-musulman : l’association féministe Ni putes ni soumises (NPNS) va ouvrir une antenne à Rabat, au Maroc. La nouvelle devait être annoncée jeudi 19 février, par deux jeunes polytechniciennes marocaines à l’occasion du rallye automobile 4L Trophy, auquel elles participent, et qui se déroule cette année dans le royaume.

Pour l’instant, l’initiative de NPNS ne soulève pas d’enthousiasme. Elle est vue avec circonspection, parfois même hostilité, dans un pays où 62 % des femmes sont analphabètes.

Traduite mot à mot en arabe classique par "La Baghiya La Khaniaâ", l’appellation Ni putes ni Soumises est considérée comme provocante et vulgaire. "Si la raison d’être et les objectifs de NPNS au Maroc sont fondés, le nom, lui, doit être changé. Il est trop choquant", estime Bouthayna Iraqui Houssaini, députée et présidente de l’Association des femmes chefs d’entreprise du Maroc.

"On exporte de France des choses qui sont admises dans leur contexte mais qui, ici, deviennent abjectes", dénonce de son côté Lahcen Daoudi, vice-secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), parti islamiste modéré. Pour cet universitaire, économiste de formation, "cette terminologie est violente", et il aurait fallu "l’adapter au contexte marocain".

A Paris, Siham Habchi, qui a succédé, il y a deux ans, à Fadela Amara à la présidence de NPNS, ne s’émeut pas de toutes ces critiques. "Le nom de Ni putes ni soumises est dur à dire, je le sais. Mais il correspond à une réalité qui est elle-même dure, violente. On ne doit pas gommer la réalité sociale de NPNS, ni ce qu’il y a dessous", explique-t-elle, avant de rappeler le cas de son adjointe à la tête du mouvement, Chahrazad Belayni.

Gravement brûlée en novembre 2005, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), par son ancien petit ami qu’elle refusait d’épouser, Chahrazad Belayni, 21 ans, aujourd’hui vice-présidente de NPNS, est un symbole en France de la lutte contre la violence faite aux femmes, en particulier celles qui sont issues de l’immigration.

"Les mariages forcés, ce problème euro-méditerranéen, et la scolarisation des filles font partie de nos objectifs prioritaires au Maroc", indique Siham Habchi, qui entend lancer, avec NPNS, un "combat féministe populaire" un peu partout dans le monde, au nom de "l’universalité des droits des femmes". Ce combat sera mené "avec les femmes elles-mêmes", et constituera "la meilleure réponse au relativisme culturel en Europe", qui continue, déplore-t-elle, de trouver "des justifications à l’inacceptable".

Créée à Paris en mars 2003 pour dénoncer les violences machistes infligées aux filles dans les banlieues françaises, NPNS compte à présent une quarantaine de comités en France et à l’étranger, notamment en Belgique, en Espagne, aux Pays-Bas et en Suède. Des contacts sont en cours avec l’Algérie, l’Arabie saoudite et l’Afghanistan, via des ONG locales de défense des droits des femmes.

Source : Le Monde - Florence Beaugé

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Mariage forcé - Harcèlement sexuel - Femme marocaine - Ni putes ni soumises

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Harcèlement de rue : ce fléau qui gâche vos vacances au Maroc

Alors qu’il se prépare à accueillir de grands événements sportifs comme la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2025) et le Mondial 2030, le Maroc devient apparemment un terreau fertile du harcèlement sexuel. De quoi ternir son image et mettre à mal son...

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Maroc : une banque ADN pour traquer les criminels

Au Maroc, le ministère de la Justice travaille sur la création d’une banque de données génétiques (ADN) pouvant aider les forces de l’ordre à identifier et à traquer les personnes impliquées dans des affaires de viol, de harcèlement sexuel, d’attentat...

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

Au Maroc, le hijab plébiscité, les excès rejetés

Une enquête menée par la Fondation Menassat pour les recherches et études sociales révèle qu’une majorité de Marocains sont en faveur du port du voile dans l’espace public.

La chanteuse Ibtissam Tiskat dévoile son calvaire

La chanteuse marocaine Ibtissam Tiskat affirme avoir été victime de harcèlement de la part d’une collègue. Il s’agirait de Dounia Batma ou Fadwa El Maliki.