Les promoteurs immobiliers veulent renégocier les impôts dus

13 mai 2008 - 20h59 - Economie - Ecrit par : L.A

« Nous n’avons jamais réclamé d’amnistie fiscale ! », tranche Youssef Ibn Mansour, vice-président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPNI). « L’amnistie fiscale est une mesure législative, qui doit être présentée devant le Parlement. Or, il n’y a aucune raison pour que les promoteurs en bénéficient plus que les représentants de n’importe quel autre secteur économique », poursuit-il.

Un baromètre des prix avant la fin d’année ?

En revanche, les promoteurs ont quand même levé le drapeau blanc, et demandent au fisc de s’attabler avec eux pour discuter de « la possibilité d’effectuer des déclarations fiscales rectificatives, où l’on fait état des possibles erreurs ou omissions contenues dans les déclarations précédentes », explique le vice-président.

Tous les acteurs économiques, qu’il s’agisse d’entreprises ou d’industries, peuvent bénéficier de cette procédure dite de conciliation. « L’idée est de s’asseoir avec l’administration, de présenter un bilan rectificatif, et trouver un terrain d’entente », précise-t-il. Le directeur des Impôts, Noureddine Bensouda, se serait déjà montré ouvert à cette alternative. « Nous faisons aussi circuler un communiqué parmi l’ensemble de nos membres, pour les informer de cette possibilité », poursuit M. Ibn Mansour.

S’il admet que la pratique du « noir » est répandue dans le secteur, le vice-président de la FPNI assure, pourtant, que tous les promoteurs ne le font pas. « Si un promoteur décide de liquider son stock et de pratiquer des prix en dessous de la moyenne d’un quartier donné, ses déclarations de ventes peuvent être inférieures à celle de l’entrepreneur voisin. Ce n’est pas obligatoirement parce qu’il a exigé des paiements en noir, il faut aussi que l’administration puisse le croire », proteste-t-il.

Le hic, c’est justement que le Maroc ne dispose d’aucun instrument de mesure des prix, qui pourrait à l’avenir servir de garde-fou contre la pratique du « noir ». La publication d’un index des prix du marché de l’immobilier par ville et quartiers pourrait servir aussi bien aux promoteurs qu’aux clients et au fisc. C’est justement là-dessus que planche actuellement la fédération qui voudrait bien voir une telle tâche confiée, à moyen terme, à un organisme indépendant. « En attendant, nous allons voir si nous pouvons financer la publication biannuelle de ce baromètre », confie M. Ibn Mansour.

Le défi est de taille car il faudra récolter des données un peu partout, et demander ensuite à des statisticiens de les croiser et de les enrichir avec les données des agences urbaines, des notaires, de la conservation foncière...

Le projet n’est encore qu’au stade de la réflexion, mais étant donné l’urgence de la situation, M. Ibn Mansour aimerait bien pouvoir le mettre sur les rails avant la fin de l’année.

Source : La vie éco - Marie-Hélène Giguère

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Impôts

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : Le secteur de la franchise en danger de mort

La fermeture en série des franchises dans les grandes villes du Maroc inquiète Mohamed el Fane, le président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF). Il appelle l’État à soutenir ce secteur qui se meurt.

Aide au logement : gros succès auprès des MRE

Le programme d’aide directe au logement connait un franc succès depuis son lancement. Au 23 mai 2024, 11 749 personnes ont déjà pu bénéficier de cette aide, sur un total de 73 711 demandes déposées. De nombreux Marocains résidant à l’étranger ont...

L’économie marocaine a-t-elle vraiment profité de l’amnistie fiscale ?

Alors que l’amnistie fiscale visant à régulariser les avoirs liquides non déclarés a entraîné une injection de 60 milliards de dirhams dans le système bancaire marocain, les défis structurels liés à la liquidité bancaire persistent.

Fraude fiscale au Maroc : les médecins et ingénieurs ciblés

La Direction générale des impôts (DGI) traque les médecins et ingénieurs fraudeurs. Ces derniers ont été soumis à des contrôles fiscaux, après que l’administration fiscale a relevé des écarts importants entre les revenus déclarés et les dépenses...

Le fisc marocain fait la chasse aux terrains non bâtis

Les walis et gouverneurs ont reçu des consignes pour accélérer la mise à jour des registres fiscaux relatifs aux terrains urbains non bâtis. Ces instructions font suite à la découverte de cas d’exemptions temporaires indûment accordées à certains...

Airbnb et Booking au Maroc : attention aux impôts

Les contribuables marocains, propriétaires de biens immobiliers, n’ont plus que quelques jours pour déclarer leurs revenus fonciers et payer leurs redevances. À compter du 1ᵉʳ mars, les retardataires subiront la rigueur de la loi.

Maroc : des entreprises dans le viseur du fisc

Dans le cadre de la lutte contre la fraude fiscale, les contrôleurs fiscaux se concentrent sur les petites et moyennes entreprises (PME) situées dans la région de Rabat-Casablanca, en situation de déficit depuis plusieurs années.

Le piège fiscal des maisons de plus de 300 m² que les MRE ignorent souvent

Pour de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE), faire construire une grande maison au pays est un projet de vie. Que ce soit pour y passer les vacances ou envisager un retour définitif, la tentation d’une villa spacieuse est forte.