Noor Midelt I : le grand retard d’un projet d’envergure

29 février 2024 - 08h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Alors que le Maroc ambitionne de produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030 contre 37,6 % actuellement, principalement grâce à des investissements dans des centrales solaires et éoliennes, la construction de la centrale Noor Midelt I accuse d’énormes retards. 

La construction de la centrale Noor Midelt I, d’une puissance de 800 MW et d’une valeur de 2 milliards de dollars, qui devait entrer en service cette année, n’a même pas encore commencé après que le ministère de l’Énergie et l’opérateur de réseau ONEE ont rejeté la technologie CSP proposée, ont indiqué à Reuters trois sources proches du projet. En 2019, un consortium dirigé par EDF Renouvelables (France) avait remporté l’appel d’offre international, portant sur la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance du projet. L’une des exigences est de doter la centrale de la technologie photovoltaïque (PV), qui est moins chère, mais a peu de capacité à stocker l’énergie, mais aussi du CSP, qui est plus cher, mais continue d’alimenter le réseau pendant des heures après la tombée de la nuit.

À lire :Énergies renouvelables : une étude met en avant l’énorme potentiel du Maroc

Cependant, après l’attribution du contrat, l’ONEE et le ministère de l’Énergie ont déclaré qu’ils n’accepteraient d’acheter l’électricité que si MASEN (Agence marocaine pour l’énergie durable) abandonnait le CSP pour le photovoltaïque ou passait du stockage d’énergie thermique au sel aux batteries, ont indiqué les mêmes sources. MASEN et le réseau finiront pas signer un accord d’achat d’électricité. Actuellement, des discussions sont toujours en cours entre MASEN et le consortium de développement sur les spécifications technologiques. De son côté, le ministère de l’Énergie a déclaré qu’il « essaye d’être aussi agnostique que possible en matière de technologie » tant que les objectifs de coûts, de durabilité et de sécurité sont maintenus pour éviter des risques excessifs, sans toutefois aborder les problèmes à Noor Midelt.

À lire :Noor Midelt, hydrogène vert : les directives du roi Mohammed VI

La mise en œuvre du projet Noor Midelt I fait suite à la réalisation de la méga-centrale de Noor Ouarzazate (580 MW de puissance solaire installée, mixant solaire thermodynamique (CSP) et photovoltaïque) qui a rencontré des problèmes technologiques qui ont interrompu toute production d’une centrale de 150 MW pendant un an à partir de l’été 2021. Selon l’ONEE, ces problèmes ont poussé MASEN à changer la technologie à Noor Midelt. « Noor Ouarzazate a contribué à placer le Maroc sur la carte mondiale des projets d’énergies renouvelables à grande échelle. Mais à y regarder de plus près, en termes de coûts d’exploitation et de problèmes de maintenance, on constate que la centrale est plutôt un handicap », a déclaré une source proche de Noor Midelt I. Une autre estime : « Avec le recul, Ouarzazate a servi de terrain d’essai pour une technologie CSP immature ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Midelt - Energie - Energie solaire - Noor Midelt

Aller plus loin

Le Maroc compte dépasser 52% de la puissance électrique installée à partir de sources renouvelables

Réduire la consommation d’énergie de 20% d’ici l’horizon 2030, tel est l’objectif du plan marocain pour le développement des énergies renouvelables.

Panne majeure à la centrale solaire de Ouarzazate : 47 millions de dollars de perdus

La centrale Noor III, située dans la région de Ouarzazate, est à l’arrêt suite à une « défaillance technique majeure », laquelle a occasionné une perte de revenus de 47 millions...

Panne de la centrale Noor 3 Ouarzazate : fiasco énergétique ?

En raison de pannes et dysfonctionnements, la société saoudienne « Acwa Power Company » a décidé d’interrompre l’exploitation de la centrale solaire « Noor 3 » à Ouarzazate. Une...

Énergies renouvelables : le Maroc veut fournir l’Europe d’ici 2030

Le Maroc ambitionne d’atteindre l’autonomie énergétique avec la production des énergies renouvelables d’ici 2030 et de vendre l’énergie surproduite à l’Europe qui est à la...

Ces articles devraient vous intéresser :

Un frigo, 100% marocain, écologique et sans électricité

Un réfrigérateur en argile, qui fonctionne sans électricité et peut conserver les aliments pendant 15 jours. C’est l’invention créée il y a quelques années par Rawya Lamhar, une jeune ingénieure marocaine.

Maroc : investissements publics records en 2024

L’investissement public au Maroc devrait s’élever à 335 milliards de dirhams (MMDH) l’année prochaine, d’après la note de présentation du Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un effort qui contribuera à améliorer les conditions de vie des populations.

Les Marocains paieront plus cher l’électricité

Les autorités marocaines ont décidé de relever les taux de TVA appliqués aux tarifs de l’électricité sur la période 2024-2026.

Une feuille de route ambitieuse pour le tourisme marocain

Le Maroc va investir cette année 8 milliards de dirhams dans l’hébergement touristique, ce qui lui permettrait de disposer de 7 700 lits supplémentaires, a déclaré lundi Fatim Zahra-Ammor, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie...

Investissements massifs au Maroc, 76,7 milliards de dirhams, 20 000 emplois

La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.

Le Palace de La Mamounia change de mains

Le géant mondial du phosphate, OCP, est devenu l’actionnaire majoritaire de l’hôtel La Mamounia à la suite de la cession par l’État de sa part dans l’établissement. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la politique de désinvestissement des actifs...

Le Maroc courtise l’argent des MRE, mais ignore leurs revendications politiques

Le récent remaniement ministériel a confirmé le peu d’intérêt du gouvernement pour les revendications de la communauté marocaine établie à l’étranger. Malgré les appels à la création d’un ministère dédié, le gouvernement n’a pas jugé bon de répondre à...

Gazoducs, regazéification et hydrogène vert : les paris du Maroc

Le Maroc travaille à développer les énergies renouvelables pour garantir son indépendance énergétique. Les autorités du royaume ont prévu un plan ambitieux de construction d’oléoducs et de gazoducs pour atteindre cet objectif d’ici 2030.

Du nouveau pour l’usine géante de batteries au Maroc

Le gouvernement marocain vient de signer un mémorandum d’entente avec le groupe sino-européen Gotion High-Tech pour la réalisation d’un projet de mise en place d’un écosystème industriel de production de batteries pour véhicules électriques et de...

Le Maroc mise gros sur les investissements des MRE

Le gouvernement met les bouchées doubles pour attirer les investissements des Marocains résidant à l’étranger (MRE). C’est ce qu’a affirmé Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, lors d’une séance de questions-réponses à la Chambre...