Procès à Bobigny : les frères de « Cyborg » jugés, le meurtrier présumé en fuite au Maroc

Alors que le procès des frères de Mohamed, alias « Cyborg », chef charismatique d’un réseau de trafic de drogues à Seine-Saint-Denis se déroule devant le tribunal de Bobigny, le présumé commanditaire et meurtrier de leur aîné est toujours en cavale au Maroc.

Les frères Gacem – El Amin, Yacine, Abel – ainsi qu’une sœur, comparaissent devant le tribunal de Bobigny, durant trois semaines aux côtés de 17 autres prévenus. Les trois membres de la fratrie seraient devenus les gérants du point de deal de la place du 8-Mai-1945, après l’assassinat de leur frère aîné, Mohamed, 35 ans, alias « Cyborg », tué d’une rafale de Kalachnikov en 2019 par quatre tueurs qui s’étaient enfuis à bord d’une Mercedes noire. Il était à la tête d’un florissant business multi-produits – herbe, résine de cannabis, cocaïne – réparti sur trois endroits : la cité Charles-Schmidt, la place du 8-Mai-1945 et la cité Soubise. Son présumé commanditaire ou assassin, El Mehdi Zouhairi, alias « Malsain », chef du point de deal de la cité des Boute-en-Train, est en fuite au Maroc depuis 2019. Visé par un nouveau mandat d’arrêt, il a été condamné par contumace à 10 ans de prison et à une amende colossale de 2 millions d’euros.

Les frères Gacem, leur sœur, ainsi que 17 autres suspects ont été arrêtés au printemps 2023. Lors des perquisitions, les enquêteurs ont procédé à la saisie de 24,6 kg de cannabis, 646 g de cocaïne, 62 960 euros en liquide, des vêtements et de la maroquinerie de luxe, dont un sac Hermès Birkin à 4 000 euros. Chacun des frères jouait un rôle clé dans cette organisation bien structurée. La place du 8-Mai-1945 est présentée comme « le terrain d’Abel ». Yacine, l’autre frère, le superviserait. Quant à El Amin, il blanchirait l’argent de la drogue.

Vêtu d’un t-shirt sobre, Abel, 23 ans, est le premier à se présenter à la barre dans la matinée de mercredi. Il avait été placé en détention en mai 2023 puis sous contrôle judiciaire. Incarcéré à nouveau après son interpellation en possession de 34 kg de cannabis, le benjamin des Gacem ne pourra recouvrer sa liberté qu’en 2029. Selon l’enquête, c’est lui qui s’occupe de la logistique : il recherche les appartements pour stocker la marchandise. « Après la fermeture du point, il transporte la recette en lieu sûr : sa chambre à coucher. Il veille à la sécurité des petites mains et va jusqu’à acheter des marteaux chez Leroy Merlin, que l’on retrouvera place du 8-Mai-1945 », fait savoir Le Parisien. « Ça peut être pour le trafic ou pas », lâche-t-il, évasif.

« Est-ce que vous intervenez dans les comptes (du trafic) avec votre frère ? », interroge le président. « Ça a mal été interprété, il faisait son truc (la cocaïne), je faisais mon truc (le cannabis), évacue Abel. Il n’y avait pas de rapport entre nous. » La procureure enchaîne les questions : « Votre nom de famille n’est pas neutre. Qui est Cyborg ? Votre grand frère ? Il s’est fait assassiner. Pourquoi ? » Abel tente d’éluder les questions :« Bien sûr que j’en ai entendu parler, mais j’étais au lycée, je n’étais pas au courant de ce qui se passait. Après je suis resté un bon moment en Algérie, où mon frère a été enterré. »

Après l’audience de mercredi, Yacine Gacem sera lui à la barre en début de semaine prochaine.