Qui peut prétendre représenter les MRE ?

24 janvier 2007 - 23h46 - Maroc - Ecrit par : L.A

Que se passe-t-il donc dans la « maison » MRE ? D’un côté, le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (CCDH), chargé de présenter une feuille de route au Souverain au mois de juillet 2007 et qui s’attèle à mettre en place une stratégie efficiente (consultations, séminaires,…) pour la mise en place du Conseil Supérieur des Marocains à l’Etranger (CSME), et de l’autre, une diaspora marocaine, installée dans les pays de résidence, qui demeure partagée quant à la conduite et à la finalité de l’initiative royale.

Tout d’abord, il convient de rappeler que le « fourre-tout MRE », voulu ou pas, par les autorités publiques, ne peut faciliter la tâche (ardue) du comité d’expert oeuvrant sous la tutelle du président emblématique du CCDH, Driss Benzekri. « Fourre-tout », car comme son sigle l’indique, toute personne de nationalité marocaine résidente à l’étranger, est concernée par le projet politique porté par le chef de l’Etat qui consiste à assurer une représentativité politique de la diaspora au sein du prochain Conseil Royal dédié aux MRE. Cependant, des disparités non négligeables doivent être prise en compte. Prenons l’exemple standard d’un MRE de deuxième voire de troisième génération, né en France de parents marocains, jouissant de la double nationalité, ayant réalisé sa scolarité et qui occupe, une fonction sociale dans l’Hexagone. Il n’aura pas la même lecture et appréciation de MRE (certains même ignorent l’existence du sigle ?!), que celui qui est natif du Maroc où il a réalisé sa scolarité avant de mettre le cap pour l’Hexagone afin d’y poursuivre ses études supérieures dans l’espoir de régulariser sa situation administrative (avec tout le stress et l’angoisse que cela génèrent) et s’y installer définitivement. Histoires, positionnements, attentes, besoins, revendications, peuvent être diamétralement opposés. D’où les problèmes de communication entre les membres de la communauté MRE qui, parfois, ne fonctionnent pas avec des normatifs communs. En clair, chercheurs et sociologues ne seront pas de trop !

Pour ce qui est de l’exercice de la citoyenneté pleine dans le pays d’origine, les membres de la diaspora pourront remplir leurs devoirs civiques en venant voter au Maroc lors du scrutin législatif qui pourrait se dérouler au mois de juillet prochain. L’occasion pour ceux qui ont programmé de passer leurs vacances durant cette période de se rendre aux urnes. Jusque là, point de remous ou presque…

« La caravane passe et les chiens aboient »

En fait, certaines gens ont manifesté un intérêt certain quant à la nomination (ou à la cooptation) des futurs membres du Haut Conseil Supérieur. Ces mêmes gens sont présidents d’amicales fantômes en quête de légitimité, tant au niveau des pays de résidences qu’à celui du Royaume, ou encore des individus victimes de problèmes identitaires et existentiels qui se cherchent toujours malgré une présence de plus de 30 ans dans les pays d’accueil. Sans oublier, les opportunistes de…dernière heure qui guettent et attendent le moment opportun pour agir et faire valoir à la fois leur marocanité et leur amour charnel voué au pays d’origine. Revenons sur la tenue, au mois de décembre 2006 à Rabat, de la Conférence Al Monadara, organisée par un collectif d’associations basées en Europe, avec l’appui du CCDH et avec le soutien du réseau Marocain Euro-Med ONG, dans le cadre d’un débat transnational sur l’immigration marocaine. Dès le lendemain, des voix se sont élevées à Paris, Strasbourg, Nancy, Bruxelles, Amsterdam… pour dénoncer une mise à l’écart, demander des comptes aux organisateurs sur le choix des associations,…

Aujourd’hui, ces personnes, en qualité de présidents de structures associatives (Plateforme Intercontinentale des MRE à Amsterdam, l’association des parents d’élèves marocains et des mères marocaines de Strasbourg, le collectif des associations d’Alsace et de Lorraine,…), interpellent le CCDH sur l’importance de leur mouvement, de la portée des actions menées, du travail acharné qu’elles mènent au quotidien au profit du Maroc,… En clair, « j’ai pas été choisi et c’est injuste, sachez-le messieurs ».

Jusque là, la démarche est louable, mais ce qui suit, est indigne de citoyens qui se respectent et encore moins d’acteurs associatifs d’ici ou d’ailleurs. Ainsi, dans un courrier adressé au président du CCDH (et qui nous a été également envoyé par l’association française), un collectif d’associations strasbourgeoises y indiquent « qu’un membre du comité d’expert est un ancien amicaliste qui prétend être un spécialiste des questions migratoires marocaines alors qu’ils ne pratique que ‘nikach salounates’ et ignore totalement la réalité et les vrais problèmes de la communauté marocaine à l’étranger… ». Leur participation, leur contribution, au large débat ouvert sur la diaspora marocaine, se résument-elles à des attaques personnelles ? Pour d’autres, elles se contentent de fustiger critiquer à distance, des Hommes qui doivent faire face à une charge de travail qui a fait fuir des responsables politiques depuis plus de 20 ans. Le plus connu demeure Abderrahmane Yousfi, ancien Premier Ministre de l’alternance, qui avait promis de s’attaquer au dossier. On connaît le résultat. D’autres avant lui, ont battu en retraite devant la complexité et l’enjeu.

A en croire certains écrits ou prises de positions, il semblerait que certains ont la solution. Si tel est le cas, ils doivent impérativement se manifester, c’est de l’ordre de l’intérêt général et une manière efficace de montrer à son pays d’origine tout le respect et l’intérêt qu’on lui accorde. A défaut de cela, « la caravane passe et les chiens aboient ».

La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Vote MRE - Elections - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Boom des interventions d’Europ Assistance au Maroc cet été

Le Maroc figure parmi les destinations lointaines très sollicitée chez Europ Assistance. Par ailleurs, le nombre de dossiers médicaux ouverts par la compagnie entre fin juin et fin août, a connu une augmentation de 16% par rapport à la même période en...

Tourisme : le Maroc impressionne

Le Maroc a connu un afflux massif de visiteurs au cours du premier trimestre de 2025, enregistrant une progression des recettes touristiques qui ont atteint près de 24,63 milliards de dirhams (environ 2,5 milliards de dollars), soit une hausse de 2,4 %...

Bonne nouvelle pour les MRE : Importations de meubles usagés désormais libres

Le ministère marocain de l’Industrie et du commerce vient de lever les restrictions à l’importation par les Marcains résidant à l’étranger des meubles en bois, des tapis et autres articles électroménagers usagés.

De nouvelles mesures pour simplifier la vie des MRE

Le Maroc a pris de nouvelles mesures pour simplifier la vie des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il s’agit de la généralisation des systèmes de « Rendez-vous » et du « eTimbre » à l’ensemble des Missions diplomatiques et des Postes consulaires du...

MRE : Du changement pour l’opération Marhaba 2024

Contrairement aux années antérieures, l’opération Marhaba marquant le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au Maroc va démarrer deux jours avant la date habituelle. La coïncidence avec l’Aïd al-Adha oblige.

Les MRE : des acteurs économiques majeurs, oubliés par les institutions

Un récent rapport du Centre Al Hayat met en exergue la contribution significative des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement de leur pays d’origine. Toutefois, ces derniers restent confrontés à des difficultés qui limitent leurs...

Aïd al-Adha : ruée de Marocains vers l’Espagne

Alors que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au Maroc pour y passer les congés de l’Aïd al-Adha, certaines familles marocaines font le chemin inverse.

Le Maroc mise gros sur les investissements des MRE

Le gouvernement met les bouchées doubles pour attirer les investissements des Marocains résidant à l’étranger (MRE). C’est ce qu’a affirmé Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, lors d’une séance de questions-réponses à la Chambre...

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.

Chaos à Tanger Ville : Un seul ferry et des heures d’attente

Le port de Tanger Ville connait une congestion maritime sans précédent ces derniers jours, en raison d’une pénurie de navires de transport maritime entre Tanger Ville et Tarifa en Espagne.