16 novembre 2004 - 07h29 - Monde - Par:
« Trois cents familles d’origine marocaine ont trouvé refuge dans le Gard, dont une centaine à Nîmes. Des personnes qui viennent de Corse », explique Richard Tibérino, adjoint au maire et conseiller général du quartier Pissevin où demeure une grande partie des nouveaux venus. Ils fuient la montée du racisme, qui tend à prendre des proportions inquiétantes.
Ce phénomène d’exode, constaté depuis quatre à cinq ans, s’intensifie depuis un an.
Les plus jeunes d’entre eux ont de la rancoeur, ils sont nés en Corse et auraient souhaité y rester. Ici, ils se considèrent comme des immigrés », expose Mohamed Jaffal, l’un des responsables de l’Amicale des travailleurs et commerçants marocains de la ville, qui s’érige en porte-parole d’une communauté qui n’ose communiquer sur le sujet par peur de représailles.
« Là-bas, on était les Arabes, ici on nous appelle les Corses »
« Ils ne veulent pas parler car ils ont surtout peur qu’on s’en prenne aux Marocains restés en Corse. Quand ils étaient sur l’île, on leur disait : C’est la valise ou le cercueil. Ils ont préféré prendre la valise », complète le militant associatif. Dans la ZUP Pissevin de Nîmes, les langues se délient entre gens de la même communauté, mais rien ne filtre au-delà. Un homme d’une trentaine d’années souhaite exprimer ce qu’il a sur le coeur depuis qu’il a quitté, contraint et forcé, la région qui l’a vu naître. « Je suis arrivé à Nîmes avec ma femme et mes deux enfants après avoir passé les vingt-six premières années de ma vie en Corse. J’y suis né, mon épouse aussi. J’ai été l’un des premiers à prendre le bateau en 1999 à cause de cette montée de la haine contre les Maghrébins. Là-bas, on était les Arabes, ici, on nous appelle les Corses », témoigne Mohamed, sous couvert d’anonymat car ses parents y vivent encore. Il poursuit son récit : « C’est triste à dire, mais pendant plus d’un demi-siècle je me considérais comme un Corse. J’avais des copains qui étaient des Corses pure souche. » J’allais à l’école et je jouais au ballon avec eux. Une jeunesse loin du climat raciste qui règne aujourd’hui. C’est quand j’ai voulu m’installer à mon compte que les choses sont devenues invivables. On m’a signifié que ce n’était pas possible, que j’étais un Arabe ! On a menacé ma famille. Même mes copains d’enfance se sont faits très discrets. C’est cela qui fait le plus mal. » Un de ses amis, originaire de la région bastiaise, a également trouvé refuge à Nîmes. Joint par téléphone, il déclare du bout des lèvres qu’il a un parcours similaire. « Pour avoir ma société, on m’a proposé une association particulière. Je finançais l’entreprise, je travaillais seul et, à la fin du mois, je partageais. Un truc de fou... Dégoûté, j’ai préféré partir. En fait, tant que nos parents travaillaient dur dans les champs et le bâtiment, ça pouvait aller. La seconde génération, qui peut prétendre à des emplois plus valorisants, n’a qu’un seul salut : chercher un emploi en métropole », confie-t-il.
Boris de la Cruz - Le Parisien
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