Nouhaila Benzina : un hijab sur le terrain, une révolution hors du terrain

Outre le premier et historique succès du Maroc en coupe du monde féminine qui se déroule en Australie et en Nouvelle-Zélande, ce qui aura également capté l’attention c’est l’entrée en scène de la joueuse Nouhaila Benzina, première joueuse voilée à disputer un match dans la compétition.

Dimanche, l’entrée en scène de Nouhaila Benzina a surpris les amoureux du ballon rond. La défenseure marocaine est devenue la première joueuse à porter le voile à un Mondial. « Il y a des images si saisissantes, si provocantes et si profondes qu’elles changent le monde. Ce week-end, nous avons assisté à l’une de ces images lors de la merveilleuse Coupe du monde de football féminin qui s’est déroulée en Australie : La Marocaine Nouhaila Benzina est entrée sur le terrain contre la Corée du Sud, devenant ainsi la première joueuse à porter un hijab lors d’une Coupe du monde », a commenté Stefano Hatfield, journaliste et rédacteur en chef britannique dans une tribune publiée par le site inews.co.uk.

« Beaucoup de travail a été fait pendant plusieurs années, et il y a eu un résultat positif », avait déclaré la joueuse marocaine à Al-Jazeera bien avant le coup d’envoi de la compétition. Depuis 2014, la FIFA autorise le port du hijab dans les rencontres internationales. « C’était une requête qui venait d’un groupe de pays et d’un groupe de joueuses qui disaient que cela contribuerait au développement du football et ce fut le principal argument qui a poussé l’IFAB – l’organisme qui détermine les lois du jeu – à dire oui », avait souligné à l’époque Jérôme Valcke, l’ancien secrétaire général de la FIFA, dans Le Monde.

Malgré la décision de la FIFA, la question du voile continue de cristalliser des clivages politiques en Occident. En France, le gouvernement d’Elisabeth Borne a affiché sa détermination à interdire le port du voile dans le sport pour le respect de la laïcité. « Ça va empêcher ces femmes, ces citoyennes françaises d’être épanouies sur un terrain et de pouvoir pratiquer le sport qu’elles aiment. C’est très triste d’en arriver là. Elles vont être exclues du football. On est vraiment sur de l’injustice et de l’inégalité », avait réagi la joueuse Lina Boussaha, formée au PSG et exilée en Arabie saoudite pour évoluer sur les terrains avec son voile suite au rejet en juin par le Conseil d’État de la requête des Hijabeuses – un collectif de joueuses musulmanes qui réclament le droit de jouer voilées en compétition. L’article 1ᵉʳ des statuts de la Fédération française de football (FFF) interdit notamment « tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ».