Immobilier : les promoteurs interpellent l’Intérieur

5 février 2009 - 12h06 - Maroc - Ecrit par : L.A

C’est sur un nouveau front que se déroule la toute dernière bataille des promoteurs immobiliers. La loi des Finances ayant été bouclée il y a plus d’un mois, les discussions d’ordre fiscal ne sont plus d’actualité. Ce sont plutôt les questions relevant de l’administratif qui interpellent en ce début d’année.

Une réunion s’est tenue, il y a quelques jours, entre la FNPI (Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers) et les départements de l’Intérieur et de l’Habitat. Ordre du jour : les difficultés que rencontrent les professionnels en matière de démarches administratives. Un vrai parcours de bataillon pour décrocher les autorisations de construire et les permis d’habiter, notamment pour les R+3 et plus, de l’avis de nombreux opérateurs. « On fait la fête à chaque fois que nous obtenons ces autorisations », ironise l’un d’entre eux. En effet, le référentiel réglementaire qui fixe les contours de l’instruction du dossier pour l’obtention de ces autorisations et cite les membres de la commission qui statue dans le dossier est une circulaire du ministère de l’Intérieur datant de 1985. Car c’est bel et bien le ministère de tutelle qui représente l’autorité urbaine.

Le hic, selon les promoteurs immobiliers, réside dans la composition de ladite commission : la commune, la préfecture, l’Agence urbaine, les services concédés (eau, électricité et assainissement) et la protection civile. Tous doivent donner un avis favorable sur le dossier remis à la commission d’arbitrage pour qu’il soit validé. « Il est difficile de les réunir tous à la date convenue, chose qui retarde l’avancement des projets immobiliers. Il est encore plus difficile de recueillir un avis favorable de tous », explique Youssef Iben Mansour, président de la FNPI. « Il y a trop de mains sur un même volant, ce qui n’est pas sans compliquer la procédure, d’autant plus que l’avis de tous les membres de la commission est décisionnel », ajoute-t-il.

Une suggestion défendue bec et ongles

La proposition de la FNPI va dans le sens de la reconnaissance aux services concédés du pouvoir d’émettre un avis technique. Mieux encore, les membres de cette fédération proposent que les architectes recueillent directement ces avis avant même de déposer la demande d’autorisation.

Une suggestion que la fédération défend bec et ongles depuis quelques semaines auprès de l’administration centrale. « Si les procédures sont allégées, le secteur de l’immobilier n’aura pas à craindre une quelconque crise », assure Youssef Iben Mansour. Et d’expliquer : « le marché de l’immobilier n’est pas exposé à la crise internationale. Les problèmes sont ailleurs. Ils proviennent de la gestion urbaine, de la pénurie du foncier… Bref, ils sont la conséquence de facteurs endogènes et non pas exogènes comme le soutiennent les fausses rumeurs ».

D’autres discussions sont menées avec le ministère de l’Intérieur. Elles portent notamment sur la relation qu’ont les promoteurs immobiliers avec les régies de distribution d’eau, d’électricité et d’assainissement. Ces dernières existent en dehors des villes comme Casablanca, Rabat ou Tanger-Tétouan, où des accords de concession sont conclus avec des entreprises privées et dépendent directement du département de Chakib Benmoussa. « Les procédures ne sont pas les mêmes pour l’ensemble de ces régies. Chacune d’elles applique un référentiel qui lui est propre et cela finit par créer de la confusion. Nous appelons à une uniformisation procédurale et à ce que les coûts soient précisés selon la nature de la prestation », dixit le président de la FNPI.

Une trame contenant toutes les observations vient d’être soumise à la commission tripartite de l’immobilier (FNPI et ministères de l’Habitat et de l’Intérieur). Une résolution du problème devrait aboutir à l’élaboration d’un barème applicable par toutes les régies. « Si ces chantiers aboutissement au cours de cette année, je suis certain que le secteur de l’immobilier connaîtra une croissance sans pareil », rebondit Iben Mansour. La balle est dans le camp de Benmoussa.

Source : Challenge Hebdo - Nabila Fathi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Administration

Ces articles devraient vous intéresser :

Écoles privées au Maroc : hausse des frais et colère des parents

Des écoles privées ont décidé d’augmenter les frais de scolarité à la prochaine rentrée au grand dam des parents d’élèves. Préoccupée, une députée du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) appelle le gouvernement d’Aziz Akhannouch à agir pour empêcher...

Le Maroc manque de main-d’œuvre

Au Maroc, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment et des travaux publics est un problème réel et généralisé qui pourrait produire un impact négatif sur les grands chantiers ouverts dans le cadre des préparatifs de la coupe du monde de...

Investissements des MRE : l’État serre la vis et sanctionne

Suite à une multiplication des plaintes signalant des obstacles d’ordre administratif et judiciaire, le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et les gouverneurs de plusieurs préfectures et provinces, à l’effet de résoudre des dossiers relatifs...

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par rapport à l’année précédente, atteignant un montant de 64 milliards de...

Bonne nouvelle pour les salariés marocains

Les salariés marocains peuvent se frotter les mains. Des mesures fiscales qui leur sont favorables sont consignées dans le projet de loi de finances (PLF-2025).

Aïd El Fitr 2024 : une bonne surprise pour les fonctionnaires marocains ?

La ministre déléguée chargée de la réforme de l’administration et de la transition numérique, Ghita Mezzour, propose au gouvernement de décréter un congé exceptionnel de trois jours au lieu de deux à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr 2024.

Maroc : Des appartements moins chers bientôt disponibles ?

Face à des prix immobiliers et des loyers qui restent élevés au Maroc, le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville vient de proposer plusieurs pistes.

Trop d’impôts au Maroc ?

Au Maroc, alors que la pression fiscale est excessive, les citoyens et les entreprises ne perçoivent pas toujours les effets concrets des prélèvements d’impôts dans l’amélioration des services publics et des infrastructures.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

MRE et fiscalité : que change l’usage du bien immobilier ?

L’imposition d’un bien immobilier situé au Maroc dépend directement de son usage. Pour un Marocain résidant à l’étranger, les conséquences fiscales varient selon que le bien est occupé à titre d’habitation principale, loué, transmis à un proche, ou...