Une nouvelle ville aux portes de Rabat

14 mai 2008 - 23h41 - Economie - Ecrit par : L.A

Le foncier est devenu rare à Rabat. D’où la flambée des prix de l’immobilier. Pour pallier cette situation, plusieurs projets urbanistiques ont été lancés dans la périphérie de la capitale. Mais l’offre n’arrive pas encore à suivre une demande galopante et souvent attisée par une spéculation à toute épreuve. Et le projet d’aménagement et d’ouverture à l’urbanisation du plateau d’Akrach est considéré, dans ce cadre, comme ultime solution. Pour lutter contre la rareté du foncier, mais aussi pour maîtriser le développement urbain durant les prochaines décennies.

D’une superficie de 1.109 ha, le plateau est situé au sud de la capitale surplombant les quartiers de Takaddoum et Youssoufia ainsi que la vallée de Bouregreg. Pour ce faire, les responsables de la ville ont lancé la préparation d’un plan d’aménagement de cette zone. Ce travail a été piloté par l’Agence urbaine de Rabat et adopté en décembre 2006 par le conseil de la ville. « Aujourd’hui, il vient de franchir la dernière étape de son homologation », précise un responsable de l’Agence urbaine de Rabat. En effet, le plan a été validé en mars dernier par la commission centrale. Il sera déposé incessamment via le ministère de l’Habitat au secrétariat général du gouvernement pour examen et publication dans le Bulletin officiel.

Un rapport justificatif a été également établi. « Ce document est destiné aux décideurs pour les éclairer sur les différents scénarios à adopter pour l’aménagement de ce plateau », indique la même source. Le choix n’est pas facile, car le projet présente une situation particulière. Le terrain n’appartient pas au Domaine de l’Etat comme c’est le cas à Hay Ryad ou pour la nouvelle ville de Tamesna. Cette zone est composée de plusieurs parcelles appartenant à des particuliers, dont 20% possèdent plus de 80% de la superficie du plateau. D’où la multiplicité d’approches retenues pour la gestion du projet. En effet, le rapport retient trois options.

La première consiste en un aménagement classique basé sur les lotissements individuels. Cette démarche nécessite des conditions préalables pour une ouverture progressive à l’urbanisation du plateau. Entre autres, on peut retenir la réalisation des voies d’aménagement par la commune urbaine. Mais encore faut-il s’assurer l’adhésion et l’engagement des différents propriétaires pour la réalisation des infrastructures. N’empêche que cette option est porteuse de difficultés au niveau de la maîtrise de la planification des réalisations à même de garantir la cohérence et la qualité du projet dans son ensemble. A cela s’ajoutent les difficultés de mobilisation du financement global nécessaire à l’aménagement et à la réalisation des équipements.

Le deuxième scénario envisagé propose de confier cette mission à un organisme public appelé : Société d’équipement du plateau d’Akrach. Cette expérience a été déjà pratiquée pour les projets de Hay Ryad à Rabat et de Sala El Jadida à Salé. Cette société devrait chapeauter le projet depuis la mobilisation des fonds jusqu’à la valorisation des opérations immobilières, en passant par la réalisation et le suivi des travaux. L’avantage de cette option est d’assurer une valorisation et un phasage maîtrisé du projet avec un respect des objectifs urbanistiques arrêtés. Elle permet également d’assurer une participation équitable des propriétaires aux frais d’équipements. Quant au dernier scénario, il consiste en la création d’une société mixte pour l’aménagement du plateau d’Akrach. L’avantage de cette démarche est de permettre de conjuguer les efforts du secteur public et des opérateurs privés dans le cadre d’un partenariat auquel seront associés les propriétaires par un apport de leurs terrains. Le capital de cette entité sera constitué de deux types d’apports : le foncier et le capital-investissement.

Parmi les autres avantages de ce dernier scénario figure l’opportunité d’éviter les interventions ponctuelle et partielle au gré de la disponibilité et des prix du foncier. Propriétaires et investisseurs auront ainsi une meilleure visibilité pour parer à la spéculation. Selon des sources proches du dossier, c’est Al Omrane qui pilotera ce projet, en partenariat avec les grands propriétaires, qui possèdent 80% des terrains. Cette démarche facilitera la mobilisation des fonds pour réaliser l’aménagement du site dont le coût avoisine les 2 milliards de DH. Ce montant couvrira les travaux de voirie, d’assainissement et de branchement aux réseaux d’eau et d’électricité. Sur le plan urbanistique, le projet apporte une vision prospective pour une nouvelle cité d’une capacité d’accueil de près de 200.000 habitants. En effet la variété des zonages proposée introduit des produits jusque-là inexistants sur le marché, comme des immeubles de grandes hauteurs : jusqu’à R+10 étages. Ce projet permet de doter la capitale d’un grand pôle urbain et commercial avec des infrastructures et des équipements modernes. Mais la réalisation de ce grand chantier a besoin d’une décision de haut niveau, comme c’est le cas pour le projet d’aménagement de la vallée de Bouregreg.

Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Rabat - Bouregreg - Tamesna

Ces articles devraient vous intéresser :

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...

Maroc : quand le rêve de propriété devient inaccessible

Malgré le programme d’aide au logement initié par le gouvernement, de nombreux Marocains éprouvent encore de sérieuses difficultés à acquérir des logements adaptés. Une situation qui soulève des inquiétudes.

Immobilier au Maroc : attention à la TVA

Une nouvelle circulaire a été adressée aux conservateurs de la propriété foncière au sujet du paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) relative aux biens d’investissement.

Airbnb et Booking au Maroc : attention aux impôts

Les contribuables marocains, propriétaires de biens immobiliers, n’ont plus que quelques jours pour déclarer leurs revenus fonciers et payer leurs redevances. À compter du 1ᵉʳ mars, les retardataires subiront la rigueur de la loi.

Le Maroc s’attaque aux fraudeurs de la taxe sur les terrains non bâtis

Face aux dysfonctionnements relevés dans le recouvrement de la Taxe sur les terrains non bâtis (TNB) dans plusieurs communes, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a adressé une circulaire aux walis des régions et aux gouverneurs des provinces...

Taxe sur terrains non bâtis au Maroc : le ministre de l’Intérieur durcit le ton

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a donné des instructions fermes aux gouverneurs des provinces et des préfectures aux fins d’enclencher les procédures de constatation, d’imposition et de recouvrement de la taxe sur les terrains urbains non...

Maroc : une nouvelle taxe sur les locations qui fait mal

La récente instauration d’une taxe de 20 % sur les revenus locatifs des propriétaires bailleurs au Maroc visant à simplifier la fiscalité et à élargir l’assiette de l’impôt va produire un impact négatif sur l’immobilier, plus précisément sur les...

Immobilier au Maroc : des changements pour la cession des biens

Au Maroc, l’administration fiscale a changé les modalités de cession des biens immeubles, afin d’augmenter les rentrées des taxes locales, parent pauvre des recettes du Trésor.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Les MRE dopent le marché immobilier

Malgré l’inflation et les crises successives de ces dernières années, le secteur immobilier marocain s’est redressé en 2024. Ceci, grâce notamment au programme d’aide directe au logement qui a connu un franc succès auprès des Marocains et de la...