Ramadan : A l’œil nu ou au télescope ?

3 septembre 2008 - 15h18 - Maroc - Ecrit par : L.A

C’est toujours la même polémique à chaque début de Ramadan, et ceci dure depuis des décennies. Quand démarre-t-il exactement ? Le croissant de lune est-il apparu ? Doit-on donner priorité à des témoignages visuels ou se fier uniquement à des calculs scientifiques ? Ou les deux ?

Autant de questions qui dérangent, et qui jettent un malaise au sein de la communauté musulmane. Un malaise significatif, car l’objet de cette discorde est tout à fait symptomatique de l’état de la Oumma actuelle.

Bruno Etienne, islamologue et professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence, aurait-il raison lorsqu’il déclare « si, même sur un point aussi essentiel, les musulmans n’arrivent pas à se mettre d’accord, alors c’est le début de la fin ». Triste constat, mais terriblement vrai. Et ce constat atteint son paroxysme chez les musulmans d’Europe ou d’Amérique, qui, en fonction de leurs « préférences ou tendances politiques », se retrouvent à jeûner en décalage avec d’autres membres de la communauté bien qu’étant dans le même pays.

Théoriquement, le commandement coranique est clair : « Que celui d’entre vous qui observe la nouvelle lune, qu’il débute son jeûne », dit le Livre saint. Du moins cela concerne les pays où l’Islam est la religion d’Etat, car ceux-ci disposent d’un ministère du culte, et il revient au comité de théologiens et de savants de déterminer, après consultation, le début du jeûne. Pour l’Islam de la diaspora, les communautés musulmanes, vivant dans un même pays, peuvent choisir des dates différentes.

Pour d’autres pays, telle l’Egypte, les théologiens se basent sur des calculs astronomiques et l’observation de la lune, mais les calculs prévalent. « Si certains voient la lune, et que cette information n’est pas corroborée par le calcul, le Ramadan ne peut débuter », souligne Haddach Rachid, imam et théologien au Centre culturel islamique de Belgique. L’Arabie saoudite, comme le Maroc, s’appuie exclusivement sur l’observation de la lune sur son territoire. Raison invoquée : les hommes seraient plus fiables car les calculs nécessitent des instruments qui pourraient faire défaut.

Mais ce n’est que récemment que des astronomes et des informaticiens réputés ont réussi, en conjuguant leurs efforts, à établir des procédures permettant de prédire à l’avance, chaque mois, dans quelles régions du globe les conditions optimales seront réunies pour observer la nouvelle lune. Ainsi, en 1984, un physicien de Malaisie, Mohamed Ilyas, a pu tracer au niveau du globe terrestre une ligne de démarcation, ou ligne de date lunaire, à l’ouest de laquelle le croissant est visible le soir du nouveau mois, alors qu’il ne peut être vu à l’est de cette ligne que le soir suivant.

Paradoxalement, alors que des nations musulmanes à la pointe de la technologie, telle la Malaisie ou l’Indonésie, ont établi avec précision un calendrier prévisionnel déterminant la date de début de jeûne pour telle ou telle partie du globe, d’autres pays musulmans ne l’entendent pas de cette oreille. Cela donne lieu à des situations plutôt cocasses, où l’astronomie et la science sont vite rattrapées par la politique. Ainsi, les musulmans de la côte-est des Etats-Unis, parce qu’ils suivent le calendrier d’Arabie saoudite, se retrouvent à jeûner avant leurs coreligionnaires du Maroc, alors qu’en toute logique scientifique, ils devraient le faire après !

Source : L’Economiste - F. A. A.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Ramadan 2025 - Recherche

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan 2025 au Maroc : alerte sur une explosion des prix

À l’approche du mois sacré du Ramadan, la Fédération marocaine des droits des consommateurs s’inquiète de la stabilité du marché intérieur et appelle à des mesures urgentes pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens, notamment les plus modestes.

Voici la date du début du ramadan en France

Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) a annoncé il y a quelques jours la date du début du mois de ramadan en France, selon des critères adoptés en 2013.

Une campagne pousse les jeunes Marocains à prier

De jeunes Marocains ont lancé une campagne numérique pour inciter leur génération à cultiver une vie de prière, soulignant l’importance de celle-ci dans la pratique de leur foi musulmane.

Aid Al Fitr au Maroc : mercredi ou jeudi ?

Les calculs astronomiques prévoient la célébration de l’Aïd Al fitr au Maroc le mercredi 10 avril 2024, comme de nombreux pays arabes et européens, mais l’observation de la lune reste pour l’instant l’option privilégiée par les autorités religieuses...

Maroc : la date de l’Aïd Al Fitr connue

Considérant que le jeûne de Ramadan durera 29 jours cette année selon les calculs astronomiques, l’Aïd Al Fitr 2024 sera célébrée au Maroc le mercredi 10 avril.

Nora Fatehi convertie au Christianisme ?

L’artiste marocaine Nora Fatehi a déclenché une vague de réactions sur Instagram après avoir publié un extrait vidéo la montrant portant un collier avec une croix.

Agression sauvage d’une femme voilée dans un magasin LiDL à Marignane

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) réagit à « l’agression raciste et antimusulmane dont a été victime une femme de 42 ans en situation de handicap, portant un voile et récemment affaiblie par un traitement de chimiothérapie. » L’organisation...

Officiel : l’Aid Al Fitr célébré mercredi 10 avril au Maroc

Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a annoncé ce mardi soir, après la prière d’Al Maghrib, l’observation du croissant lunaire annonçant le début du mois de Chaoual 1445 H. C’est donc officiel, l’Aïd Al Fitr 1445 sera célébré demain...

Étonnante découverte de fossiles de dinosaures au Maroc

Des fossiles d’abelisauridae, des dinosaures parents éloignés des tyrannosaures, ont été découverts au Maroc, ce qui relance le débat, ouvert depuis plus de 200 ans, sur l’extinction des dinosaures de la surface de la terre.

Les Marocains fêteront-ils l’Aid Al-Adha cette année ?

Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), dément les rumeurs selon lesquelles le cheptel national en ovins et caprins serait « très en deçà » de la demande pour l’Aïd Al-Adha 2025.